L'œil du pro : faut-il s'inquiéter pour la croissance émergente ?

14/06/2012 - 10:30 - Sicavonline (mis à jour le : 03/03/2015 - 18:26)

La croissance émergente a perdu de son lustre, et les derniers chiffres macro-économiques en provenance de Chine ont cruellement confirmé cette impression ces derniers mois. Alors que la croissance américaine reste molle et que la zone euro cultive sa déprime, le ralentissement chinois, symbolique de celui de l'ensemble de la zone émergente, n'est pas à prendre à la légère. Faut-il pour autant s'alarmer ? Vincent Strauss, président de Comgest, répond sur le plateau de Sicavonline.


Les pays émergents ont moins le vent en poupe, et le plus emblématique d'entre eux, la Chine ne peut que constater le ralentissement de son économie.

La Chine au ralenti

Après avoir enregistré une croissance de 10,4 % en 2010, de 9,3 % en 2011, Pékin doit composer avec une décélération incontestable de son activité. Les exportations ont ainsi fortement décéléré. Elles n'ont augmenté que de 6,9 % sur un an, quand elles croissaient encore de 20,3 % en 2011 et de 31,1 % en 2010. Conséquence : la banque mondiale ne table plus que sur une progression de 8,2 % du PIB de la République Populaire en 2012, et selon toute vraisemblance, ce chiffre pourrait être révisé en baisse, un certain nombre d'économistes n'hésitant pas à pronostiquer une croissance de seulement 7,5 %. Signe des craintes de Pékin, la banque centrale chinoise a décidé d'abaisser ses taux directeurs de 25 points de base, à 3,25% pour les taux des dépôts et à 6,31% pour les taux de crédit. Et d'aucuns de commencer à se demander si le pire n'est pas à venir surtout dans l'hypothèse où la crise de la zone euro se prolongerait. « L'Europe est le premier client des entreprises chinoises» rappelle Vincent Strauss, le président de Comgest, et cette exposition au Vieux Continent n'est pas sans soulever quelques inquiétudes vis-à-vis d'une économie tournée vers les exportations, où « la consommation des ménages est beaucoup trop faible rapportée au PIB (NDLR : 36% de la richesse nationale en 2011). » Faut-il dans ces conditions redouter que le ralentissement de la Chine et des autres grandes nations émergentes s'enveniment ?

Une économie chinoise "dirigée"

Vincent Strauss ne compte pas parmi ceux qui ajoutent foi à un tel scénario catastrophe : « Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. La croissance chinoise est un peu plus faible que ce que souhaite Pékin, mais il est certain que les autorités chinoises veulent de la croissance. » Et elles feront tout pour en avoir, selon le patron de Comgest, qui rappelle que « l'économie chinoise n'est pas encore une économie de marché mais une économie commandée » dans laquelle le Parti communiste est décideur.

Le consommateur américain au soutien grâce au gaz de schiste

Le gérant de Magellan estime au reste que la Chine et, partant, le monde émergent peuvent plus que jamais s'appuyer sur le consommateur américain. Ce dernier recouvre des marges de manœuvre pour ses dépenses grâce à la politique énergétique de l'Oncle Sam. « Les Etats-Unis ont choisi d'avoir une production de gaz de schiste, » détaille Vincent Strauss, « ce qui a entraîné un tassement des prix de l'énergie, et notamment ceux des énergies fossiles en Amérique. Le consommateur américain a été en quelque sorte soulagé d'un impôt sur l'énergie, et cet argent qu'il peut épargner, il peut le re-dépenser. Il s'agit d'un gisement de croissance important pour l'économie mondiale, » et, pour le monde émergent. Reste que les meilleurs véhicules pour capter la croissance émergente, ne sont pas forcément des sociétés locales. De l'aveu même du président de Comgest, le partage de la valeur ajoutée devient dans l'univers émergent, notamment en Chine, moins favorable aux entreprises qu'aux consommateurs. « Il faut donc capter la croissance directement dans les pays émergents mais aussi au travers de sociétés cotées dans les pays développés. » Pour découvrir l'analyse de Vincent Strauss (Comgest), cliquez sur la vidéo ci-dessus.

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.