RENAULT veut accélérer l'internationalisation de ses ventes

27/06/2012 - 09:01 - Option Finance

(AOF) - A l'image de l'essentiel des multinationales, Renault mise sur les marchés émergents pour alimenter sa croissance alors que l'Europe ne fait plus recette. Lors d'une conférence de presse en Corée, le directeur général délégué de l'ancienne régie, Carlos Tavares, a annoncé que son groupe compte réaliser plus de 50% de ses ventes de véhicules hors d'Europe d'ici l'année prochaine, contre 48% actuellement. Le nouvel objectif évoqué par Carlos Tavares marquerait une accélération de l'internationalisation des ventes de Renault puisque le groupe comptait jusqu'ici atteindre 50% de ses ventes hors d'Europe en 2014, a souligné l'agence Reuters qui a rapporté l'information. Cette évolution est également mécanique en raison de la baisse des ventes du constructeur français en Europe. Elles ont reculé de 13% en rythme annuel le mois dernier, alors que l'ensemble du marché a affiché un repli moins marqué, de 8,7%, selon les chiffres de l'Association des constructeurs européens de l'automobile (ACEA). Pour autant, tout n'est pas rose dans l'Eldorado que représente les émergents. Selon Les Echos du jour, le constructeur automobile français a mis en chômage technique 1 600 de ses 1 800 employés dans une usine en Argentine, paralysant pratiquement la production pendant au moins deux semaines en raison de la baisse de ses ventes au Brésil. L'unité de production fonctionne à seulement 20% de sa capacité, a précisé un syndicaliste cité par le quotidien. Début juin, Renault avait annoncé quelques suspensions de la production dans la même usine, affectée par une baisse des flux commerciaux avec le Brésil, principal partenaire du pays dans le Mercosur, le marché commun régional, a rappelé le journal. Entre janvier et mai, les achats d'automobiles du Brésil chez Renault ont baissé de 30,6%. Renault Argentine exporte 80% de sa production au Brésil.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- Renault se positionne dans les pays asiatiques. Il va doubler ses capacités de production en Corée du sud au travers de sa filiale Renault Samsung Motors. Le marché automobile coréen est très prometteur ; - La cession en octobre 2010 de plus de la moitié de la participation dans Volvo AB a été bien accueillie. Cette opération permet à Renault de réduire son endettement et au marché de revaloriser les autres participations du groupe (44% dans Nissan et 25% dans le Russe AvotVaz).

Les points faibles de la valeur

- Le faux scandale d'espionnage industriel, qui a révélé que les cadres mis en cause dans cette affaire avaient été licenciés sans preuve, a terni l'image de la direction ; - La démission, suite à cette affaire, de Patrick Pélata, numéro 2 du groupe et l'un des artisans du plan stratégique à 3 ans " Drive the change " dévoilé en février 2011, est un coup dur pour le constructeur ; - L'absence de nouveaux modèles en 2011 pèse sur les performances en Europe, notamment en France ; - Renault, partenaire de Nissan, est l'un des groupes français qui risque d'être le plus directement impacté par le drame japonais ; - Le projet de voitures électriques est un pari audacieux qui contraste avec l'approche prudente des autres constructeurs. Le groupe y a investi 4 milliards d'euros avec l'objectif de vendre 1,5 million d'unités 100% électriques d'ici 2016.

Comment suivre la valeur

- Les performances du groupe sont étroitement liées aux évolutions du marché automobile européen, et donc à la conjoncture économique. Renault est une valeur cyclique ; - La gamme de Renault devrait être plus fournie à partir de 2012 avec plusieurs lancements prévus ; - La principale priorité du constructeur est d'atteindre un free cash flow positif avec une augmentation des parts de marché dans ses principaux marchés ; - Le nouveau numéro 2 du groupe, Carlos Tavares, devra notamment s'assurer du bon déroulement du plan " Drive the change " qui peut constituer un catalyseur pour la valeur ; - Sur le long terme, le projet de voitures électriques et l'élargissement de l'alliance Nissan-Renault seront les catalyseurs du titre. Le constructeur ambitionne de devenir leader sur le segment des véhicules n'émettant pas de CO[-3]ý. Le groupe développe avec Nissan un projet de voitures électriques. En sautant l'étape de l'hybride pour passer directement au tout-électrique, Renault veut prendre de court ses concurrents ; - Renault n'exclut pas de renforcer sa participation dans le Russe AvotVaz ; - Le programme de cessions immobilières est à suivre car il aura un impact sur la flexibilité financière du groupe.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

Le marché automobile mondial est soumis à de nombreuses alliances, que ce soit entre Daimler et Chrysler, Renault et Volvo, ou Ford et Mazda. Le mariage entre Renault et Nissan a constitué l'une des plus grandes alliances du secteur. Renault détient 43,4% de Nissan et ce dernier détient 15% du groupe français. Dans le cas de Fiat et Chrysler, le constructeur italien possède 58,5% du constructeur américain. L'étape suivante devrait être une fusion. Après avoir multiplié les coopérations techniques simples, PSA Peugeot Citroën va voir le premier constructeur automobile mondial, General Motors (GM), entrer à hauteur de 7% dans son capital. GM deviendra ainsi le deuxième actionnaire principal du groupe français, après la famille, qui détient aujourd'hui 30% des actions et 46% des droits de vote. Sur le plan opérationnel, des synergies importantes sont attendues, mais pas avant un certain temps. Les deux industriels cherchent à partager leurs plates-formes de véhicules, de composants et de modules, et souhaitent créer une société commune, destinée aux achats, pour réaliser des économies d'échelle. FTB/ACT/