DANONE actionnaire majoritaire de la Centrale Laitière du Maroc

28/06/2012 - 08:15 - Option Finance

(AOF) - Danone est deveneu l'actionnaire majoritaire de la Centrale Laitière du Maroc. Le géant de l'agroalimentaire français a en effet porté sa participation dans la Centrale Laitière à 67% en acquérant une partie des actions détenues par la SNI pour un montant de 550 millions d'euros. La Centrale Laitière, dans laquelle Danone est actionnaire à hauteur de 29,2% depuis 2001, est le leader des produits laitiers au Maroc avec près de 60% de parts de marché. Elle y réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 600 millions d'euros sur un marché en forte croissance et possède la plus importante plateforme de distribution du Maroc avec 30 bases logistiques desservant 70 000 points de vente. La marque Danone bénéficie déjà d'une très forte notoriété dans le pays, notamment grâce aux produits Yawmy, Moufid et Activia commercialisés par la Centrale Laitière. Cette opération constitue une étape majeure pour le développement de Danone au Maroc. Elle va lui permettre d'investir davantage sur un marché à fort potentiel et contribuera ainsi à soutenir le développement de la filière laitière locale. L'opération confirme aussi l'intérêt stratégique de Danone pour l'Afrique du Nord. Cette opération est soumise à l'accord des autorités compétentes et sa finalisation devrait avoir lieu d'ici à la fin de l'année 2012. La participation majoritaire permettra à Danone d'intégrer la Centrale Laitière dans ses comptes consolidés et l'opération sera relutive sur le bénéfice net par action de Danone dès la première année.

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- Le groupe dispose désormais de 4 marques qui dépassent le seuil des 500 millions d'euros de chiffres d'affaires, contre une seule il y a 5 ans ; - L'un des atouts de Danone réside dans sa capacité d'adaptation très rapide grâce notamment à une structure très décentralisée et la forte culture entrepreneuriale des équipes locales.

Les points faibles de la valeur

- La concurrence des MDD (marques de distributeurs) est forte ; - Danone subit également un ralentissement de la croissance de ses produits laitiers sur ses deux marchés clés que sont les Etats-Unis et la Russie ; - Le groupe doit faire face depuis plusieurs exercices aux prix élevés des matières premières (lait et emballage) ; - 2012 sera un exercice économique difficile pour Danone qui investit aujourd'hui lourdement dans ces process industriels, packagings et développement de la force de vente dans les pays émergents. La tendance devrait rester difficile en 2013 ; - A quoi s'ajoutent l'effondrement de la consommation en Espagne (La France et l'Espagne représentent 20% du CA) et les tensions persistantes sur le prix des matières premières. Du coup, Danone a révisé, mi-juin, à la baisse ses prévisions de marge opérationnelle. Cela a été sensiblement sanctionné, les investisseurs étant habitués jusque-là au statut défensif de la valeur ; - Les difficultés structurelles du pôle Eaux (16% du chiffre d'affaires) se poursuivent ; - Le groupe a essuyé plusieurs échecs ces derniers temps sur les produits laitiers orientés " santé " ; - La concurrence s'intensifie dans les pays émergents : les partenaires de Danone dans ces zones développent progressivement leur propre activité et des marques locales sur leur marché domestique mais également à l'étranger.

Comment suivre la valeur

- Danone est considérée normalement comme une valeur défensive du fait de son activité. Mais le " profit warning " de juin 2012 a jeté un froid ; - Le comportement du consommateur européen au cours des mois d'été sera déterminant et influencera les scénarii des résultats de Danone. - La prime que le marché donnait à Danone face à Nestlé (liée à une croissance organique de Danone supérieure) n'existe plus aujourd'hui ; - Le groupe n'exclut pas des acquisitions de taille modeste dans les divisions médicale, nutrition infantile, ou produits laitiers pour dynamiser sa croissance, notamment dans les pays émergents ; - Avec un flottant de plus de 70% et en l'absence d'un actionnaire de référence, le groupe est potentiellement opéable. Mais depuis l'offensive hostile de Pepsi en 2005, le groupe s'est protégé par un vaste ensemble de mesures dissuasives (droits de vote doubles, vote limité aux AG, autorisation financière en période d'OPA). - Les rumeurs de cession de son pôle Eaux, dont font partie Evian et Badoit, sont récurrentes ; - Les ambitions des américains Pepsi et GMills dans les produits laitiers sont à suivre.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

Le marché des "alicaments", ces aliments qui soignent, est un enjeu crucial. Il constitue encore un marché de niche, avec des ventes mondiales limitées à 6,8 MdEUR. Toutefois, ces ventes devraient être supérieures à 8 MdEUR dès 2013. D'après le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, le secteur est dominé par un géant de la pharmacie, l'Américain Abbott, avec 21% de parts de marché. Il se situe juste devant Nestlé (20%) et Nutricia (20%). Nestlé vient de se doter d'un institut de recherche dédié aux seuls alicaments, avec un budget de 415 MEUR. Son concurrent, PepsiCo, a inauguré en 2010 un institut de recherche sur la nutrition. Quant à Danone, il a racheté le spécialiste néerlandais de l'alimentation clinique Nutricia, le Britannique Complan et l'Américain Medical Nutrition. Les géants de l'agroalimentaire ne sont pas les seuls à être actifs sur ce créneau. Le laboratoire Pfizer a repris le fabricant danois de vitamines Ferrosan. Sanofi a acquis il y a trois ans le leader français des compléments alimentaires, Oenobiol. L'Institut Mérieux a, lui, ouvert une filiale baptisée "Mérieux NutriSciences". FTB/ACT/