VIVENDI : départ de Jean-Bernard Levy

29/06/2012 - 08:53 - Option Finance

(AOF) - Une page se tourne chez Vivendi. Jeudi, le conseil d'administration convoqué à 17h a confirmé le départ de Jean-Bernard Levy, patron du groupe depuis 10 ans. Il est remplacé de façon transitoire par son secrétaire général, Jean-François Dubos. Ce départ s'explique par des divergences stratégiques avec Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi. Ces désaccords sont apparus au grand jour le week-end dernier lors d'un séminaire stratégique. Face à la faiblesse du cours de Bourse, Jean-René Fourtou souhaite réorganiser la structure du groupe en cédant des actifs tandis que de Jean-Bernard Levy serait partisan du statu quo. Le titre a perdu près de 18 % depuis le début de l'année. A la fin avril, il était tombé à son plus bas niveau depuis neuf ans malgré un bénéfice record de 2,9 milliards d'euros en 2011. En outre, la position de Jean-Bernard Lévy à la tête du groupe était jugée fragilisée depuis plusieurs mois en raison notamment des difficultés de SFR, sa principale source de liquidités. En mai, la direction du deuxième opérateur mobile avait indiqué qu'elle étudiait un "projet d'adaptation des structures" de l'entreprise au nouveau contexte du secteur des télécoms créé par l'arrivée de Free, sur le marché français de la téléphonie mobile. Conséquence de ce départ, Michel Combes, qui avait accepté de quitter le poste de numéro deux de Vodafone pour prendre les commandes de l'opérateur français, a renoncé à ce transfert. C'est finalement Stéphane Roussel, directeur des ressources humaines de la maison mère et ex-DRH de SFR, qui est nommé à la tête de SFR.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- Le groupe accroît son exposition aux pays émergents. Les analystes sont très positifs sur les perspectives de croissance du fournisseur d'accès à internet brésilien, GVT, acquis en 2009 ; - Le rachat tant attendu des 44% détenus par Vodafone dans SFR a été annoncé en avril 2011. Cette opération va permettre à l'opérateur mobile d'avoir une situation actionnariale claire, comme ses concurrents ; - Cette opération accélère le recentrage du groupe et devrait permettre une réduction de la décote de holding appliquée en Bourse ;

Les points faibles de la valeur

- L'importante décote du titre traduit le faible attrait d'un portefeuille d'activités ayant peu de synergies entre elles : quatre activités sur six opèrent sur des marchés matures et trois font face à de nouveaux entrants agressifs ; - Les perspectives de l'industrie musicale, pour les activités d'Universal Music Group, restent moroses en raison de facteurs structurels : baisse de la demande de CD, piratage, dégroupage des disques (vente de titres séparés à des prix attractifs), disponibilité des titres en libre accès à travers les plateformes de partage et les réseaux sociaux... - SFR n'a pas su réagir à temps, d'un point de vue marketing et de coût, face à l'arrivée de Free sur le segment " mobile ". Au Maroc, la réglementation des télécommunications est plus contraignante pour sa filiale Maroc Telecom ; - Le poids de la dette a sensiblement augmenté suite à la montée à 100% dans SFR ; - La coupe du dividende et le manque de visibilité sur les cash-flows de SFR et donc sur le dividende des prochaines années viennent fragiliser le statut boursier de rendement du titre ;

Comment suivre la valeur

- L'action est une valeur défensive du fait de la présence de Vivendi dans différents métiers qui lui procurent des revenus récurrents ; - La nomination à la tête de SFR de Michel Combes, qui a une longue expérience de direction générale et dans le secteur des télécoms, est une 1ère étape importante en vue d'une inversion de tendance chez l'opérateur télécoms ; - Le rachat des minoritaires de SFR a été bien accueilli. En revanche, le rachat des minoritaires de Canal+ France, que le marché espérait, n'est plus à l'ordre du jour ; - La stratégie de diversification de Canal+ en dehors de la télévision payante est à suivre ; - Le régime fiscal de Vivendi est également à surveiller. Le groupe a déposé auprès de Bercy une demande pour utiliser jusqu'à fin 2014 le régime du "bénéfice mondial consolidé" (BMC), qui devait en théorie expirer fin 2011. En pratique, le BMC permet d'intégrer fiscalement toutes les filiales détenues à plus de 50% en France et à l'étranger. Cela permet de déduire les pertes des filiales étrangères des bénéfices des filiales les plus rentables, comme SFR.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

La baisse structurelle des ventes de la presse, qui devrait se poursuivre en 2012, a des conséquences sur toute la filière, en particulier sur la distribution. Le système français est partagé entre deux messageries : Presstalis (ex-NMPP) et les Messageries lyonnaises de presse (MLP). Presstalis distribue 75% des volumes en France, dont la totalité de la presse quotidienne nationale, le reste revenant aux MLP. Ces dernières, plutôt centrées sur les magazines, grignotent des parts de marché en proposant des tarifs attractifs. Presstalis rencontre de grandes difficultés. Suite au départ de certains titres de Mondadori France ("Grazia" , "Biba" et "Top Santé") et "Le Point" pour les MLP, il a proposé d'allonger les délais de préavis de transferts de titre. Le CSMP (Conseil supérieur des messageries de presse) a voté une résolution en ce sens. Le CSMP veut également que le coût de distribution de la presse quotidienne nationale, supportée par Presstalis, soit partagé avec les MLP. Le redressement de la distribution de presse dépendra certainement de la capacité des acteurs à s'entendre sur ce point. FTB/ACT/