ALCATEL-LUCENT chute de 12% après l'abandon de son objectif 2012

17/07/2012 - 09:30 - Option Finance

(AOF) - Même si l'abandon par Alcatel-Lucent de son objectif de marge opérationnelle pour 2012 n'est pas vraiment une surprise, l'action de l'équipementier télécoms chute lourdement en Bourse : - 11,73% à 1,001 euro. Ses mauvais résultats du premier trimestre avaient déjà été lourdement sanctionnés. Aujourd'hui, le groupe franco-américain a jeté aux orties son objectif d'une marge d'exploitation ajustée 2012 supérieure à celle de 2011 (3,9%), étant donné sa performance sur les six premiers mois de l'année et l'environnement macro-économique difficile. Cet avertissement n'est pas une surprise pour les investisseurs ; le consensus sur la marge opérationnelle est de 3%. Mais les résultats du deuxième trimestre semblent les avoir déçus. Sur cette période, Alcatel-Lucent prévoit un résultat opérationnel ajusté en perte d'environ 40 millions d'euros avec des revenus de plus de 3,5 milliards d'euros. " Ces chiffres reflètent une bonne progression des ventes par rapport au premier trimestre, au niveau de toutes les régions et de toutes les divisions mais une amélioration moins bonne que prévue du mix ", a précisé la société. " Les actions sur les coûts demeurent toutefois importantes avec une baisse de plus de 100 millions d'euros par rapport au deuxième trimestre 2011 ". Sur la base du carnet de commandes actuel, Alcatel-Lucent anticipe un second semestre plus élevé que le premier semestre. Alcatel-Lucent donnera de plus amples détails sur sa performance du trimestre et sur ses objectifs annuels lors de la présentation de ses résultats du deuxième trimestre 2012, le 26 juillet prochain.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- Alcatel-Lucent conserve un bon potentiel d'innovation avec un budget de R&D parmi les plus élevés du secteur ; - Alcatel est à la pointe de l'innovation sur le segment du routage (" IP ") et gagne constamment des parts de marché sur Cisco. C'est le relais de croissance du groupe ; - La Chine constitue un important relais de croissance. Le groupe est le premier équipementier occidental dans ce pays, via sa coentreprise avec le gouvernement local, Alcatel-Lucent Shanghai Bell.

Les points faibles de la valeur

- Alcatel-Lucent évolue dans une industrie ultra concurrentielle où les prix sont tirés vers le bas, notamment par les équipementiers chinois. Cela pèse sur ses marges et menace sa capacité bénéficiaire ; - Le groupe gère à présent le plus vaste portefeuille d'activités de tous les équipementiers, ce qui constitue un handicap aux yeux de certains analystes ; - La visibilité est faible en Europe mais également aux Etats-Unis, marché où les marges sont les plus élevées en raison de l'absence de concurrence chinoise ; - Le groupe ne cesse d'enregistrer des dépréciations d'actifs depuis sa fusion fin 2006 avec l'Américain Lucent et, en conséquence, des pertes. Cette opération n'a jamais convaincu les investisseurs ; - Les résultats ressortent très souvent inférieurs aux attentes des analystes financiers ; - La situation financière du groupe reste source d'inquiétude. Des rumeurs d'augmentation de capital pèsent régulièrement sur la valeur ; - Aucun dividende n'a été versé depuis 2006, et Alcatel-Lucent n'en a versé que 3 fois depuis 2001. La direction ne peut dire quand l'entreprise pourra en verser à nouveau ; - La valeur est très volatile et reste donc réservée aux investisseurs amateurs de sensations fortes.

Comment suivre la valeur

- Alcatel est considéré comme une valeur " value " ; - Hormis la conjoncture boursière, le rebond du titre dépend du retour à une croissance rentable et à l'assainissement du bilan. - La valeur est très sensible à la parité euro/dollar ainsi qu'à la conjoncture américaine, et ce depuis la fusion entre Alcatel et Lucent ; - Le capital d'Alcatel est très ouvert (flottant supérieur à 90%) avec une part significative d'actionnaires américains ; - Surveiller la santé des opérateurs télécoms est indispensable pour évaluer comment se porte la demande d'infrastructures auprès des équipementiers ; - Les investissements en équipements de télécommunication sont étroitement corrélés à la croissance du PIB ; - L'évolution de l'industrie des composants est également primordiale. Les pénuries influent sur l'activité de l'équipementier ; - Les résultats et perspectives des concurrents directs d'Alcatel, notamment Cisco, peuvent aussi influer sur la valeur ; - Surveiller le développement en Chine, qui représente un enjeu majeur. Le groupe fait aussi régulièrement l'objet de rumeurs de rachat par un groupe chinois ; - L'évolution des parts de marché d'Alcatel-Lucent sur de nouveaux segments porteurs comme l'optique terrestre (via l'offre 100 G), le backhaul (via l'offre Ethernet) et l'accès dans les réseaux mobiles (efforts en 3G et 4G actuellement) est également très suivie.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Equipementiers télécoms

Selon Gartner, l'année 2012 s'annonce plus difficile que 2011. L'institut d'études anticipe une croissance de 7% des ventes mondiales de mobiles et de 39% pour le segment des smartphones. Pour répondre aux besoins des utilisateurs, ces derniers évoluent. La taille des écrans s'accroit pour autoriser des fonctions de plus en plus variées. Les écrans de plus de 10 centimètres se développent, pour répondre notamment aux usages photo, vidéo et au partage d'images sur les réseaux sociaux. Du fait de la palette sans cesse étendue des usages qu'il autorise, le succès du smarpthone n'est pas prêt de se démentir. Le paiement par mobile (m-commerce) devrait s'étendre, élargissant encore l'utilisation du smartphone, qui deviendrait ainsi un portefeuille électronique. Pour séduire une clientèle de plus en plus jeune, les fabricants complètent leurs gammes avec des produits moins couteux, colorés et aux formes arrondies. Ainsi, le cabinet Deloitte prédit une explosion du marché des smartphones à moins de 100 USD. FTB/ACT/