RENAULT : la CFDT s'interroge sur Carlos Ghosn

21/01/2013 - 09:45 - Option Finance

(AOF) - Le numéro un de la CFDT Laurent Berger s'est interrogé sur un éventuel conflit d'intérêt dans lequel serait impliqué le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Le syndicaliste a estimé que le dirigeant pourrait avoir intérêt à privilégier le constructeur nippon au détriment du français. "Carlos Ghosn dirige deux entreprises en même temps, il est neuf fois plus payé par Nissan que par Renault, qui ont quand même des intérêts différents", a en effet déclaré Laurent Berger sur RTL. "Il est quasiment inaccessible, personne ne le voit, personne ne le rencontre quasiment. Il est payé sept fois plus que le PDG de Toyota qui, lui, met son entreprise dans des situations plus performantes", a ajouté le syndicaliste. La stratégie de Renault suscite des doutes en France après l'annonce, la semaine dernière, de la suppression de 7500 postes dans l'Hexagone d'ici 2016. Dans une analyse récente consacrée à Renault, Frédéric Fréry, professeur de stratégie à ESCP Europe soulignait qu'aucun des objectifs officiels annoncés par Carlos Ghosn n'a été atteint. Dans ce cadre, "la capacité de résistance à l'échec stratégique de Carlos Ghosn force le respect", écrit le professeur. Selon lui, la longévité de Carlos Ghosn à la tête du constructeur s'explique certainement par le fait qu'il a su s'imposer aux yeux des actionnaires comme le seul garant de la pérennité de l'alliance avec Nissan, devenue essentielle à la survie du groupe.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- Positionnement en Asie (doublement des capacités de production en Corée du sud) ; - Plan produit dynamique et adapté à la demande locale dans les pays émergents ; - Ouverture du très dynamique marché russe avec la montée programmée au capital d'Avtovaz (40% de part de marché en Russie) ; - Distribution directe aux actionnaires, à partir de 2014, des dividendes issus de ses diverses participations.

Les points faibles de la valeur

- Faible visibilité sur la reprise du marché européen ; - Gamme de produits sous pression et vieillissante dans un marché européen en repli marqué ; - Image de la direction ternie par le faux scandale d'espionnage industriel en 2011 ; - Image brouillée par le succès de la gamme Entry, risque de cannibalisation de la marque Renault par Dacia dans les pays matures ; - Manque d'optimisation de l'alliance avec Nissan et décote implicite appliquée aux 43% détenus dans Nissan ; - Présence de l'Etat français au capital (15%) pouvant entraver les décisions stratégiques ; - Incertitudes sur le succès de la stratégie dans la voiture " toute électrique ".

Comment suivre la valeur

- Image de constructeur " mass market " européen ; - Valeur très cyclique fortement dépendante du marché européen ; - Catalyseur boursier : bon déroulement du plan " Drive the change ", mis en oeuvre initialement par Patrice Pélata, démissionné depuis ; - Catalyseurs à long terme : succès de la stratégie dans les voitures électriques et élargissement de l'alliance Nissan-Renault.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

L'Acea estime que le marché européen devrait se replier de plus de 8% en 2012, à environ 12 millions de véhicules. En France, le Comité des constructeurs français d'automobiles a revu à la baisse ses prévisions pour 2012 : les ventes de voitures particulières devraient reculer de 14% et être inférieures à 1,9 million d'unités, son plus mauvais niveau depuis quinze ans. La situation ne devrait pas s'améliorer en 2013. Dans ce contexte morose, les constructeurs s'adaptent. PSA a mis en place une série de mesures pour réduire ses coûts avec la suppression de 8000 postes en France et la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois. Opel a déjà mis plus de 11.000 salariés au chômage partiel en Allemagne, soit la moitié de ses effectifs dans le pays. FTB/ACT/