Axa révèle le paradoxe de la régulation financière

16/04/2013 - 10:41 - Option Finance

(AOF / Funds) - L'ombre portée de la bulle du crédit qui dévasta l'économie mondiale lorsqu'elle éclata en 2008 est toujours là, lance Eric Chaney, chef économiste de groupe Axa. Les ménages se désendettent, les banques réduisent leurs actifs pour se conformer aux durcissements des ratios réglementaires et les états serrent les ceintures budgétaires. Heurtées par ce triple désendettement, les économies réelles souffrent, l'inverse serait surprenant, souligne l'analyste. Le seul, mais puissant soutien vient de l'augmentation des bilans des banques centrales à des niveaux jamais vus depuis 1945. Cette réalité difficile soulève trois questions : est-ce le moment pour les Etats de réduire leurs dettes? Le remède des banques centrales n'est-il pas pire que mal? Comment banques et assureurs peuvent-ils s'adapter? "Commençant par les Etats, il est de bon ton de fustiger l'austérité comme autodestructrice", lance l'analyste. En réalité, la dette publique n'est une option contra-cyclique que lorsqu'elle est peu élevée, pas lorsqu'elle frôle 100% du PIB. En revanche, si l'austérité est raisonnable, beaucoup dépend de sa mise en oeuvre : il est aussi contreproductif de réduire l'investissement public lorsque celui-ci est déjà bas que d'augmenter des impôts déjà excessifs. Quant aux banques centrales, poursuit l'analyste, leurs politiques quantitatives sont à l'origine des très faibles rendements obligataires et des fortes valorisations des obligations privées. Banquiers et assureurs doivent donc prendre leur parti de taux d'intérêt très bas et du risque d'un retour de l'inflation à moyen terme. Une stratégie appropriée pour ces investisseurs de long terme, serait d'investir en actions. C'est ce que visent les banquiers centraux et, implicitement, ce qui découle de l'analyse faite par les régulateurs lorsqu'ils tiraient les leçons de la bulle de la dette. Et pourtant, la re-régulation financière rend l'investissement en actions si coûteux en capital que cette option est pratiquement écartée. "N'y a-t-il pas là une contradiction flagrante et un obstacle à la reprise mondiale?", conclut Eric Chaney. AUT/MAF