ARCELORMITTAL : renationalisation d'un complexe algérien en vue

10/06/2013 - 11:00 - Option Finance

(AOF) - ArcelorMittal et les nationalisations, une longue et tumultueuse histoire. L'échec du projet de celle du site de Florange (Moselle) fin 2012 a failli amener Arnaud Montebourg, en désaccord avec Matignon, à quitter son poste de ministre du Redressement productif. Celle de son site de Liège apparaît quant à elle bien engagée. Il en est de même concernant le site algérien d'El Hadjar, privatisé en 2001. Réclamée par les syndicats et certains partis politiques, l'opération ne serait même plus qu'une question de jours aux dires de l'ex-secrétaire général du syndicat d'entreprise Smain Kouadria. Ce dernier a participé à l'élaboration de la feuille de route, laquelle a notamment consisté en la signature d'un pré-contrat entre le géant sidérurgique et son partenaire public algérien. Les deux partis s'accordent sur la déception suscitée par la privatisation, qui du point de vue social s'est traduite par une réduction drastique des effectifs sans amélioration des conditions de travail, a déclaré sans ambages M. Kouadria. La gestion sera en conséquence totalement repensée avec l'élaboration d'un plan de développement qui sera "financé par l'apport de 700 millions de dollars d'une banque publique sur la base d'un échéancier et en fonction de la réalisation du plan 2014-2017", relate l'AFP. Au terme dudit plan, le complexe devrait atteindre sa pleine capacité de production, soit 2,2 millions de tonnes d'acier. L'Algérie importe pour 10 milliards de dollars de produits sidérurgiques tous les ans, ce qui correspond à 80% ses besoins en acier. Le complexe d'El Hadjar, lui, n'a produit que 600 000 tonnes d'acier l'an passé, 100 000 de moins que l'objectif du groupe présidé par Lakshmi Mittal...

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Numéro un mondial de la sidérurgie, intervenant en Europe (45 % des ventes), Amériques (39 %) et Afrique-Asie (16 %); - Intégration verticale des activités, de l'extraction à la distribution, ce qui limite la dépendance aux cours des matières premières : aciers plats (32 % des ventes), aciers longs (26 %), produits tubulaires (12 %), négoce (19 %) et mines (6 %) ; - Fortes positions dans les pays émergents, notamment le Brésil et l'Afrique du Sud ; - Capacité à maintenir sa rentabilité d'exploitation malgré la baisse des ventes ; - Statut boursier de pure player depuis la scission de l'activité Acier Inoxydable, cotée en Bourse depuis 2011 sous le nom d'Aperam.

Les points faibles de la valeur

- Surcapacités industrielles en Europe et aux Etats-Unis entraînant des fermetures de sites (Florange en France, Liège en Belgique) ; - Faiblesse de la rentabilité de la branche aciers plats carbone en Europe et dans les Amériques ; - Endettement élevé, aux coûts financiers alourdis par la dégradation de la note crédit, ramenée à la catégorie spéculative par les agences de notation et ce, malgré une augmentation de capital en janvier 2013 ; - Programme de cessions, notamment d'actifs miniers, contraint par l'endettement ; - Forte sensibilité à l'évolution des prix de l'acier, 80 % des ventes s'effectuant au prix " spot " (prix de marché) ; - Baisse du dividende servi au titre de 2012 ; - Valeur proche de ses plus bas historiques.

Comment suivre la valeur

- Forte sensibilité au prix du minerai de fer et à la dynamique de croissance des pays émergents, notamment la Chine et, aussi, aux politiques de protection de l'acier en Europe où fonctionnent seulement 16 des 21 hauts-fourneaux du groupe ; - Politique d'acquisition du groupe menée parfois à des prix élevés, avec un risque sur le rachat de ThyssenKrupp Alabama ; - Poursuite des fermetures de hauts-fourneaux en Europe ; - Stratégie de réduction de la dette qui devra revenir à 17 milliards de dollars à fin juin 2013; - Comptes publiés en dollar ; - Aucun attrait spéculatif : l'entreprise est détenue à 39,35 % par la famille Mittal ; - Protection des actionnaires minoritaires de droit luxembourgeois : seule société du CAC 40 de droit luxembourgeois.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Produits de base - Métaux

Certains experts estiment que les prix des métaux (à l'exception de l'aluminium et du cuivre) devraient rebondir en 2013. Ils se basent sur une croissance de l'économie mondiale tirée par la Chine, l'Inde, et les Etats-Unis, et qui devrait atteindre 3,5%. Le cours du minerai de fer pourrait ainsi gagner 9% en moyenne sur 2013. En attendant, les groupes miniers renouvellent leur direction pour mieux affronter la crise. Ils ont subi une dégradation de leurs résultats, suite à la chute des cours des métaux et à des acquisitions trop chèrement payées. Après les dirigeants de Vale, Anglo American et Rio Tinto, cela a été récemment au tour du patron de BHP Billiton de céder sa place. FTB/ACT/