Il existe plusieurs freins importants à la hausse des taux américains, selon Anaxis Asset Management

14/06/2013 - 10:06 - Option Finance

(AOF / Funds) - Il arrive que l'attention des investisseurs se concentre sur un facteur, souligne Pierre Giai-Levra, président d'Anaxis Asset Management. Incontestablement, l'évolution des taux d'Etat américains est devenue depuis quelques temps la clé d'analyse privilégiée des investisseurs et le critère déterminant de leurs décisions d'allocation, y compris en Europe, précise le gérant. La hausse significative des taux américains (65 points de base sur le 10 ans depuis début mai) a provoqué un important mouvement de rotation dans les portefeuilles. Ce mouvement est lié à une volonté de réduction de l'exposition aux mouvements de taux. Cette situation fait suite à une interprétation particulièrement pessimiste du discours de la Réserve Fédérale américaine, qui a laissé entendre qu'un ralentissement de son programme d'achat d'actifs était envisagé, sans signifier pour autant l'arrêt de sa politique, dite d'assouplissement quantitatif, analyse Pierre Giai-Levra. Malgré le risque que ce mouvement s'auto-entretienne - les ventes de bons du trésor poussant leurs prix à la baisse - il existe plusieurs freins importants à la hausse des taux américains. Certes, la consommation des ménages se porte plutôt bien, ceux-ci compensant la hausse de la fiscalité par une baisse de leur taux d'épargne, encouragés dans ce sens par un effet richesse lié à la hausse des actions et de l'immobilier outre-Atlantique. Cependant, les effets des restrictions budgétaires automatiques désormais en vigueur ne se sont pas encore fait pleinement sentir, par exemple dans le secteur de la défense, décrypte le gérant. Autre point, les chiffres de l'inflation déclinent régulièrement depuis plusieurs mois. Les économistes ne prévoient pas de renversement de cette tendance dans un avenir proche. La réaction des marchés à l'inflexion, somme toute très modérée, du discours de la Réserve Fédérale, semble excessive. Il est peu probable que la politique monétaire américaine change radicalement. L'effet de surprise a sans doute joué un rôle important dans cette réaction. Cependant, il ne faut pas négliger certains facteurs techniques, précise Pierre Giai-Levra. Par exemple, on observe une baisse du volume des achats de bons du trésor américain parmi les marchés émergents, dont les devises se sont dépréciées. Si ce mouvement se poursuit, certains pays pourraient devenir vendeurs dans le but de soutenir leur devise. AUT/ALO