EXCLUSIF AOF : Nicolas Badré, directeur financier de Nexans

25/07/2013 - 16:14 - Option Finance

(AOF) - Nexans (-4,06% de 39,02 euros) a fait état d'un résultat net part du Groupe en perte de 145 millions d'euros au premier semestre, contre un bénéfice de 13 millions un an auparavant. Le chiffre d'affaires, lui, s'est élevé à 2,351 milliards d'euros à cours des métaux non ferreux constants, soit une décroissance organique de 3,4% par rapport au premier semestre 2012. Pour autant, le directeur financier du spécialiste des câbles industriels Nicolas Badré distingue plusieurs motifs d'espoirs et de satisfactions dans cette publication.

L'AGENCE OPTION FINANCE: Quel est votre sentiment général concernant ces résultats du premier semestre

Nicolas Badré

C'est un semestre assez faible, mais somme toute conforme à ce que nous avions annoncé en février dernier. Nous avons observé une baisse de régime au troisième trimestre 2012 en Europe, qui s'est ensuite poursuivie avant de s'étendre à d'autres régions. Nous avons néanmoins constaté une forte hausse séquentielle de 9% entre le premier et le deuxième trimestre de l'exercice en cours, dans toutes les zones et dans tous les métiers. Ce pourcentage ne correspond pas à un rebond saisonnier dit " classique ".

AOF: Nexans a notamment accusé une forte baisse de la demande en Europe, ce qui a entraîné un retrait des ventes de 9,5% par rapport au premier semestre 2012. Pouvez-vous nous apporter des précisions concernant vos perspectives sur le Vieux continent ?

Nicolas Badré

L'environnement global demeure difficile en Europe. Nous sommes dans une stabilité relative, mais à un niveau assez faible. La demande sur les utilities s'est en particulier ralentie sur les deux principaux marchés, c'est-à-dire en France et en Allemagne. Le groupe est toutefois dans de bonnes dynamiques sur les plans aéronautiques et ferroviaires.

AOF: Comment analysez-vous le recul de l'activité en Amérique du Nord ?

Nicolas Badré

Nous sommes aux prises, particulièrement au premier trimestre, avec un ralentissement de la demande de câbles dédiés aux bâtiments industriels au Canada (moindres investissements industriels dans l'ouest du pays après une période de fort développement pour les gaz de schistes et les sables bitumineux etc.). A noter cependant une légère amélioration au second trimestre. Après un premier trimestre de transition vers le partenariat avec Leviton, les premières synergies commerciales ont par ailleurs commencé à porter leurs fruits au 2e trimestre. Nous restons également bien positionnés sur l'Oil&Gas. Les autres activités de câbles industriels ont, elles, été ralenties. Sur le site concerné, l'idée est de développer davantage nos activités aéronautiques dans la région, sur le modèle de notre partenariat avec Airbus outre-atlantique.

AOF: Nexans tire aussi son épingle du jeu en Amérique du Sud. A quoi attribuez-vous votre bonne dynamique dans cette zone ?

Nicolas Badré

Notre dynamique actuelle est bonne en Amérique du Sud, en dépit d'un premier trimestre plutôt " soft " par rapport au premier trimestre 2012. Nous sommes notamment bien orientés au Brésil sur le créneau des câbles de bâtiments. Malgré un contexte macroéconomique difficile, des opportunités industrielles s'offrent par ailleurs à nous dans ce pays qui représente la moitié de notre activité sur le continent. Nexans est également solide au Pérou et, à un degré moindre, au Chili et en Colombie, où le groupe a connu de bonnes surprises. Nous accusons en revanche des pertes en Argentine, essentiellement à cause de restrictions à l'importation sur le cuivre.

AOF: Pouvez-vous nous en dire plus sur votre plan de restructuration ?

Nicolas Badré

Ce plan vise à double la marge opérationnelle d'ici 2015. Nous ambitionnons à la fois de rétablir notre compétitivité, de renforcer nos positions sur les pays émergents et de réduire nos coûts directs et indirects, surtout en Europe. Nous soumettrons aux partenaires sociaux un dossier complet d'ici mi-octobre.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Numéro un mondial de l'industrie du câble, intervenant en Europe pour 56 % des ventes, en Amérique du nord pour 15 %, en Asie-Pacifique pour 13 %, en Amérique du sud pour 9 % et dans le reste du monde pour 7 % ; - Clientèle diversifiée entre la transmission et opérateurs pour 43 %, les distributeurs et installateurs pour 26 % et l'industrie pour 25 % ; - Secteur porté par des tendances de long terme : création ou renouvellement des infrastructures d'énergie, de transports et dans l'industrie des biens d'équipement ; - Recentrage sur des activités à marge plus élevée (câbles spéciaux) et sur des segments porteurs (câbles d'énergie) ; - Situation financière parmi les plus saines de son secteur permettant des acquisitions ciblées -Shandong Yanggu en Chine ; - Présence d'un actionnaire de référence depuis mars 2011 (le chilien Madeco, détenu par la famille Luksic, propriétaire, entre autres, de la société minière Antofagasta) : capacité de financement supplémentaire pour une opération structurante.

Les points faibles de la valeur

- Positionnement sur des marchés très cycliques et en grande partie dans les pays matures, ce qui explique le début poussif de 2013 ; - Problème structurel de flexibilité de l'outil de production des câbles sous-marins, d'adaptation de la division câbles terrestres à la concurrence asiatique et de perte de compétitivité dans les câbles industriels ; - Visibilité de seulement 3 à 6 mois sur 80 % du CA ; - Perte de confiance des investisseurs après les problèmes, début 2012, d'exécution des contrats Haute Tension sous marine (activité normalement la plus rentable et la plus résiliente) puis son " profit warning " fin octobre ; - Risques de sanctions pécuniaires pouvant aller jusqu'à 10% du CA annuel suite aux soupçons, par la Commission Européenne, d'entente dans les activités de câbles haute tension sous-marins (17% du CA de Nexans) entre câblo-opérateurs européens.

Comment suivre la valeur

- Valeur cyclique et donc très sensible à la conjoncture ; - Forte sensibilité aux variations des métaux non ferreux, du cuivre en particulier ; - Présentation d'un plan de restructuration au cours du troisième trimestre 2013 ; - Consolidation sectorielle en ordre de marche pour assurer une meilleure rentabilité des câbliers ; - Redressement de la division haute tension sous-marine dont les effets se verront à partir de 2014 ; - Accélération du développement aux Etats-Unis, avec Amercable acquis en 2012 et l'arrivée en production de l'usine de Caroline spécialisée dans les câbles de haute tension terrestre ; - Vers un renforcement, de 22,5 % à 28 % du capital de l'actionnaire de référence, le chilien Madeco.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Equipementiers télécoms

Les ventes de smartphones devraient dépasser celles d'appareils classiques dès cette année selon une étude du cabinet de recherche IDC. En effet ce dernier estime que 918,6 millions de smartphones devraient être commercialisés cette année, soit 50,1% des ventes totales de téléphones portables. D'ici fin 2017, les ventes de smartphones devraient s'élever à 1,5 milliard d'unités et représenter plus des deux tiers des ventes de téléphones portables. La baisse de leurs prix et le développement des réseaux de téléphonie mobile de quatrième génération (4G) explique notamment le succès de ces téléphones. Alors que jusqu'à présent la demande provenait surtout d'économies matures, elle émane de plus en plus de pays émergents comme la Chine, le Brésil ou l'Inde. FTB/ACT/1