CORR : La valeur du jour à Paris - EADS, très bon semestre grâce à Airbus Commercial

31/07/2013 - 12:26 - Option Finance

(AOF) - Une erreur s'est glissée dans la dépêche consacrée aux résultats semestriels d'EADS. L'action gagnait environ 2,19%, et non 12,19%. Le reste du texte est inchangé. Deuxième plus forte progression du CAC40 (+2,19% à 45,24 euros), EADS surfe sur des résultats semestriels très solides. Le groupe européen d'aéronautique et de défense a ainsi dévoilé avant Bourse d'un résultat net en progression de 31% à 759 millions d'euros, un Ebit avant éléments non récurrents en hausse de 21% à 1,6 milliard d'euros et une augmentation de 6% du chiffre d'affaires à 26,3 milliards d'euros. De quoi légitimer le maintien des prévisions annuelles annoncé par le président exécutif d'EADS Tom Enders, dont des commandes brutes d'avions commerciaux supérieures à 1 000 appareils. Les prises de commandes ont de surcroît fortement augmenté pour s'établir à 96,6 milliards, a aussi rapporté le groupe, dont le carnet de commandes s'élevait au dernier pointage à quelque 634,8 milliards. Rappelons que la division Airbus Commercial avait indiqué début juillet avoir enregistré 758 commandes brutes lors des 6 premiers mois de l'année. L'avionneur européen avait par ailleurs fait état de 722 commandes nettes sur le semestre le 3 juillet dernier pour un objectif annuel d'environ 800 exemplaires, porté par un Salon du Bourget 2013 très prolifique au cours duquel il s'est même offert le luxe de devancer son éternel rival Boeing. Deux appareils en particulier ont séduit les compagnies et autres loueurs : l'A320 NEO (New Engine Option), déclinaison " verte " du moyen-courrier, dont la consommation de kérosène réduite de 15% est d'autant mieux accueillie dans un contexte de hausse des prix du pétrole ; et l'A350, concurrent direct du Boeing 787 " Dreamliner ", lequel enchaîne les incidents depuis plus de 6 mois. Le long-courrier a effectué son vol initial peu avant l'ouverture de la grand-messe de l'aéronautique mondiale et peut lui aussi se prévaloir d'une consommation de carburant réduite. De son côté, le leader mondial Eurocopter a enregistré 167 commandes nettes au premier semestre, 28 de moins qu'il y a un an, et un carnet de commandes évalué à 12,8 milliards contre 12,9 il y a un an. " Eurocopter a pris d'importantes mesures pour favoriser le redressement du Super Puma ", a toutefois souligné EADS dans son communiqué. Un communiqué également marqué par la confirmation d'une réorganisation des activités à compter de janvier prochain. Début 2014, EADS sera rebaptisé " Groupe Airbus ". Outre une nouvelle dénomination, Airbus Military, Astrium et Cassidian vont être regroupés au sein d'une même Division Defence&Space. Avec Airbus (activités avions commerciaux) et Airbus Helicopters (activités hélicoptères civils et militaires), celle-ci sera l'une des 3 de Groupe Airbus. Réagissant à cette publication, CM-CIC a renouvelé sa recommandation Alléger ainsi que son objectif de cours de 34 euros. " Les résultats demeurent beaucoup trop dépendants d'Airbus Commercial ", estime le courtier, selon lequel " nous approchons du haut du cycle dans l'aéronautique civile ". (G.D)

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Numéro un européen et numéro deux mondial de l'industrie aéronautique, spatiale et de défense, né de la fusion en 2000 du français Aerospatiale Matra, de l'espagnol Casa et de l'allemand Dasa ; - Très belles marques : Airbus pour l'aviation commerciale, Eurocopter, leader mondial de construction d'hélicoptères détenu à 46 %, Astrium, leader européen des programmes spatiaux et Cassidian (électronique pour la défense). Sans oublier les participations dans MBDA (37,5 %), Arianespace (30 %) et Dassault Aviation (46 %) ; - Acteur de poids de l'aviation commerciale au travers de sa principale filiale, Airbus. Secteur bénéficiant de fortes barrières à l'entrée et d'un bon " pricing power " ; - Carnet de commandes très élevé, encore renforcé lors du salon du Bourget, avec plus de 800 appareils commandés ; - Forte implantation dans les pays émergents (environ 50 % de l'activité) et auprès des compagnies aériennes de ces pays ; - Trésorerie importante alimentée par les avances sur commandes et le recul des provisions sur l'A380 et l'A350 ; - Retour de la distribution de dividendes et volonté affichée de retourner de la valeur aux actionnaires ; - Hausse sensible du flottant après les désengagements de Lagardère, de Daimler et la réorganisation de l'actionnariat.

Les points faibles de la valeur

- Visibilité et dynamique boursière brouillées par : (i) les cessions de titres à venir en 2013 suite à la sortie programmée de Lagardère et Daimler, et malgré le programme de rachat de 15% du capital ; (ii) l'échec, en octobre 2012, des négociations de fusion des activités de défense avec le britannique BAE ; - Echec suscitant de nouvelles inquiétudes : crédibilité du management, flou sur la stratégie de rééquilibrage des activités civiles (60 % des ventes) et militaires (25 %), recrudescence des interférences des Etats dans la gestion du groupe ; - Activité encore trop dépendante d'Airbus (74 % des revenus et 93 % du carnet de commandes au premier trimestre 2013) ; - Risques persistants d'exécution du programme A350 et problèmes techniques sur l'EC-225 d'Eurocopter ; - Forte exposition aux fluctuations de l'euro/dollar ; - Valeur chère à ses plus hauts historiques.

Comment suivre la valeur

- Performances étroitement liées à la santé des compagnies aériennes, en raison de l'importance de l'aviation civile dans l'activité ; - Redistribution des cartes en cours dans le secteur européen de la Défense malgré l'échec des négociations entre EADS et BAE ; - A terme, risque concurrentiel en raison des ambitions de la Chine dans l'aviation civile et l'espace ; - Annonces de nouvelles commandes lors des salons aéronautiques, notamment ceux du Bourget en juin, en Chine en septembre et à Dubaï en novembre ; - Développement de la production aux Etats-Unis pour étendre la base de coûts en dollars et accroître la compétitivité par rapport à Boeing ; - Reprise ou non du programme d'investissement pour la construction de drones par Cassidian, après l'abandon récent d'Euro Hawk ; - Poursuite du programme de rachat d'actions (encore près de 6 % à racheter) en vue de leur annulation, ce qui est un facteur de soutien des cours ; - Restructuration du capital, réparti depuis juin 2013 entre l'Etat français (11,96 % via la Sogepa), l'état allemand (10,69 % via GZbv) et l'état espagnol (4,12 % via SEPI), réunis par un pacte d'actionnaires.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Aéronautique - Défense

Les équipementiers français pourraient sérieusement pâtir des incidents survenus avec le Boeing 787 Dreamliner. Safran, Thales et Zodiac commercialisent chacun pour plusieurs millions de dollars d'équipements par appareil. Ainsi Safran fournit, entre autres, les freins électriques et le train d'atterrissage, ainsi qu'une partie du réseau électrique. Zodiac fournit, lui, le convertisseur de puissance du système électrique ainsi que de nombreux autres équipements tels que cadres de hublot et fauteuils. Quant à Thales, c'est celui qui est le plus en mauvaise posture car certains de ses équipements semblent être impliqués dans deux des incidents survenus, notamment le feu électrique. Quant à Airbus il risque également de subir le contrecoup : la mise en service de son nouveau long-courrier, l'A350, pourrait être retardée si la procédure de certification des nouveaux avions est désormais rallongée. FTB/AUT/