L'assouplissement monétaire russe se fait sans annonce officielle, selon Jupiter AM

05/08/2013 - 15:06 - Option Finance

(AOF / Funds) - En voyage en Russie, les gérants de Jupiter AM ont été très surpris d'entendre le vice-ministre des Finances annoncer que, selon lui, l'économie était en surchauffe. Avec une croissance de 1,6% au début de cette année, à savoir le plus bas niveau depuis 13 ans (excepté pour 2009), cela ne semblait pas avoir beaucoup de sens. Cependant, celui-ci faisait allusion au fait qu'avec un taux de chômage d'à peine 5,5%, la Russie est au plein emploi. Cette situation génère donc une pression à la hausse sur les salaires, sans les gains de productivité en corollaire. En conséquence, le Ministère des Finances résiste à la pression du Ministère de l'Economie, qui souhaite un assouplissement de la politique budgétaire. A la place, il propose une stratégie consistant à ralentir la hausse des tarifs du gaz, de la distribution d'électricité et des autres industries régulées (annonce récente de Poutine) ; ainsi qu'un contrôle plus étroit des dépenses de l'Etat (après la manne de l'année dernière lorsque le salaire de certains fonctionnaires a doublé) et des dépenses d'infrastructure pour encourager les gains de productivité. La politique en Russie est souvent une affaire de compromis. Alors que la majeure partie de ce plan va probablement être implémentée, certaines mesures pour stimuler la croissance vont tout de même être adoptées : une partie du fonds souverain russe (environ 1% du PIB) sera investie dans les infrastructures, tandis que la banque centrale se prépare à augmenter les maturités des prêts au système bancaire, ce qui va de facto assouplir la politique monétaire, le tout étant accompagné d'autres mesures administratives visant à baisser les coûts de l'emprunt. Bien qu'il n'y ait pas eu d'annonce officielle pour un assouplissement des politiques monétaires et budgétaires tel que le marché l'attendait, celui-ci se matérialise néanmoins dans les faits. Cette évolution devrait stimuler l'économie au second semestre et permettre d'immuniser la Russie contre une potentielle crise de liquidité si la décollecte continuait sur les marchés émergents. Selon le gouvernement, la croissance devrait s'accélérer d'ici la fin de l'année pour atteindre les 3%, bien que cela dépende fortement des retombées du ralentissement de l'économie chinoise et de la fin de l'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis. AUT/MAF