DANONE devra s'acquitter d'une amende de 28 millions de dollars

07/08/2013 - 10:06 - Option Finance

(AOF) - Accusé d'entente sur les prix avec d'autres fournisseurs étrangers parmi lesquels Nestlé, Mead Johnson Nutrition, Abbott Laboratories, Biostime et le producteur néerlandais de la marque Friso Royal Friesland Campina, Danone s'est vu infliger une amende de 28 millions de dollars par les autorités chinoises. Cette décision fait suite à l'ouverture début juillet d'une enquête relative aux prix des laits infantiles de la Commission d'Etat pour le développement et la réforme (NDRC), la plus haute instance de supervision économique de l'Empire du Milieu. A l'instar de Wyeth Nutrition, société rachetée par son homologue suisse l'an passé, le géant français de l'agroalimentaire s'était engagé dès le lancement officiel de l'enquête précitée à diminuer ses tarifs. Une décision motivée par son souhait de conserver sa place sur le marché chinois, au sein duquel les ventes ont grimpé de plus de 16% dans la nutrition infantile lors du premier trimestre. Le groupe dirigé par Franck Riboud a par ailleurs annoncé fin mai un investissement de 325 millions d'euros dans les produits laitiers via la création de deux co-entreprises avec les sociétés chinoises Cofco et Mengniu. Alors que les produits chinois sont quelque peu boudés depuis un scandale de lait frelaté d'envergure nationale qui avait fait au moins 6 victimes en 2008, les fabricants étrangers ont depuis le vent en poupe, représentant près de la moitié des ventes du secteur dans un marché estimé à environ 25 milliards de dollars à l'horizon 2017. Abbott Laboratories, Biostime et Mead Johnson entendent se conformer à la décision de Pékin. Autre groupe sanctionné financièrement par la NDRC, le Néo-zélandais Fonterra, premier exportateur mondial de produits laitiers, a lui aussi indiqué qu'il ne contesterait pas l'amende dont il fait l'objet. Si l'on en croit certains analystes, il n'est pas exclu que ces indemnités s'inscrivent dans le cadre plus large d'un dessein gouvernemental visant à stimuler la consommation de produits laitiers locaux.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Leader mondial de l'industrie alimentaire : premier dans les produits laitiers frais, les eaux embouteillées et la nutrition médicale, deuxième dans la nutrition infantile ; - Structure très décentralisée et forte culture entrepreneuriale des équipes locales conférant innovation et réactivité à la demande des consommateurs ; - Stratégie de long terme visant à simplifier le portefeuille d'activités, à renforcer la visibilité des marques, dont 5 dépassent les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, et à s'implanter durablement dans les pays émergents ; - Bonnes performances en termes de ventes et de rentabilité dans les " MICRUB ", ou six pays prioritaires définis par le groupe -Mexique, Indonésie, Chine, Russie, Etats-Unis et Brésil ; - Dynamisme de la division nutrition infantile (20 % des ventes), à très forte marge, et de la division eaux, grâce aux pays émergents (relance de la marque Mizone en Chine), et redressement fort en Russie (marques Unimilk) et en Amérique (yaourts grecs sous marques Oikos et Greek) ; - Renégociation de l'accord avec le japonais Yakult, détenu à 20 % : Danone ne montera pas dans le capital mais les deux groupes poursuivront leurs joint-ventures commerciales en Inde et au Vietnam ; - L'une des entreprises les mieux notées au monde en terme de " responsabilité sociétale des entreprises ".

Les points faibles de la valeur

- Sensibilité au marasme de la consommation en Europe, supérieure à celle de Nestlé, Heinz ou Unilever. D'où, en 2013, le lancement d'un plan de restructuration sur 26 pays européens, concentré sur le personnel de direction et l'administration, a priori sans fermeture de sites industriels ; - Effet ciseau entre les prix structurellement élevés des matières premières (lait et emballage) et la concurrence des marques de distributeurs ; - Manque de visibilité sur la stratégie à long terme du pôle Eaux d'où des rumeurs récurrentes de cession (marques Evian, Badoit...) ; - Dans les produits laitiers orientés " santé ", difficultés à en faire reconnaître le caractère " médical " par les autorités publiques ; - Concurrence croissante dans les pays émergents de la part d'acteurs locaux ; - Perte du statut de valeur défensive en raison du tassement de la rentabilité opérationnelle, pénalisée à court terme par les investissements dans les process industriels et les forces de vente dans les économies émergentes.

Comment suivre la valeur

- Rénovation des gammes de produits et programme d'économies en Europe à surveiller, afin que le groupe tienne ses objectifs de renouer avec une croissance organique à partir de 2014, ce que laisse anticiper le début d'année ; - Poursuite des acquisitions de taille modeste, notamment dans les pays émergents, en Amérique latine et Afrique du sud probablement après le Maroc ; - Relations avec le groupe laitier chinois Mengniu Dairy avec qui a été créé en mai 2013 une joint-venture ; Danone détient pour l'instant une participation de 4 % dans le capital, participation destinée à augmenter. Pour rappel, Danone a jusqu'à présent eu beaucoup de mal à entrer en Chine : en 2007, un premier accord avec Mengniu avait été bloqué par les autorités chinoises, en 2009, le groupe avait arrêté son partenariat inabouti avec Wahaha ; - Risque de guerre des prix dans le secteur des produits laitiers aux Etats-Unis ; - Société théoriquement opéable, avec un flottant supérieur à 70% sans actionnaire de référence, hors Eurazeo, très minoritaire, mais blocage par le biais de mesures dissuasives (droits de vote doubles, vote limité aux AG, autorisation financière en période d'offre publique...) ;

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

Le secteur est soumis à de nombreux défis. Suite au scandale lié à l'introduction de viande de cheval dans des produits cuisinés étiquetés comme contenant du boeuf, les ventes de plats préparés s'effondrent sur les derniers mois. Cette affaire a impliqué aussi bien Findus que Picard ou Nestlé. A ce facteur négatif s'ajoutent des tensions entre industriels de l'agroalimentaire et distributeurs. Ces derniers réclament aux fabricants des baisses de prix ce qui pénalise les marges des industriels, qui sont confrontés aux prix élevés des matières premières (blé, lait, porc...). Selon l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires) 5000 emplois du secteur sont menacés en 2013. FTB/ACT/