VIVENDI : Jean-René Fourtou réfute une vente prochaine de SFR (presse)

04/10/2013 - 15:32 - Option Finance

(AOF) - Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, Jean-René Fourtou revient aujourd'hui sur les derniers évènements qui ont animé l'actualité du groupe Vivendi dont il préside le conseil de surveillance depuis 2005. Il évoque entre autres choses la vente d'Activision-Blizzard et de Maroc Telecom, ainsi que la scission de SFR. Il justifie notamment cette dernière par les stratégies différentes à mettre en oeuvre dans le domaine des télécommunications et dans celui des contenus. A 15h, le titre Vivendi gagne 2,46% à 17,29 euros, enregistrant la troisième plus forte progression de l'indice CAC 40. " Le groupe n'était plus en croissance depuis 2008 ", rappelle Jean-René Fourtou pour justifier le changement de cap, avant de souligner que le rachat des parts de Vodafone dans SFR avaient à l'époque coûté très cher à Vivendi, ramenant le titre à des niveaux de 2002 avant le départ de Jean-Marie Messier. De plus, " la complexité du groupe le rendait trop difficile à diriger. Il fallait faire quelque chose ". Une nouvelle organisation autour de deux pôles distincts permettra ainsi l'essor des actifs les plus dynamiques, comme la musique et la télévision. Concernant les mésententes avec Vincent Bolloré autour de sa propre succession, Jean-René Fourtou a expliqué que la décision de ce dernier de prendre la tête de Vivendi avait été envisagée puis écartée en raison de l'ampleur de la tâche, difficilement compatible avec ses autres activités. Il a cependant déclaré qu'il aiderait ce "vrai industriel", cet "investisseur qui ne dédaigne pas gagner de l'argent" à lui succéder à la tête du conseil de surveillance. Enfin, concernant une vente probable de SFR aux géants du secteur comme AT&T ou Vodafone, il a déclaré : " Personne ne nous a sollicité pour l'instant. Si cela arrivait, nous dirions non. Ce n'est pas le moment d'envisager une cession ", arguant que " SFR a un potentiel de croissance très important ". Lorsque Le Monde évoque une hypothétique offre de 15 milliards d'euros : " Ce n'est pas assez ! Je parie qu'avant trois ans nous retrouverons la valorisation qui était en vigueur lors du rachat en 2011 des 44 % de SFR détenus par Vodafone. C'est un challenge, mais c'est faisable. ".

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Groupe majoritairement présent en France (58 % de l'activité), contrôlant toute la chaîne de valeur numérique : télécoms (58 % du chiffre d'affaires), médias (42 %, avec Canal +), jeux avec Activision Blizzard et musique avec Universal ; - Numéro un mondial dans les jeux et l'édition musicale et leader français de la télévision payante ; - Fortes positions dans la téléphonie fixe et mobile avec SFR (deuxième français), et les leaders nationaux Maroc Telecom et, au Brésil, GVT ; - Revenus récurrents grâce à la prépondérance des abonnements dans les recettes (75%) et génération de cash flows récurrents ; - Arrivée bien perçue de Vincent Bolloré au capital pour insuffler un changement stratégique.

Les points faibles de la valeur

- Positionnement sur des marchés matures avec de nouveaux entrants agressifs (téléphonie mobile, télévision payante) ou à forte cyclicité (jeux vidéo) ; - Malgré un timide retournement du marché et l'acquisition de EMI, perspectives encore incertaines de l'industrie musicale (chute de la vente des supports physiques, piratage, disponibilité des titres en libre accès sur les plateformes de partage et les réseaux sociaux...) ; - Incertitudes sur Canal +, confronté à une érosion des abonnements et à la concurrence de BeInSports, ainsi qu'aux coûts des restructurations de la filiale polonaise Cyfra+ ; - Difficultés de SFR, tant en termes de chiffre d'affaires que de rentabilité ; - Manque de visibilité sur la politique future de dividendes ou de rachats d'actions, liée au rythme des cessions d'actifs et à l'arbitrage distribution/réduction de la dette.

Comment suivre la valeur

- Valeur défensive du fait de la récurrence des revenus ; - Sensibilité au risque politique, notamment pour les cessions d'actifs télécoms ou télévisuels, et les réclamations fiscales à Bercy ; - Attente des premiers résultats de la nouvelle stratégie de recentrage sur les médias :vente des sociétés télécom, SFR en France, GVT au Brésil, que se disputeraient l'émirati Etisalat et le qatari Ooredoo (ex-Qtel); scénarios de sortie à l'étude pour la vente de la participation dans les jeux video (Activision Blizzard) ; résultats des restructurations dans le musical ; - Suite du conflit judiciaire avec Lagardère, ce dernier accusant Vivendi de détourner une partie de la trésorerie de Canal + dont il détient 20 % ; - Rumeurs de remaniement à la tête du groupe, Vincent Bolloré, administrateur depuis fin 2012, pouvant prendre la tête du conseil de surveillance dans les deux prochaines années ; - Modalités de retour aux actionnaires des plus-values attendues des cessions d'actifs ; - Capital éclaté, le premier actionnaire étant le Groupe Bolloré avec 5 %, mais peu susceptible d'être soumis à OPA, en raison de la présence, à hauteur de 3,52 %, du FSI.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Signe des difficultés de la presse papier par rapport au support numérique : l'acquisition du Washington Post par le patron et fondateur d'Amazon pour 250 millions de dollars. C'est un fleuron de la presse américaine qui passe dans le giron d'un des grands gagnants de l'Internet. En 2012 le Washington Post a enregistré de mauvaises performances avec un chiffre d'affaires en recul de 7% et des pertes de 54 millions de dollars. Si les revenus de son site web progressent, ils ne permettent pas de compenser les pertes de l'édition papier. L'intérêt de cette opération pour Amazon pourrait être de fournir des contenus exclusifs dans le cadre du programme "premium", Amazon Prime, ou pour le Kindle. Autre opération qui souligne l'essor du numérique : la cession de sa presse papier par Axel Springer. Le premier groupe de presse allemand parachève ainsi sa réorientation stratégique vers le numérique. FTB/ACT/