VIVENDI : résultats trimestriels en net recul et perspectives reconduites

14/11/2013 - 18:41 - Option Finance

(AOF) - Vivendi a publié un résultat net en recul de 14,8% au titre du troisième trimestre, à 403 millions d'euros. Le bénéfice par action a reculé ainsi de 6 centimes, à 30 centimes. Le résultat opérationnel ajusté (EBITA) du groupe de médias a cédé, lui, 23% sur la période, à 730 millions d'euros. Les analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne un Ebita de 707 millions d'euros. En revanche, le chiffre d'affaires s'est très légèrement apprécié, de 0,2% à 5,349 milliards d'euros. Sur neuf mois, la baisse des résultats est plus marquée, le résultat net abandonnant 22% à 1,248 milliards. L'EBITA a, lui, reculé de 25,7% à 2,121 milliards. Le revenu sur neuf mois a pour sa part décru de 1% à 16,19 milliards d'euros. Sur cette période, le chiffre d'affaires du groupe Canal+ s'est apprécié de 5,8% à 3,857 milliards, notamment grâce à l'intégration des chaînes de la TNT, D8 et D17 et France. Par ailleurs, Vivendi a rappelé avoir acquis le 5 novembre les 20% de Canal+ France détenus par Lagardère pour 1,02 milliard d'euros, mettant fin à tous les contentieux en cours entre les deux groupes. Universal Music Group (UMG) a enregistré de son côté un revenu de 3,398 milliards d'euros (+17,1%) à fin septembre. Les synergies liées à l'acquisition d'EMI Recorded Music portent leurs fruits et devraient atteindre l'objectif fixé de plus de 100 millions de livres sterling d'ici à la fin de 2014, a annoncé le groupe. Le chiffre d'affaires de GVT de janvier à septembre a progressé de 1,2% à change réel, à 1,297 milliard d'euros, malgré le ralentissement de l'économie brésilienne. Enfin, la filiale de téléphonie mobile du groupe, a vu son chiffre d'affaires se réduire de 10,5% sur neuf mois, à 7,616 milliards d'euros. SFR invoque des baisses de prix liés au contexte réglementaire du secteur. Fin septembre, le parc d'abonnés mobiles totalise 17,732 millions de clients, en croissance de 7,8 % par rapport à fin septembre 2012. SFR rappelle qu'il est en discussion depuis juillet avec son concurrent Bouygues Telecom afin d'aboutir à un accord de mutualisation d'une partie de leurs réseaux mobiles. Enfin, le projet de scission de SFR comme entité séparée de Vivendi est toujours à l'étude. Le groupe a maintenu ses perspectives annuelles communiquées fin août. Pour Canal+, il anticipe un EBITA 2013 aux environs de 650 millions d'euros hors coûts de transition. Du côté de GVT, son chiffre d'affaires 2013 devrait croître de près de 15 % à taux de change constant et sa marge d'EBITDA devrait être supérieure à 40 %. Enfin, SFR cible un EBITDA 2013 aux environs de 2,8 milliards d'euros.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Groupe majoritairement présent en France (58 % de l'activité), contrôlant toute la chaîne de valeur numérique : télécoms (58 % du chiffre d'affaires), médias (42 %, avec Canal +), jeux avec Activision Blizzard et musique avec Universal ; - Numéro un mondial dans les jeux et l'édition musicale et leader français de la télévision payante ; - Fortes positions dans la téléphonie fixe et mobile avec SFR (deuxième français), et les leaders nationaux Maroc Telecom et, au Brésil, GVT ; - Revenus récurrents grâce à la prépondérance des abonnements dans les recettes (75%) et génération de cash flows récurrents ; - Arrivée bien perçue de Vincent Bolloré au capital pour insuffler un changement stratégique.

Les points faibles de la valeur

- Positionnement sur des marchés matures avec de nouveaux entrants agressifs (téléphonie mobile, télévision payante) ou à forte cyclicité (jeux vidéo) ; - Malgré un timide retournement du marché et l'acquisition de EMI, perspectives encore incertaines de l'industrie musicale (chute de la vente des supports physiques, piratage, disponibilité des titres en libre accès sur les plateformes de partage et les réseaux sociaux...) ; - Incertitudes sur Canal +, confronté à une érosion des abonnements et à la concurrence de BeInSports, ainsi qu'aux coûts des restructurations de la filiale polonaise Cyfra+ ; - Difficultés de SFR, tant en termes de chiffre d'affaires que de rentabilité ; - Manque de visibilité sur la politique future de dividendes ou de rachats d'actions, liée au rythme des cessions d'actifs et à l'arbitrage distribution/réduction de la dette.

Comment suivre la valeur

- Valeur défensive du fait de la récurrence des revenus ; - Sensibilité au risque politique, notamment pour les cessions d'actifs télécoms ou télévisuels, et les réclamations fiscales à Bercy ; - Attente des premiers résultats de la nouvelle stratégie de recentrage sur les médias :vente des sociétés télécom, SFR en France, GVT au Brésil, que se disputeraient l'émirati Etisalat et le qatari Ooredoo (ex-Qtel); scénarios de sortie à l'étude pour la vente de la participation dans les jeux video (Activision Blizzard) ; résultats des restructurations dans le musical ; - Suite du conflit judiciaire avec Lagardère, ce dernier accusant Vivendi de détourner une partie de la trésorerie de Canal + dont il détient 20 % ; - Rumeurs de remaniement à la tête du groupe, Vincent Bolloré, administrateur depuis fin 2012, pouvant prendre la tête du conseil de surveillance dans les deux prochaines années ; - Modalités de retour aux actionnaires des plus-values attendues des cessions d'actifs ; - Capital éclaté, le premier actionnaire étant le Groupe Bolloré avec 5 %, mais peu susceptible d'être soumis à OPA, en raison de la présence, à hauteur de 3,52 %, du FSI.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Signe des difficultés de la presse papier par rapport au support numérique : l'acquisition du Washington Post par le patron et fondateur d'Amazon pour 250 millions de dollars. C'est un fleuron de la presse américaine qui passe dans le giron d'un des grands gagnants de l'Internet. En 2012 le Washington Post a enregistré de mauvaises performances avec un chiffre d'affaires en recul de 7% et des pertes de 54 millions de dollars. Si les revenus de son site web progressent, ils ne permettent pas de compenser les pertes de l'édition papier. L'intérêt de cette opération pour Amazon pourrait être de fournir des contenus exclusifs dans le cadre du programme "premium", Amazon Prime, ou pour le Kindle. Autre opération qui souligne l'essor du numérique : la cession de sa presse papier par Axel Springer. Le premier groupe de presse allemand parachève ainsi sa réorientation stratégique vers le numérique. FTB/ACT/