AIRBUS annule ses livraisons d'A380 à la compagnie japonaise Skymark Airlines

29/07/2014 - 10:39 - Option Finance

(AOF) - Airbus a annoncé mardi avoir notifié à la compagnie aérienne japonaise Skymark Airlines que la commande de six A380 ne serait pas exécutée, en raison des difficultés financières de la compagnie nipponne qui, de facto, ne pourra tenir ses engagements. L'avionneur européen a indiqué mardi se réserver le droit d'exercer des recours juridiques en vue de dédommagements, alors que les appareils étaient sur le point d'être livrés. Ce contrat était évalué à 2,25 milliards de dollars. Skymark avait reconnu mardi être en conflit ouvert avec Airbus au sujet de ce contrat qui constituait pourtant une grande victoire pour le groupe européen au pays du Soleil-Levant dont le marché était monopolisé par l'américain Boeing pendant près d'un demi-siècle. En 2011, Skymark Airlines, troisième compagnie au Japon, avait tenté un pari osé en annonçant l'achat des six gros porteurs pour 2,25 milliards de dollars au prix catalogue. Le directeur de la compagnie japonaise a estimé qu'au regard des incertitudes financières pesant actuellement sur son entreprise, il ne pouvait pas consentir un tel investissement: "Nous préparons depuis quatre ans l'entrée dans notre flotte d'A380. Hélas, l'environnement des affaires est devenu extrêmement difficile à cause de la férocité de la concurrence et de la baisse récente du yen."

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Numéro un européen et numéro deux mondial de l'industrie aéronautique, spatiale et de défense, né de la fusion en 2000 du français Aerospatiale Matra, de l'espagnol Casa et de l'allemand Dasa ; - Réorganisation, à partir de 2014, en 3 divisions : aéronautique civile avec Airbus, défense et espace par l'intégration dans une entité unique des activités dispersées entre Airbus Militaire, Astrium (leader européen des programmes spatiaux) et Cassidian (électronique de défense) et, enfin Airbus Helicopters qui remplacera Eurocopter ; - Secteur bénéficiant de fortes barrières à l'entrée et d'un bon " pricing power " ; - Carnet de commandes très élevé pour Airbus commercial, de 7,1 années de livraisons hors A 350 (soit 1 700 avions à fin 2013) et bonne visibilité avec une augmentation des cadences A 320 jusqu'en 2017 ; - Forte implantation dans les pays émergents (environ 50 % de l'activité) et auprès des compagnies aériennes de ces pays ; - Trésorerie importante alimentée par les avances sur commandes et le recul des provisions sur l'A380 et l'A 350 ; - Retour de la distribution de dividendes et volonté affichée de retourner de la valeur aux actionnaires ; - Hausse sensible du flottant après les désengagements de Lagardère, de Daimler et la réorganisation de l'actionnariat.

Les points faibles de la valeur

- Activité encore trop dépendante d'Airbus (3/4 des revenus et 9/10èmes du carnet de commandes) ; - Forte exposition aux fluctuations de l'euro/dollar ; - Fort impact des investissements et des contraintes budgétaires gouvernementales sur le fonds de roulement qui devrait cependant être positif en 2014 ; - Valeur chère à ses plus hauts historiques et distribution jugée un peu faible par les analystes.

Comment suivre la valeur

- Performances étroitement liées à la santé des compagnies aériennes, en raison de l'importance de l'aviation civile dans l'activité ; - Spéculations sur une consolidation des activités spatiales, sur une prise de contrôle total du missilier MBDA et sur des acquisitions hors du marché européen ; - Résultat au 1er semestre 2014 des négociations en cours avec les Emirats-Arabes-Unis sur la commande d'une soixantaine d'hélicoptères et certification de l'A 350 attendue pour le troisième trimestre 2014 ; - Poursuite du plan " Vision 2020 ", initié en 2009 et visant à un équilibre entre l'aviation commerciale et les autres activités, à un doublement à 25 % de la part des services dans le chiffre d'affaires, à un renforcement à l'international avec 40 % des approvisionnements hors Europe ; - Réalisation de l'objectif 2015 d'un contrôle de la dilution du programme A 350 et d'une marge opérationnelle comprise entre 7 et 8 % ; - Atteinte de l'objectif 2014 d'une stabilité des ventes et d'une croissance modérée de la marge opérationnelle ; - Rumeurs de cession des participations minoritaires : 37,5 % dans MBDA, 30 % Arianespace et 46,3 % dans Dassault Aviation ; - Restructuration du capital, réparti depuis juin 2013 entre l'Etat français (11,96 % via la Sogepa), l'état allemand (10,69 % via GZbv) et l'état espagnol (4,12 % via SEPI), réunis par un pacte d'actionnaires.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Aéronautique - Défense

Après la course aux commandes, Airbus et Boeing sont engagés dans une course aux livraisons qui devrait se poursuivre dans les prochaines années. Avec plus de 10.000 appareils à livrer, les deux avionneurs s'affrontent sur les cadences de production. Le Gifas estime que la dynamique du secteur français est bonne en 2014 et devrait suivre la même tendance qu'en 2013 en termes de chiffre d'affaires. L'organisation presse néanmoins les autorités de mieux soutenir la filière pour qu'elle améliore sa compétitivité, amoindrie par une parité euro-dollar défavorable. Des couvertures de change adaptées à cette industrie de cycle long et l'instauration d'un crédit acheteur pour les exportations européennes sur le modèle américain sont préconisées. FTB/ACT/