ORANGE : offre de rachat de 3,4 milliards sur l'opérateur espagnol Jazztel

16/09/2014 - 08:20 - Option Finance

(AOF) - Orange a annoncé mardi soir qu'il allait va lancer une offre publique d'achat amicale sur l'opérateur espagnol Jazztel. L'opérateur historique propose 13 euros par action en numéraire, soit une prime de 34% sur la moyenne pondérée des cours de clôture des trente derniers jours de bourse. Cette offre valorise Jazztel à un multiple de valeur d'enterprise sur EBITDA 2015 à 8,6 après prise en compte des synergies générées par l'intégration des deux entités. Le prix d'achat de 100% du capital de l'opérateur espagnol s'élèverait à 3,4 milliards d'euros. " Avec cette acquisition, Orange donnerait naissance au deuxième opérateur télécoms sur le haut-débit fixe et l'un des plus dynamiques dans le mobile en Espagne, accélérant ainsi la convergence de ses clients. Dans un contexte économique en voie de redressement, cette opération permettrait à Orange d'accélérer sa croissance dans un marché très concurrentiel ", a explique le groupe français. Pour être finalisée, l'offre doit être acceptée par un minimum de 50,01% du capital de Jazztel, hors les actions ayant déjà fait l'objet d'un engagement irrévocable d'apport. En effet, l'actionnaire de référence, Leopoldo Fernandez Pujals s'est engagé à apporter ses 14,5% du capital à l'offre, tout comme les dirigeants membres du conseil d'administration de Jazztel, José Miguel Garcia Fernandez, directeur général, et José Ortiz Martinez, secrétaire général. Afin de préserver la solidité de son bilan, Orange SA émettra une combinaison d'instruments financiers : des titres donnant accès à son capital, pour un montant maximal de deux milliards d'euros et des obligations subordonnées perpétuelles hybrides. Ce programme de financement sera dimensionné de telle manière que le montant des fonds propres qui lui sera attribué par les agences de notation sera égal au montant total décaissé pour l'acquisition des actions Jazztel. L'offre publique d'achat n'est pas conditionnée à l'obtention de financements du fait de la solidité du bilan d'Orange. Jazztel est un acteur majeur du marché espagnol des télécoms et l'un des plus dynamiques sur les services triple play et mobile. Cette opération générerait des synergies globales pour l'ensemble combiné estimées à 1,3 milliard d'euros, notamment grâce aux économies réalisées dans les coûts opérationnels et les investissements réseaux.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Premier opérateur télécom du mobile et du fixe à haut débit sous la marque Orange en France, ainsi qu'en Pologne ; - L'un des leaders mondiaux des services de télécommunications aux entreprises multinationales, sous la marque Orange Business Services ; - Accélération des réductions de coûts, refus de participer à la guerre des prix dans le fixe avec un positionnement dans l'offre haut de gamme (40 % du marché dans l'internet haut débit en France) ; - Fusion SFR/Numéricable bénéfique à moyen terme sur les prix dans le fixe et le mobile ; - Relais de croissance avec le développement rapide dans les pays émergents et le succès des smartphones (gros consommateurs d'Internet mobile) ; - Capacité à accroître la base clients dans les trois pays clés du groupe -France (grâce au succès de la marque à bas prix Sosh), Espagne et Pologne- et à maintenir son avance technologique dans la fibre et le 4G.

Les points faibles de la valeur

- Cadre réglementaire défavorable, marqué par une pression accrue des instances régulatrices, voire politiques et intervention de l'Etat dans la stratégie du groupe, par exemple en bloquant la vente de DailyMotion ; - Sensibilité de la valorisation boursière aux déclarations des concurrents, tel Vodafone ; - Dans un marché français du mobile très concurrentiel, recul persistant du chiffre d'affaires ; - Sorties de trésorerie significatives pour financer les licences 4G ; - Doutes des investisseurs en la capacité du groupe à réaliser le plan " Conquêtes 2015 ".

Comment suivre la valeur

- Valeur de rendement dans un secteur boursier considéré comme structurellement déflationniste par les analystes ; - Réalisation des objectifs du plan " Conquêtes 2015 " : 300 millions de clients d'ici à 2015, doublement du chiffre d'affaires issu des pays émergents avec un objectif de 5 à 7 milliards d'euros d'acquisitions d'ici 3 ans ; - Rationalisation du portefeuille d'actifs avec des désengagements au Portugal et en République dominicaine - Rumeurs d'introduction en Bourse de la joint-venture EE au Royaume-Uni et d'une cession d'une partie du réseau mobile espagnol ; - Réouverture non exclue de discussions pour le rachat de Bouygues Télécom ou un partage de réseau ; - Atteinte des objectifs 2014 d'un chiffre d'affaires en recul de 3-4 % et d'un excédent brut d'exploitation entre 12 et 12,5 Mds ; - Versement, le 9 décembre, d'un acompte sur le dividende 2014 ; - Forte présence de l'Etat dans le capital (13,45 % directement et 13,5 % par le FSI), ce qui affecte la valorisation boursière.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Opérateurs télécoms

Globalement Le chiffre d'affaires des opérateurs télécoms sur le marché de détail a reculé de 7,7% à 38 milliards d'euros en 2013, selon l'Arcep. Les recettes issues des communications mobiles ont chuté de 14% alors que les utilisateurs recourent de plus en à leur mobile : le volume de données échangées a bondi de 63,3% sur un an. Plus inquiétant : l'écart se creuse entre les opérateurs français et américains. Les opérateurs américains bénéficient non seulement d'un revenu moyen élevé mais aussi de fortes marges. Le géant Verizon a affiché des résultats record en 2013, avec un bénéfice net multiplié par treize en un an. La facture mobile de ses abonnés s'établit en moyenne à 157 dollars par mois (110 euros), en progression de 7% sur un an, grâce au prix élevé des communications mobiles outre-Atlantique, et à l'augmentation de la consommation de services sur smartphones. Aux Etats-Unis le revenu moyen par utilisateur s'établit à 52,82 dollars (39 euros), contre 22 euros en France. En deux ans, les opérateurs historiques français ont subi une chute de 25% à 30% de leurs revenus par abonné mobile. Or les opérateurs doivent mener d'importants investissements dans leur réseau, notamment pour développer l'Internet mobile très haut débit dans le fixe (fibre) et dans le mobile (4G). FTB/ACT/