AIR FRANCE-KLM : Transavia Europe est suspendu

25/09/2014 - 08:53 - Option Finance

(AOF) - Après 10 jours de grève des pilotes, Air France-KLM a annoncé mercredi soir la suspension du projet de création de filiales de Transavia en Europe (hors France et Pays-Bas), le temps d'ouvrir un dialogue approfondi sur le projet et de construire ensemble les garanties nécessaires d'ici la fin de l'année. Un processus complet d'explication et de négociation avec les partenaires sociaux d'Air France et de KLM sera mis en place. Concernant Air France, il démarrera dès le prochain CCE (comité central d'entreprise) prévu le 25 septembre 2014. Le groupe a rappelé que cette grève engendrait des pertes d'exploitation pouvant aller jusqu'à 20 millions d'euros par jour, auxquelles il faudra ajouter les compensations clients et l'impact de la reprise progressive du trafic dans les jours qui suivront le retour à la normale des opérations. Une fois le conflit terminé, Air France-KLM mettra à jour son objectif d'EBITDA pour l'année 2014. La compagnie a précisé que le développement de Transavia en France demeurait essentiel pour Air France, notamment pour défendre les intérêts du groupe à Orly. L'objectif est de doter rapidement Transavia en France d'avions supplémentaires au-delà des 14 appareils actuels. " Pour rester dans la course européenne, nous n'avons pas d'alternative au développement rapide de Transavia. Nous nous donnons aujourd'hui les moyens de l'expliquer et d'accélérer sa croissance à partir de la France. Le groupe Air France-KLM réaffirme son objectif d'atteindre plus de 100 avions Transavia à horizon 2017 " a déclaré Alexandre de Juniac. Le PDG d'Air France Frédéric Gagey a poursuivi : " Ces décisions doivent permettre de ramener la sérénité au sein de l'entreprise et de mettre un terme à ce mouvement de grève qui n'a que trop duré pour la compagnie, pour ses clients et pour tous ses salariés. "

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- L'un des leaders mondiaux du transport aérien avec le réseau le plus important entre l'Europe et le reste du monde, numéro un en Europe pour le transport de passagers (les 2/3 de l'activité dont 20 % en moyen-courrier), numéro un mondial pour le frêt (11 %) et pour la maintenance aéronautique ; - Présence mondiale, grâce à l'alliance SkyTeam (près de 20 % du marché) et à la joint-venture avec Delta Airlines sur l'Atlantique nord (un quart du marché régional), effective jusqu'en 2019 ; - Offre de correspondances sans équivalent grâce au double hub intercontinental (plate-forme de correspondance) combinant Roissy-Charles de Gaulle et Amsterdam-Schiphol ; - Hausse des ratios de rentabilité (trafic, capacité et taux d'occupation) dans l'activité " passagers " et maintien d'une rentabilité opérationnelle élevée dans la maintenance ; - Bonne tenue de l'activité internationale, supérieure à celle de ses concurrents directs BAT et Lufthansa, et vers les DOM-TOM depuis le début de l'année ; - Réussite de Transavia, la filiale à bas coût lancée en 2007, bénéficiaire depuis 2012 et dont la flotte passera de 8 à 26 avions en 2014 -sous réserve de l'accord du syndicat des pilotes ; - Forte réduction de la perte d'exploitation en 2014 et diminution de l'endettement, d'où la fin des craintes sur une augmentation de capital.

Les points faibles de la valeur

- Forte sensibilité à la conjoncture européenne (61,3 % des ventes hors cargo et frêt, dont 28,4 % pour la France et 8,9 % pour le Benelux) et présence internationale encore faible (13,4 % Amérique du Nord, 10,9 % Asie-Pacifique) ; - Concurrence accrue du TGV sur les courts trajets, des compagnies à faible coût telles EasyJet ou Ryanair et, dans le haut de gamme, des compagnies aériennes des états du Golfe et du Sud-est asiatique ; - Surcoût des escales et des taxes en France par rapport aux concurrents ; - Long historique de pertes d'exploitation.

Comment suivre la valeur

- Sensibilité du cours tant aux chiffres du trafic aérien mondial et à la géopolitique qu'aux spécificités de la compagnie (endettement, risques sociaux, impact du prix du carburant) ; - Suivi du plan " Transform 2020 " : réductions d'effectifs (plus de 5 100 départs entre 2012 et 2015, allongement de la durée et de la charge de travail des navigants) ; restructuration du réseau moyen courrier, toujours déficitaire, sous les marques Transavia et Hop !, avec fermeture de lignes ; renforcement du long courrier ; développement dans la maintenance et le catering ; - Sans oublier la stratégie de développement des recettes auxiliaires (excédents de bagages, option d'un délai de réflexion avant la confirmation d'un achat de billet, surclassement, repas améliorés...) ; - Risque de grève des pilotes en septembre 2014 (une journée complète de grève est estimée à 45 M) ; - Vers une cession de la filiale irlandaise CityJet, et rumeurs de vente de la participation dans Amadeus ; - Rumeurs de vente de Martinair, en charge de l'activité fret, principal foyer de perte pour le groupe ; - Capacité du président Alexandre Juniac à redresser la compagnie qui devra renouer avec les bénéfices, d'exploitation en 2014 (autour de 2,25 Mds), et en net en 2015 ; - Société non opéable, l'Etat détenant 15,9 % du capital, devant les salariés (9,4 %).

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Transport aérien

L'Association internationale du transport aérien (IATA) estime qu'en 2014 l'industrie aérienne devrait améliorer ses profits pour une deuxième année consécutive. Elle a néanmoins révisé légèrement à la baisse les perspectives de l'industrie, avec des profits de 18,7 milliards de dollars plutôt que les 19,7 milliards prévus auparavant. Cette révision tient à la hausse du prix du pétrole. L'IATA considère que dans l'ensemble le rendement de l'industrie demeure insuffisant, la marge bénéficiaire nette étant limitée à 2,5%. Si les transporteurs d'Amérique du Nord devraient générer la plus importante contribution aux bénéfices de l'industrie cette année, avec des bénéfices de 8,6 milliards de dollars, la situation demeure compliquée pour les compagnies européennes, confrontées à des problèmes structurels importants (fiscalité élevée, réglementations onéreuses, échec du Ciel unique européen). FTB/ACT/