AIR FRANCE-KLM pourrait faire de Transavia une compagnie soeur (presse)

13/10/2014 - 08:50 - Option Finance

(AOF) - Si la fronde des pilotes persistait, Air France-KLM pourrait faire de Transavia France une "compagnie soeur" d'Air France, a déclaré le président du groupe Alexande de Juniac dans un entretien avec le Journal du dimanche. Air France-KLM renoncera ainsi au modèle de filiale intégrée sur lequel s'appuient notamment les pilotes pour exiger une égalité de traitement, qu'ils soient employés de Transavia ou d'Air France. Ces revendications avaient entraîné une grève de 14 jours fin septembre dernier. Ce mouvement social d'une ampleur et d'une durée inédites a poussé Air France-KLM à renoncer à son projet d'une compagnie aérienne à bas prix Transavia Europe, mais le groupe n'entend pas renoncer à Transavia France, sujet sur lequel aucun accord n'a été trouvé avec les pilotes malgré l'arrêt de la grève le 28 septembre. La semaine dernière, le groupe avait indiqué que celle-ci avait entrainé une chute de 16,3% du trafic en septembre et qu'elle amputera son excédent brut d'exploitation 2014 d'environ 500 millions d'euros. Un montant significatif : l'Ebitda annuel était attendu, avant la grève, entre 2,2 et 2,3 milliards d'euros. Et l'addition pourrait s'alourdir, a prévenu la compagnie. L'estimation donnée ce matin ne prend, en effet, pas en compte l'impact financier de la chute des réservations pour les semaines à venir liée à la grève. Dans ce cadre, la perspective de ramener les comptes d'Air France dans le vert dès cette année, comme prévu initialement, s'éloigne. En 2013, le groupe avait enregistré un bénéfice d'exploitation de 130 millions grâce aux bénéfices de KLM. La seule entité Air France avait, pour sa part, accusé une perte d'exploitation de 174 millions d'euros.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- L'un des leaders mondiaux du transport aérien avec le réseau le plus important entre l'Europe et le reste du monde, numéro un en Europe pour le transport de passagers (les 2/3 de l'activité dont 20 % en moyen-courrier), numéro un mondial pour le frêt (11 %) et pour la maintenance aéronautique ; - Présence mondiale, grâce à l'alliance SkyTeam (près de 20 % du marché) et à la joint-venture avec Delta Airlines sur l'Atlantique nord (un quart du marché régional), effective jusqu'en 2019 ; - Offre de correspondances sans équivalent grâce au double hub intercontinental (plate-forme de correspondance) combinant Roissy-Charles de Gaulle et Amsterdam-Schiphol ; - Hausse des ratios de rentabilité (trafic, capacité et taux d'occupation) dans l'activité " passagers " et maintien d'une rentabilité opérationnelle élevée dans la maintenance ; - Bonne tenue de l'activité internationale, supérieure à celle de ses concurrents directs BAT et Lufthansa, et vers les DOM-TOM depuis le début de l'année ; - Réussite de Transavia, la filiale à bas coût lancée en 2007, bénéficiaire depuis 2012 et dont la flotte passera de 8 à 26 avions en 2014 -sous réserve de l'accord du syndicat des pilotes ; - Forte réduction de la perte d'exploitation en 2014 et diminution de l'endettement, d'où la fin des craintes sur une augmentation de capital.

Les points faibles de la valeur

- Forte sensibilité à la conjoncture européenne (61,3 % des ventes hors cargo et frêt, dont 28,4 % pour la France et 8,9 % pour le Benelux) et présence internationale encore faible (13,4 % Amérique du Nord, 10,9 % Asie-Pacifique) ; - Concurrence accrue du TGV sur les courts trajets, des compagnies à faible coût telles EasyJet ou Ryanair et, dans le haut de gamme, des compagnies aériennes des états du Golfe et du Sud-est asiatique ; - Surcoût des escales et des taxes en France par rapport aux concurrents ; - Long historique de pertes d'exploitation.

Comment suivre la valeur

- Sensibilité du cours tant aux chiffres du trafic aérien mondial et à la géopolitique qu'aux spécificités de la compagnie (endettement, risques sociaux, impact du prix du carburant) ; - Suivi du plan " Transform 2020 " : réductions d'effectifs (plus de 5 100 départs entre 2012 et 2015, allongement de la durée et de la charge de travail des navigants) ; restructuration du réseau moyen courrier, toujours déficitaire, sous les marques Transavia et Hop !, avec fermeture de lignes ; renforcement du long courrier ; développement dans la maintenance et le catering ; - Sans oublier la stratégie de développement des recettes auxiliaires (excédents de bagages, option d'un délai de réflexion avant la confirmation d'un achat de billet, surclassement, repas améliorés...) ; - Risque de grève des pilotes en septembre 2014 (une journée complète de grève est estimée à 45 M) ; - Vers une cession de la filiale irlandaise CityJet, et rumeurs de vente de la participation dans Amadeus ; - Rumeurs de vente de Martinair, en charge de l'activité fret, principal foyer de perte pour le groupe ; - Capacité du président Alexandre Juniac à redresser la compagnie qui devra renouer avec les bénéfices, d'exploitation en 2014 (autour de 2,25 Mds), et en net en 2015 ; - Société non opéable, l'Etat détenant 15,9 % du capital, devant les salariés (9,4 %).

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Transport aérien

L'IATA estime que le secteur devrait afficher des bénéfices en hausse cette année, tout en soulignant les facteurs de risque (en particulier les conflits en cours et la nouvelle épidémie d'Ebola). Le secteur aérien européen, l'un des moins rentables au monde, doit se transformer et s'engager, selon les analystes de la Coface, dans une nouvelle phase de concentration. Pour le moment, les acteurs traditionnels cherchent à se renforcer dans le low-cost, à l'image d'Air France-KLM avec Transavia. Depuis 2012, en Europe, pour les courts et moyens courriers la part de marché du low-cost a dépassé celle des transporteurs traditionnels. Les compagnies à bas coûts se développent, elles, depuis quelques années sur le marché du voyage d'affaires. La compagnie irlandaise Ryanair a récemment franchi le pas tandis qu'EasyJet affirme séduire de plus en plus de clients d'affaires. FTB/ACT/