LAFARGE : résultats pénalisés par les coûts de la fusion

05/11/2014 - 08:47 - Option Finance

(AOF) - Lafarge a réalisé au troisième trimestre 2014 un résultat net de 218 millions d'euros, en baisse de 28 %. Retraité des plus-values de cessions et des coûts liés à la fusion avec Holcim, il est stable. L'Ebitda a reculé de 4 % à 887 millions. (+2 % sur une base comparable). Le chiffre d'affaires a baissé de 2% à 3,636 milliards. En comparable, il grimpe toutefois de 2%. A périmètre constant, et en excluant la baisse des volumes en Irak au troisième trimestre, les volumes ciment ont progressé de 3%, soutenus par les marchés émergents et les Etats-Unis. Lafarge a sécurisé 1,4 milliard d'euros de cessions depuis le début de l'année, dont 0,9 milliard d'euros restent à percevoir, essentiellement au 4ème trimestre, et contribueront intégralement à la réduction de l'endettement. Concernant ses perspectives, pour l'exercice 2014, le groupe confirme attendre une croissance globale de la demande de ciment comprise entre 2 et 5% sur ses marchés par rapport à 2013. Les marchés émergents restent le principal moteur de croissance de la demande. L'inflation des coûts devrait se maintenir à un rythme similaire à celui de 2013, ce qui devrait se traduire par des prix de vente globalement en hausse. Dans la perspective du projet de fusion avec Holcim, Lafarge a décidé de faire une pause dans le programme des désinvestissements qui avaient été prévus avant l'annonce de ce projet. "Concernant nos objectifs de réduction des coûts et d'innovation, nous atteindrons notre objectif de générer 600 millions d'euros d'Ebitda additionnel en 2014 et nous confirmons par ailleurs notre objectif de 550 millions d'euros en 2015", a commenté le PDG, Bruno Lafont. "Nous avançons rapidement sur le projet de fusion avec Holcim, avec une équipe dédiée. Nous avons franchi des étapes décisives en vue de la réalisation de ce projet stratégique unique. Au vu des progrès accomplis en matière désinvestissements, de notifications réglementaires et de préparation du processus d'intégration, nous sommes confiants dans la finalisation du projet de fusion au premier semestre 2015, comme nous l'avions annoncé.", a précisé le dirigeant.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Leader mondial du ciment (65 % des ventes), numéro 2 des granulats et numéro 3 du béton en voie de fusion, pour la mi 2015, avec le suisse Holcim ; - Réorientation stratégique vers les zones de croissance : 58 % des ventes dans les pays émergents (sans qu'aucun ne pèse plus de 5 % du chiffre d'affaires global), derrière l'Europe de l'ouest et l'Amérique du nord (21 % chacune) ; - Depuis 2012, réorganisation du groupe par pays où les directions gèrent les trois secteurs du groupe (ciment, granulats et bétons) avec l'appui des fonctions supports communes et création, au niveau du Comité exécutif, d'une fonction Performance et d'une performance Innovation ; - Stratégie d'innovation, pour répondre aux modes de construction plus durables, rapidement contributive aux bénéfices ; - Expansion focalisée sur les émergents où ont été implantées 9/10ème des capacités additionnelles des 5 dernières années ; - Poursuite des cessions d'actifs pour ramener l'endettement à 9 Mds fin 2014.

Les points faibles de la valeur

- Exposition à l'atonie de la croissance en Europe de l'ouest et aux risques géopolitiques dans les pays du Proche-Orient où le groupe est leader, ainsi qu'en Russie ; - Fort impact sur les résultats de la cherté de l'euro par rapport au réal brésilien, à la roupie indienne et au dollar canadien et au rand sud-africain ; - Hausse des coûts de l'énergie parfois difficile à répercuter selon les pays (l'énergie représente 25 % à 30 % des coûts de production du ciment) ; - Risques d'exécution du rapprochement avec Holcim et incertitudes sur la stratégie future du groupe, renforcées par les mauvais résultats semestriels du groupe suisse ; - Note de crédit long terme hors de la catégorie " investment grade ", d'où des frais financiers élevés.

Comment suivre la valeur

- Performances étroitement corrélées à l'état du secteur de la construction, et donc à l'évolution des taux d'intérêt, aux facilités d'accès au crédit, au climat de confiance, et aux conditions climatiques ; - Conditions financières du programme de cessions forcé par la fusion avec Holcim ; - Objectif 2014 de 8 % de rentabilité des capitaux employés, grâce à des hausses de prix dans tous les pays, des réductions de coûts de 400 M, une grande sélectivité des investissements (1,1 Md) et des désinvestissements ; - Structure actionnariale particulière avec la juxtaposition de deux actionnaires de référence n'intervenant pas en action de concert : le groupe belge GBL avec 21 % du capital et, avec 14 %, le dirigeant égyptien d'Orascom Construction Industries Nassef Sawiris.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

L'Unicem (Union Nationale des Industries des Carrières et des matériaux de construction) compte beaucoup sur le plan de relance gouvernemental pour la construction et sur le soutien aux investissements des collectivités locales. En effet, en juillet dernier les livraisons de granulats ont chuté de 13,7% (données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables) par rapport à juillet 2013 et la production de béton a reculé de 9%. L'activité évolue négativement à la fois dans les travaux publics (qui ont nettement ralenti depuis avril) et le bâtiment (avec des baisses de mises en chantier). La confirmation de l'engagement financier de l'Etat pour les investissements en infrastructures constitue déjà un premier signal positif. FTB/ACT/