CASINO recule nettement après le prix décevant de l'IPO de Cnova

20/11/2014 - 10:02 - Option Finance

(AOF) - Le titre du groupe Casino accuse l'une des plus fortes baisses du SBF 120 à la Bourse de Paris ce jeudi après une heure de cotation. Il cède 5,02% à 80,2 euros suite à la divulgation, avant l'ouverture, du prix de 7 dollars par action de l'offre d'introduction à Wall Street de sa filiale Cnova. Le distributeur entend ainsi mettre aujourd'hui sur le marché 26,8 millions de titres pour lever 188 millions de dollars. Si la réalisation de l'offre est prévue pour le 25 novembre 2014, Cnova dit avoir prévu une option de surallocation de 30 jours pour placer 4,02 millions d'actions supplémentaires. Le montant total pourrait ainsi grimper à 216 millions de dollars. L'offre reste cependant limitée à près de 7% du capital total de Cnova, filiale de commerce sur Internet du groupe. Ce prix de 7 dollars par action, très inférieur à la fourchette indicative de 12,50 à 14 dollars annoncée le 31 octobre, déçoit aujourd'hui nettement les investisseurs et réduit drastiquement le montant total de l'opération, auparavant compris entre 335 et 375 millions de dollars (jusqu'à 430 millions avec l'option de surallocation). Cnova regroupe depuis sa création en juin dernier les activités de CDiscount et de Nova Pontocom. La société représentait un volume d'affaires de 4,9 milliards de dollars en 2013, selon Casino. Cnova était jusqu'à présent détenu à 46,5% par Casino, et à 53,5% par CBD, Via Varejo et les actionnaires fondateurs de Nova Pontocom. Le site CDiscount est le premier e-commerçant français en chiffre d'affaires (1,4 milliard d'euros en 2013). L'e-commerçant a récemment ouvert un site pour la Colombie en coentreprise avec Exito ainsi qu'avec Big C en Thaïlande et au Vietnam. De son côté, Nova Pontocom est le deuxième site commerçant brésilien et a généré 1,5 milliard d'euros de ventes en 2013. Casino avait déjà déclaré le 5 juin que Cnova était destinée à rejoindre le marché américain, plus prometteur que la Bourse de Paris pour les valeurs technologiques, et avait confirmé cette opération le 31 octobre dernier.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Cinquième distributeur français sous les marques Casino, Franprix, Leader Price, Monoprix, Spar, leader au Brésil sous la marque GPA (premier contributeur au résultat du groupe), et n° 1 ou 2 en Colombie (Exit), en Thaïlande et au Vietnam (Big C) ; - Stratégie recentrée sur le commerce de proximité en France - avec la prise de contrôle total de Monoprix et de ses enseignes Monop' et Daily Monop - et quelques marchés internationaux ; - Réorganisation du groupe : division E-Commerce, scission de l'Amérique latine en 2 pôles, Latam Food et Latam Electronica avec Viavarejo, fusion des activités en France ; - En France, succès de Cdiscount dans le e-commerce et redressement des hypermarchés Géant repositionnés sur une offre à prix inférieurs à ceux de Leclerc ; - Taille critique acquise dans un nombre de pays limités et émergents (56 % des ventes), et montée en puissance de l'e-commerce (6 %) - Croissance organique sensiblement supérieure à celle de ses concurrents ; - Amélioration de la situation financière qui devrait se poursuivre en 2014.

Les points faibles de la valeur

- Groupe encore perçu comme fortement positionné en France malgré son développement rapide dans les émergents ; - En France, sensibilité au recul de la consommation et des prix, d'où la baisse de la rentabilité opérationnelle au 1er semestre 2014, absence de taille critique en hypermarchés et vive concurrence en hard discount affectant Leader Price ; - Exposition forte au Brésil - dégradation de la situation économique et sensibilité au real ; - Forte présence des intérêts minoritaires dans les filiales à l'étranger, qui pèse sur la rentabilité nette globale du groupe.

Comment suivre la valeur

- Forte sensibilité aux crises alimentaires (vache folle, grippe aviaire, plats surgelés non traçables...) ; - Pour 2014 et 2015, focus sur le désendettement ; - A l'international : développement au Maghreb, en Côte d'Ivoire et au Moyen-Orient (Qatar, Libye, Liban et Maroc à partir de 2014) et focus sur l'immobilier commercial en Colombie avec la filiale Exito qui, après sa levée de capitaux et l'achat de Super Inter, devrait accélérer son expansion ; - Vers une introduction à la bourse américaine de la filiale à 62,2 % CNova qui regroupe les activités de Cdiscount et de Nova Pontocom ; - Retour à la rentabilité de Géant Casino (10 % des ventes du groupe) après la réorganisation initiée en 2012 ; - Réalisation des objectifs 2014 : retour à la croissance des ventes en France, poursuite de la forte croissance à l'international et hausse de la rentabilité opérationnelle ; - Capital verrouillé, le holding Rallye détenant 50 % du capital et 61,3 % des droits de vote.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Distribution généraliste

La guerre des prix s'est encore intensifiée dans la grande distribution. Elle menace la viabilité des entreprises et l'emploi dans le secteur. Engagé également dans cette guerre, Auchan a subi un recul de sa rentabilité opérationnelle au premier semestre 2014 (- 13%). Depuis avril, il a réduit de 2,3% les prix de vente dans ses hypers. Mais cela n'a pas suffi à réduire l'écart avec le roi des prix bas, Leclerc. Système U n'a cessé de dénoncer les conséquences néfastes de cette forte concurrence, mais le groupement indépendant ne peut s'engager dans cette guerre. Il a donc choisi de se rapprocher d'Auchan dans le domaine des achats, pour s'adapter à cette évolution et mieux résister. Comme Auchan (qui détient 11,3% de part de marché), Système U (avec 10,6%) représente un acteur moyen du secteur. Ensemble, ils pèsent plus que Carrefour (20,6% de part de marché) et Leclerc (avec une part de marché de 20%), ce qui leur assure un certain pouvoir de négociation face aux industriels. Les analystes évaluent entre 0,5% et 1% la réduction consécutive de leurs coûts d'approvisionnement. FTB/ACT/