L'ère Streiff s'ouvre aujourd'hui chez PEUGEOT

06/02/2007 - 09:36 - Option Finance

(AOF) - Christian Streiff prend aujourd'hui les rênes de PSA Peugeot Citroën en remplacement de Jean-Martin Folz qui a fait valoir ses droits à la retraite. La communauté financière apprécient le "track record" industriel de celui qui a passé 26 ans chez Saint-Gobain jusqu'à occuper le poste de directeur général délégué. Christian Streiff est connu pour son fort caractère qui l'a poussé début novembre à démissionner de la présidence d'Airbus, faute de marge de manoeuvre pour la mise en oeuvre de son plan de restructuration "Power8". Le défi du nouveau président est triple : maîtriser les coûts, relancer l'innovation et redresser la marge opérationnelle. En raison de la hausse des prix des matières premières et de la faiblesse des marchés en Europe de l'Ouest, celle-ci est tombée à 2,4% au premier semestre 2006 et, d'après le dernier profit warning en date du 27 octobre, ne devrait même pas atteindre ce niveau au second semestre. D'après les estimations des analystes, la marge s'élèverait à 1,1% sur les six derniers mois de 2006, soit une marge annuelle de 1,7%. Ces résultats seront publiés demain. Au-delà des chiffres, les investisseurs s'intéresseront au programme de Christian Streiff pour remonter la pente. D'après Dresdner Kleinwort, il ne faut pas attendre dès mercredi des solutions de court terme ni des objectifs de moyen terme. Le nouveau président pourrait plutôt dresser les grandes lignes de son plan de mobilisation et donner rendez-vous au marché au printemps pour plus de détail. A moins qu'il n'ait réussi, comme chez Airbus, à élaborer un plan de restructuration en trois mois. Oddo accorde une probabilité de 30% à cette hypothèse, contre 50% pour la première. En Bourse, le titre Peugeot a gagné 3% en 2006, contre 32% pour son concurrent Renault qui a présenté en février son plan triennal "Renault Contrat 2009". Dresdner Kleinwort, Oddo Securities et Goldman Sachs affichent une opinion négative vis-à-vis de l'action. En revanche, Citigroup et Exane BNP Paribas ont adopté début janvier un conseil d'Achat. Ils placent leurs espoirs dans le "plan Streiff". (V.G.) (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Deuxième constructeur automobile européen, PSA Peugeot Citroën a affiché en 2005 une part de marché de 14,3 %. Les ventes du groupe dans le monde se sont montées à 3,39 millions de véhicules pour une part de marché de 5,4 %. Outre ses deux marques généralistes Peugeot et Citroën, le groupe comprend également : - un équipementier, Faurecia, leader européen et numéro 2 mondial dans la plupart de ses métiers (sièges, échappements,.) - Gefco, entreprise de transport et de logistique, 2ème en France dans son domaine - des sociétés de financement fédérées par la Banque PSA Finance - Peugeot Motocycles (scooters et cyclomoteurs de 50 à 125 cm3), 3ème constructeur européen - Peugeot Citroën Moteurs (PCM) pour la vente de moteurs et de boîtes de vitesses à des clients extérieurs au Groupe - Process Conception Ingénierie (PCI) pour la conception et la réalisation d'équipements industriels pour le Groupe et d'autres constructeurs mondiaux. Attachée à son indépendance, la société (une des dernières où la famille fondatrice est restée aux commandes) emploie 207000 personnes. Le 7 février 2007, le groupe publiera son CA annuel et son résultat pour l'exercice 2006.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Dans un secteur enclin aux fusions et acquisitions, la stratégie axée sur la croissance interne, que viennent compléter des coopérations ponctuelles se révèle payante. - PSA prévoit de renouer avec la croissance en 2007. Il entend profiter du rebond des ventes en Europe grâce à l'impact en année pleine de la 207 (500 000 ventes sont escomptées contre 308 000 en 2006), du monospace C4 Picasso lancé en octobre 2006, et des nouveaux 4x4 (4007 et C-Croser). Le groupe attend également un coup de pouce des véhicules utilitaires et de l'International, et notamment de la Chine, où la 206 sera commercialisée. - Le groupe privilégie la rentabilité aux volumes et se concentre sur les segments qui lui paraissent les plus rentables du marché. - L'arrivée du nouveau PDG Christian Streiff comme un catalyseur important peut mettre fin à cinq années de stagnation du cours de Bourse: fort du soutien de la famille Peugeot, le nouveua dirigeant pourra adopter une posture plus radicale que ses prédécesseurs en matière de restructuration. -La tendance des consommateurs à privilégier des véhicules respectueux de l'environnement devrait aussi jouer en faveur de Peugeot.

Les points faibles de la valeur

- La majeure partie du chiffre d'affaires est réalisée en Europe de l'Ouest, le développement international, le principal soutien à la croissance, restant limité. Le groupe investit cependant sur les marchés d'Europe centrale, d'Amérique du Sud et en Chine, où le style européen est bien reçu. - Le groupe, comme ses concurrents, souffre de la hausse du prix des matières premières. - Le marché de l'automobile connaît une concurrence sévère, notamment des constructeurs asiatiques qui gagnent régulièrement des parts de marché. -PSA a dégagé, en 2006, la marge opérationnelle la plus faible des constructeurs européens, derrière Fiat. -A court terme, peu de lancements sont attendus en 2007 pour redresser le mix produit. - Le groupe doit également faire face à l'absence de réelle stratégie de croissance à l'International et à une forte baisse du taux d'utilisation des capacités de production.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Pour suivre PSA, il est bien sûr indispensable de suivre l'évolution du marché automobile, particulièrement européen. - Les taux d'intérêt jouent aussi leur rôle dans l'évolution des ventes d'automobiles. Quand ils baissent, le coût du crédit pour les particuliers se bonifie, ce qui relance leur capacité d'emprunt, et donc la consommation. - Dans une activité fortement consommatrice de main d'œuvre, les évolutions sociales doivent être observées avec attention. - Enfin, dans un contexte de guerre des prix, il convient de suivre la politique commerciale des différents constructeurs, notamment en matière de remises.