Le dossier Airbus (EADS) au centre des discussions Chirac-Merkel

23/02/2007 - 09:00 - Option Finance

(AOF) - Jacques Chirac rencontre aujourd'hui Angela Merkel au château de Meseberg, à une centaine de kilomètres au nord de Berlin. Le dossier Airbus sera au coeur des discussions. D'après "Les Echos", une version remaniée du plan "Power 8" pourrait être soumise dès la semaine prochaine au conseil d'administration d'EADS, qui prévoirait l'externalisation d'autant de sites côté allemand que côté français. L'essentiel du dispositif resterait inchangé, notamment l'objectif de quelque 10.000 réductions de postes sur trois ans chez Airbus et ses sous-traitants, sans licenciement sec massif. "Les Echos" rappelle qu'à l'origine, le projet prévoyait davantage d'externalisation de sites côté allemand que côté français, Airbus France sous-traitant déjà une plus grande part de son activité qu'Airbus Allemagne. Dans le nouveau scénario à l'étude, le nombre des sites concernés serait identique de part et d'autre du Rhin, soit 4 en Allemagne (Varel, Nordenham, Laupheim et Buxtehude) et autant en France. En plus de Méaulte et de Saint-Nazaire ville, Louis Gallois ajouterait dans la balance d'autres établissements du groupe EADS, comme le site Sogerma de Rochefort, qui fabrique des sièges d'avions, et l'usine Socata de Tarbes, qui produit des avions de tourisme. Le Royaume-Uni et l'Espagne seraient également mis à contribution, avec la cession possible de Filton et de Puerto Real. Au final, l'effort serait ainsi également réparti entre les différents pays fabriquant les Airbus, au pro rata de leur part d'activité. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa, et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe européen et le second mondial d'aérospatiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services. EADS compte quatre divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places) qu'EADS détient à hauteur de 80% et qui est de loin le premier contributeur du chiffre d'affaires, l'aéronautique hors Airbus, l'espace (filiale Astrium ou Arianespace) et enfin la défense et la sécurité. En 2006, Airbus a obtenu le certificat de navigabilité de l'A380, appareil pour lequel il comptabilise 166 commandes fermes. Le groupe a lancé son programme sur l'A350, appareil qui concurrencera à la fois le Boeing 787 et le 777. Du côté du capital du groupe, Daimler Chrysler a fait part de sa décision de vendre 7,5% du capital détenu dans EADS. Le groupe aéronautique a annoncé un plan de restructuration baptisé "Power 8" en 2006 afin de produire plus de cash et de réduire ses coûts. Des précisions sont attendues en 2007. Les retards de livraison annoncés de l'A380 ont conduit EADS à rester prudent sur ses résultats 2007.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- En termes de livraisons, Airbus a dépassé pour la première fois de son histoire son concurrent Boeing en 2003, et a confirmé sa place de leader en 2004 et en 2005. - 2006 a été, sans conteste, une année difficle pour Airbus. Néanmoins, les risques qui entourent le dossier sont pris en compte dans le prix du titre alors que le marché tend à surestimer Boeing. Le lancement de l'A350, dont le carnet de commandes grossit, et l'audit de l'A400M marquent également, en 2006, un virage positif pour le constructeur. Airbus passe donc à l'offensive. - L'importance du carnet de commande d'Airbus laisse préssentir un retour de l'avionneur européen à une activité plus importante en 2007. - Airbus est en outre moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières. - Le plan de restructuration "Power8" pourra permettre au groupe de réduire ses coûts, à l'avenir. -Eurocopter a réalisé une année record en 2006 du point de vue du chiffre d'affaires et du nombre de commandes d'hélicoptères pour 2007. Le groupe a percé sur plusieurs marchés auqule il n'avait pas accès auparavant, comme le marché de la Défense américain.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place. - C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380. Pour le moment, Airbus a annoncé des retards de livraison pour l'appareil etcontinue de perdre des parts de marché sur le segment des long courriers. - Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains. EADS affiche toutefois sa volonté de poursuivre le rééquilibrage de ses activités, en développant encore son pôle défense. -Le groupe aéronautique a prévenu que sa division Airbus enregistrerait une perte opérationnelle en 2006 en raison notamment des charges liées aux retards de l'A380 et aux coûts des restructurations. - En termes de livraisons, Airbus a laissé sa place de leader au profit de Boeing en 2006.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes, lesquelles lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance. - Plus spécifiquement, le titre pourrait avoir un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et du secteur de la défense. Une alliance à trois, avec Thalès et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés. - On peut par contre craindre un afflux de titres sur le marché dans le cas où Lagardère déciderait de céder sa participation de plus de 15 %.