Smoby : un marché prudemment optimiste ?

20/03/2007 - 10:38 - Boursier.com

Le titre chute, mais ne s'effondre pas...

En annonçant le rachat de son principal concurrent Berchet en mai 2005, Jean-Christophe Breuil, le président du directoire de Smoby et héritier de l'entreprise familiale fondée en 1924, ne pensait pas qu'il aurait, moins de deux ans plus tard, à passer la porte du Tribunal de Commerce de Lons-le-Saunier pour demander la protection de la justice pour son groupe. C'est pourtant ce qu'il a dû se résoudre à faire pour restructurer plus sereinement la dette du numéro deux européen du jouet. Voyant le risque de cessation de paiements se profiler, le dirigeant a pris les devants en demandant pour Smoby le bénéfice de la procédure de sauvegarde. Ce système relativement neuf (Eurotunnel en a bénéficié) est destiné à anticiper, autant que faire se peut, des difficultés plus importantes à venir. Il vise surtout à se focaliser sur la poursuite de l'activité de l'entreprise en la protégeant de la pression de ses créanciers, à l'image du processus américain dit "Chapter 11". La procédure de sauvegarde cherche également à éviter à l'entreprise de sombrer dans la spirale du redressement judiciaire, un système dont les résultats sont particulièrement mauvais dans l'hexagone. Bref, Smoby a un gros problème de dette, et espère que la procédure lui sera ouverte pour permettre un rééchelonnement plus serein. Comment en est-on arrivé là ? Au début des années 2000, la direction de Smoby avait bien compris qu'il fallait grandir ou mourir, sur un secteur de plus en plus concurrentiel et tourné vers la production à bas coûts. En 2003, le groupe jurassien procède à l'acquisition de Majorette et Solido pour 25 millions d'euros, auprès de l'allemand TriumphAdler. Une opération intéressante, qui offre une dynamique de croissance nouvelle. En 2005, alors que son principal concurrent hexagonal Berchet est en grandes difficultés, Smoby a l'opportunité de s'en rapprocher, pour atteindre la taille "critique" dans le secteur (A l'époque, Berchet réalise 135 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, Smoby environ 290 millions d'euros). Il s'agit également d'éviter qu'un acteur asiatique ne s'empare de Berchet et ses marques pour en faire sa rampe de lancement sur le vieux continent. Décision est donc prise de fusionner avec Berchet. Malgré des ambitions élevées en terme de synergies entre les deux entreprises, qui partagent certaines valeurs communes, le processus est compliqué. Lourdement endetté, Berchet grève le bilan, tandis qu'il faut abandonner certaines lignes de produits trop déficitaires et réorganiser la production. La période de Noël qui suit, cruciale pour le groupe, est un cru médiocre. Dans le même temps, le prix des matières premières ne cesse d'enfler. La spirale est donc enclenchée. Malgré les efforts drastiques accomplis pendant 18 mois, qui aboutissent à un retour aux bénéfices opérationnels courants, le poids des frais financiers liés à l'endettement pèse trop lourd dans la balance pour Smoby. Le choix de la procédure de sauvegarde est apparu aux dirigeants comme le plus adapté à la situation actuelle, si bien sûr le tribunal accepte sa mise en place. Si tel est le cas, la direction actuelle pourra poursuivre, sous tutelle, ses efforts. Elle offrira en outre une plus grande sérénité dans la recherche d'un partenaire financier minoritaire, que le groupe a peiné jusque-là à trouver. Jean-Christophe Breuil explique de surcroît que "la pérennisation des activités et de l'environnement de Smoby Majorette passera nécessairement par une recapitalisation du groupe", qui devrait être prochainement annoncée. L'enjeu est de taille : préserver le second acteur européen du jouet (derrière Lego) et le dernier grand représentant de l'industrie en France. Environ la moitié des 2.750 employés de Smoby sont localisés dans l'hexagone, à l'heure où 80% des jouets vendus dans le monde sont fabriqués en Chine. L'Ain (Oyonnax) et le Jura (Lavans, Arinthod, Moirans) craignent désormais de payer un lourd tribut à la restructuration financière qui se profile. A Paris en matinée, le titre, dont la cotation avait été suspendue hier, recule de 9,1% à 30,90 euros, après avoir perdu jusqu'à 18%. Le groupe ne pèse plus que 28 Millions d'Euros en bourse.



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