Hausse des taux obligataires : n' est-il pas temps de faire une pause?

26/05/2006 - 13:00 - Option Finance

(AOF) - Par Philippe Brossard, directeur de la recherche, Euler Hermes SFAC Les taux d'intérêt à long terme ont augmenté de 100 points de base aux Etats-Unis comme dans la zone euro en sept mois. Les observateurs s'accordaient en 2005 à les juger trop bas, pour deux raisons. D'abord, les taux réels (des emprunts d'Etat indexés sur l'inflation), descendus à 1 % dans la zone euro et à 1,5 % aux Etats-Unis, semblaient insuffisants par rapport aux rendements potentiels des autres actifs : monétaires, actions, immobilier. Ensuite, les anticipations d'inflation (écart entre les taux longs et les taux réels), qui étaient à 2,5 % aux USA et 2 % en zone euro, pouvaient être jugées trop basses, alors que la hausse des matières premières laissait craindre une accélération de l'inflation. La hausse des taux longs est venue des taux réels, alors que les anticipations d'inflation sont demeurées stables. Les taux réels (2,5 % aux Etats-Unis), 2 % en Europe, sont désormais très compétitifs par rapport au rendement des autres actifs. Rappelons que ces taux réels sont garantis in fine par les Etats, et sont donc sans risque autre que la faillite des Etats. Si la correction sur les taux réels semble faite, faut-il redouter une seconde vague de hausse des taux, provenant cette fois de la hausse de l'inflation anticipée ? Malgré une hausse cumulée du prix des matières premières de 60 % depuis 2001, l'inflation n'accélère nulle part dans le monde. A la rareté relative des matières premières, s'oppose l'abondance durable d'une main d'œuvre mondiale bon marché, qui maintient une tendance déflationniste sur les biens manufacturés. Les anticipations d'inflation nous paraissent donc réalistes - voire un peu excessives.