(AOF) - La rumeur qui courait sur les marchés depuis la fin novembre 2006 a été confirmée par Nestlé ce matin: le groupe agroalimentaire suisse va procéder au rachat de la marque d'alimentation pour bébés de Novartis, Gerber. L'opération, qui s'élève à 5,5 milliards de dollars, s'inscrit dans la droite ligne des ambitions stratégiques revendiquées par Nestlé. Le groupe souhaite en effet se concentrer sur les domaines de la nutrition, de la santé et du bien-être. Le rachat devrait être bouclé dès le second semestre 2007, après approbation par les autorités réglementaires. Quatre mois après l'acquisition des activités de nutrition médicale de Novartis pour 2,5 milliards de dollars, Nestlé poursuit sa réorientation stratégique. La somme de 5,5 milliards de dollars, qui devrait être payée en numéraire, représente un multiple de 2,8x le chiffre d'affaires de Gerber. Un prix raisonnable lorsqu'on le compare aux multiples observés lors des récentes opérations dans le secteur de l'alimentation (avec une moyenne de 2,5x pour les grosses opérations) et dans celui de la nutrition et de la santé (3,3x). Helvea, qui reste à accumuler sur le titre, avec un objectif de cours de 545 francs suisses, juge cette opération sensée et peu chère. Grâce à ce rachat, Nestlé détiendra une position de leader dans l'alimentation pour bébés sur le premier marché du monde, les Etats-Unis. Les synergies de coûts générées par cette acquisition sont évaluées par Nestlé à 95 millions de dollars en 2011. L'opération devrait avoir un effet neutre sur le bénéfice par action 2007, et positif au-delà. Le pôle Nestlé Nutrition, créé en 2005, voit Gerber s'ajouter à de grandes marques telles que Jenny Craig, acheté en 2006 pour 600 millions de dollars. Gerber devrait réaliser en 2007 un chiffre d'affaires de 1,95 milliard de dollars, ce qui portera le volume d'activité de Nestlé Nutrition à environ 10 milliards de francs suisse. Cette envergure permettra au groupe de mieux amortir ses dépenses de recherche et développement. Rappelons que lors de la présentation des résultats annuels du groupe, Peter Brabeck-Lemathe avait déclarer tabler, pour 2007, sur une croissance organique du chiffre d'affaires consolidé comprise entre 5% et 6% et une marge opérationnelle en progression à taux de change constants malgré le maintien de la forte pression des coûts. Nestlé compte augmenter ses prix au cours de l'année pour refléter le coût croissant des matières premières. Le titre cote 483 francs suisses, en baisse de 1,38%. (A.C-F) (AOF)
Fondé en 1866, Nestlé est aujourd'hui le premier groupe agroalimentaire mondial, mais aussi le plus mondialisé, avec une présence revendiquée dans pratiquement tous les pays du globe. Le groupe suisse emploie environ 247000 personnes. Outre les produits alimentaires et les boissons, Nestlé est présent dans l'alimentation pour animaux domestiques (Ralston Purina). Le groupe opère notamment sous les marques Perrier, Nescafé, Crunch, Buitoni, Friskies.
Les points forts de la valeur
- Nestlé bénéficie de marques à forte notoriété. - Le groupe est très diversifié, tant au niveau de ses activités qu'au niveau géographique. - La solidité financière du groupe (noté AAA) lui permet de mener une politique d'acquisitions dynamique.
Les points faibles de la valeur
- Le marché de l'agroalimentaire est un marché mature et qui subit l'atonie de la consommation en Europe. - Le groupe est sensible aux variations des taux de change, d'autant que sa monnaie nationale, le franc suisse, est une monnaie forte.
- Nestlé est une valeur défensive. En effet, même en cas de ralentissement économique, les ménages auront toujours besoin de produits alimentaires. L'indice de confiance des consommateurs est néanmoins à surveiller. - Le titre peut réagir aux chiffres de consommation des ménages. - Le prix de certaines matières premières alimentaires, comme le cacao ou le café, influe sur les marges du groupe.