Défense : Thales et Finmeccanica se fontles yeux doux

17/04/2007 - 15:43 - Boursier.com

Safran dans la ronde...

Le grand meccano de l'industrie européenne de l'aéronautique / défense est en train de se structurer autour de quelques grands acteurs, comme les spécialistes en avaient émis le souhait il y a plusieurs années déjà. Alors qu'EADS est convalescent et que les acteurs britanniques ont tourné le dos au vieux continent pour se lancer à l'assaut des Etats-Unis, trois grandes entreprises se retrouvent au centre des discussions : les français Thales et Safran et l'italien Finmeccanica. Un sujet brûlant à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle française. Dans ce contexte électoral, l'initiative prise par 'Les Echos' et le 'Financial Times' (qui font partie du même groupe) d'interroger respectivement le président de Finmeccanica Pier Francesco Guarguaglini et son homologue de Thales Denis Ranque n'apparaît pas innocente. Leurs interviews publiées ce matin sont d'ailleurs assez symétriques et aboutissent à une même conclusion : Thales et Finmeccanica doivent accroître leur coopération, en favorisant les coentreprises. Jusque-là, les deux groupes étaient surtout concurrents dans l'électronique. Mais le rachat par Thales des actifs spatiaux d'Alcatel, validé il y a quelques jours par la Commission Européenne, a noué des liens. Telespazzio et Alenia Space étaient des co-entreprises Alcatel / Finmeccanica, elles sont devenues Thales / Finmeccanica. Désormais, les deux dirigeants ont un but commun avoué, l'extension du partenariat à l'électronique de défense. "Avec Thales, Finmeccanica serait aussi fort que les américains dans l'électronique de défense", clame Pier Francesco Guarguaglini dans 'Les Echos'. "Il y a clairement un projet politique et industriel pour renforcer notre partenariat avec Finmeccanica dans l'espace et les autres activités", lui répond Denis Ranque dans le 'FT'. Mais les ambitions des deux groupes ne s'arrêtent pas là. Le patron de Finmeccanica regarde également du côté d'EADS, sous différents angles. En préparant une entrée dans le projet A350 d'abord, mais également en reprenant la part de 50% détenue par le groupe européen dans leur coentreprise ATR, le spécialiste des avions régionaux à hélices. Annoncé de longue date, ce mouvement stratégique peine à se concrétiser. Pier Francesco Guarguaglini rêve cependant de créer un grand pôle d'aviation régionale, lui qui a pris une participation stratégique dans le projet russe Superjet 100 de Sukhoï. Il réfléchit d'ailleurs à d'autres partenariats avec EADS, tout en évoquant l'éventualité de tels projets de la part de... Thales. Le dossier Safran est également au coeur des préoccupations des deux dirigeants. Fragilisé par l'échec de la fusion Sagem / Snecma, le groupe de Jean-Paul Béchat, désormais sous la curatelle de Francis Mer, doit se recentrer pour repartir de l'avant, selon les analystes financiers. Ceux-ci jugent que son pôle Défense et Sécurité offrirait une belle complémentarité avec les activités électroniques de Thales. Un scénario que les états-majors des deux groupes n'ont pas démenti formellement et qui est revenu au goût du jour alors que Francis Mer et Denis Ranque se seraient récemment rencontrés pour évoquer l'avenir, selon des informations révélées début avril par 'Le Figaro'. Des ambitions tous azimuts, donc, alors que l'Europe de l'aéronautique a bien du mal à prendre corps depuis la constitution d'EADS. "En terme d'européanisation, nous ne progressons pas, nous régressons", a d'ailleurs regretté Denis Ranque dans les colonnes du 'FT'. "Etant données les tensions existant entre certains pays européens, il y a très peu de mouvements qui seraient aujourd'hui politiquement acceptables", a ajouté celui qui vient de parvenir, après des années d'atermoiements, à sceller des liens étroits avec la DCN dans le domaine naval. En tout état de cause, le mot de la fin revient à Pier Francesco Guarguaglini, bien conscient des enjeux politiques majeurs que constitue la consolidation sectorielle : "Nous y verrons plus clair après les élections françaises", prophétise-t-il. Les marchés financiers, eux, le souhaitent depuis longtemps. Reste que les candidats à l'élection ne se sont pas, ou peu, prononcés sur cette question. Une chose est sûre, rien ne se fera sans l'aval de l'Elysée dans ce domaine sensible, quel que soit son futur occupant.



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