Devises : l'euro sur des records, le yen se réveille

30/04/2007 - 14:16 - Boursier.com

1,3682 vendredi...

L'euro a fixé, vendredi 27 avril, un nouveau record historique face au billet vert, à 1,3682. Il s'agit d'une progression de plus de 17% sur le premier cours de la monnaie européenne début 1999, à 1,1680 dollar. Le précédent pic datait de la fin de l'année 2004 : il fallait à l'époque 1,3633 dollar pour obtenir 1 euro. Ce nouveau sommet a été atteint dans un contexte de ralentissement de l'économie américaine, qui devrait pour la première fois depuis plusieurs années progresser à un rythme inférieur à celui de son homologue européenne. C'est d'ailleurs la confirmation de cette tendance, vendredi, qui a entraîné un nouveau bond de la monnaie de l'Union. La croissance du PIB américain a en effet été calculée à 1,3% en rythme annualisé au 1er trimestre 2007, selon la première estimation officielle. Un niveau inférieur aux attentes des économistes, qui tend à prouver que le moteur de la croissance mondiale baisse de régime. La tendance haussière de l'euro pourrait encore s'affirmer à court terme, en dépit d'une légère détente constatée ce lundi. Malgré une semaine tronquée par le 1er mai, une batterie d'indicateurs macroéconomiques est attendue outre-Atlantique ces prochains jours. Ils permettront de prendre le pouls de l'économie américaine et de déterminer si l'état du patient est stabilisé, ou si une dégradation est en vue. Pour l'heure, les économistes s'attachent à dire que l'atterrissage se fait "en douceur", c'est-à-dire progressivement et de façon contrôlée, alors qu'ils craignaient encore à l'automne une décélération brutale. Plusieurs spécialistes pensent que les économies des économies émergentes, au premier rang desquelles celle de la Chine, sont en train de prendre le relais, permettant en particulier à l'Europe de bien se comporter. Mais la tendance à l'appréciation semble procéder d'une tendance de fond. C'est l'opinion de l'économiste Patrick Artus de Natixis. "Il est probable que, même à un rythme lent, même de manière discontinue, l'euro va s'apprécier en tendance par rapport au dollar, puisque les pays émergents gèrent une appréciation lente de leurs devises par rapport au dollar, que la demande d'euros croît progressivement par rapport à la demande de dollars", expliquait-il dans une étude publiée la semaine dernière. Cela aura d'inévitables conséquences sur la structure de l'économie européenne, selon le spécialiste, notamment en termes de délocalisations vers les pays émergents et de spécialisation des Etats de l'Union vers les services protégés, au détriment des produits manufacturés. L'exception qui confirme la règle est l'Allemagne, le champion de l'exportation, que la qualité de sa production rend peu sensible à la compétitivité-coût et qui devrait s'enrichir. A ce mouvement en profondeur, s'ajoute une spéculation accrue sur le billet vert, qui a tendance à amplifier les écarts. "Il s'agit de l'une des positions vendeuses sur le dollar parmi les plus importantes jamais constatées", expliquait à l'Agence Bloomberg l'économiste et stratège Dennis Gartman, visiblement préoccupé par l'abondance de spéculateurs à la baisse sur la monnaie américaine. Pendant ce temps, de l'autre côté de la planète, le yen enregistre une reprise après de nouveaux planchers. La devise japonaise profite d'un resserrement réglementaire chinois sur les dépôts bancaires pour retrouver des couleurs, et mettre un peu de pression sur le fameux "carry trade", cette stratégie d'investissement qui repose sur l'exploitation des décalages existant entre taux d'intérêt. Le yen constitue depuis plusieurs années un support de qualité pour cette pratique. Les fonds spéculatifs et les grandes banques commerciales empruntent en monnaie japonaise, dont le taux de loyer est faible et relativement prévisible à terme, pour investir dans des actifs en dollars ou en euros, mieux rémunérés par le seul fait que les banques centrales américaine, européenne et britannique, ont resserré leurs taux alors que la Banque du Japon pratique une politique de taux bas. Ainsi le yen est-il tiré à la baisse par cette intense spéculation, risquée mais dans laquelle beaucoup se retrouvent. L'effondrement de cette architecture lucrative est l'un des "serpents de mer" des marchés financiers, même si la Banque du Japon, qui détient une partie des clefs de l'édifice, n'a guère de raisons d'y mettre fin dans le contexte actuel. La remontée du yen pourrait d'ailleurs se poursuivre ces prochains jours, car le Japon entre dans la période du golden week, durant laquelle la vie économique tourne au ralenti du fait de la succession des jours fériés. Les traders à la vente se reposent aussi parfois.



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