En début de semaine, Danone avait pris tout le monde à contre-pied en annonçant son projet de lever 3 Milliards d'Euros sur le marché via une augmentation de capital. La direction jugeait "pertinent et dans l'intérêt des actionnaires d'optimiser de façon proactive la structure de capital de la société afin d'accroître sa flexibilité financière et stratégique". Le produit de l'opération est destiné à "renforcer la structure financière" et "accroître la flexibilité financière et stratégique".
Chose promise, chose due. Trois jours plus tard, le géant des produits frais, des eaux et de la nutrition a formalisé son offre pour un lancement dès lundi 1er juin. Danone propose à ses actionnaires d'acheter des actions à 24,73 Euros, qui offrent une décote d'environ 31% sur le cours actuel du titre, voisin de 36,50 Euros. En cas de difficultés à convaincre les investisseurs, ce qui semble peu probable, un syndicat bancaire a garanti la totalité du placement. La période de souscription des actions nouvelles commencera donc dès lundi et s'achèvera le 12 juin. "Nous avons le soutien de tous nos plus gros actionnaires", a expliqué ce matin Emmanuel Faber, le patron opérationnel du groupe, lors d'une conférence téléphonique tenue ce matin. Il a encore insisté, comme ce fut le cas, sur le caractère "prudentiel" de cette levée de fonds, qui doit permettre de faciliter le passage de la période de crise, que Danone envisage de façon plus pessimiste que la moyenne.
L'augmentation de capital ne cesse pourtant d'étonner. Certes, l'entreprise s'est endettée pour racheter le néerlandais Numico pour 12,3 MdsE en 2007. Une dette évaluée à 11 MdsE environ. Mais elle a dégagé un profit net de 1,3 MdE en 2008 et dispose de ratios de couverture relativement corrects, d'autant plus dans un secteur relativement protégé. Dans une étude publiée la semaine dernière, le Crédit Suisse évaluait à 7 MdsE les liquidités actuelles de Danone, dont 5,3 MdsE de lignes de crédit existantes et non-utilisées. Le groupe de Franck Riboud ne semble pas vraiment aux abois malgré des frais financiers conséquents à verser pour ses dernières opérations. Plusieurs analystes ont estimé que son équilibre financier ne serait pas vraiment menacé même s'il devait racheter les minoritaires de sa filiale espagnole suite au décès de Daniel Carasso, le fondateur de la marque et principal actionnaire de cette entité (45% du capital valorisés 2,3 MdsE fin 2008). En outre, l'hypothèse d'un mouvement défensif destiné à protéger le groupe d'une tentative hostile ne semble pas vraiment à l'ordre du jour, même si par le passé Danone a fait l'objet de spéculations récurrentes en ce sens.
Pour plusieurs analystes, il s'agit surtout pour Danone d'alléger son bilan qui, sans être inquiétant, a pu peser sur le dossier en période de crise économique. Mais l'entreprise profitera également de l'occasion pour renforcer sa capacité d'acquisition sur des cibles petites à moyennes, dans un contexte où les valorisations sont très intéressantes. "Cette opération n'était pas vraiment attendue mais permettra de lever tous les doutes éventuels sur le niveau d'endettement et le respect des échéances de remboursement... le groupe va retrouver une marge de manoeuvre confortable pour des opérations de croissance externe, notamment dans les produits laitiers frais en Asie et dans la nutrition infantile, afin de profiter des opportunités que la crise pourrait provoquer", écrivait en début de semaine l'analyste Jean-Marie Lhomé, d'Aurel ETC Pollak.
Danone n'a pas écarté non plus l'idée de procéder à des acquisitions, mais de taille modeste, a martelé la direction en début de semaine. Or voilà que ce matin Emmanuel Faber a semé le trouble en évoquant durant la conférence la possibilité de réaliser "de grosses acquisitions à moyen terme". Une déclaration qui ne cadre pas vraiment avec les positions récentes, même si le dirigeant a écarté une "acquisition transformant". Cela avait été le cas du rachat en 2007 du néerlandais Numico, le spécialiste de la nutrition infantile et médicale, qui avait rejoint le groupe au détriment des biscuits, cédés concomitamment à l'américain Kraft Foods. Mais entre de petites opérations et les 12,3 Milliards d'Euros versés pour Numico, il reste de la place pour des opérations majeures. Les paris sont ouverts. Aurel ETC Pollak pense que la priorité de Danone ira à la nutrition clinique. Le groupe est en effet confronté à une stagnation de ses activités dans les eaux et à un ralentissement de l'expansion dans les produits frais. En revanche, les activités de Numico ont le vent en poupe, crise ou pas. Le moteur de croissance de Danone s'est ainsi déplacé vers la nutrition, aussi serait-il logique qu'il mette l'accent sur cette spécialité. Le bureau d'analyses Oddo Securities évoque de son côté la piste des minoritaires espagnols, qui n'apporterait cependant rien de neuf au niveau stratégique. Il évoque également une prise de contrôle du japonais Yakult, dont Danone détient 20%, et qui est le numéro un mondial des "probiotiques". Mais les accords actuels entre les deux entreprises empêchent l'opération jusqu'en 2014, sauf modification des termes de la collaboration. A moins que Franck Riboud ne surprenne encore son monde, lui qui a pour sage habitude de tenir le plus secrètes possibles ses intentions jusqu'à la dernière minute...
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Dernière cloture | 60.01 EUR | ||||||||
Date du cours | 26/03/2024 | ||||||||
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