(AOF / Funds) - Juillet 2007-juillet 2009, l'heure est à un premier bilan de deux années qui ont bouleversé l'industrie de la gestion d'actifs. Ces deux années ont été marquées par une recherche effrénée de sécurité et de liquidité. Pourtant, depuis le début du deuxième trimestre, la pression vendeuse sur les classes d'actifs les plus touchées par la crise semble se relâcher progressivement. Retournement de tendance durable ou embellie passagère ?
Après quatre années sans nuage, l'horizon de la gestion collective s'est nettement obscurci à partir de l'été 2007. Les actifs gérés pour compte de tiers au sein du marché français ont tout juste progressé de 3,5 % à 2 655 milliards d'euros en 2007, selon les estimations de l'AFG (Association française de la gestion financière), après quatre années de progression à deux chiffres. Les fonds alternatifs, les fonds à formule et les fonds diversifiés ont enregistré des souscriptions nettes positives. Au contraire, les fonds de trésorerie et de trésorerie dynamique ont subi des décollectes importantes. Si l'on se focalise sur les fonds commercialisés de droit français, le tableau est plus sombre. Les statistiques d'Europerformance font apparaître une décollecte de plus de 36 milliards d'euros sur l'année, contrastant fortement avec les collectes annuelles de plus de 72 milliards en 2006 et de 62 milliards en 2005. L'année avait pourtant bien commencé... En mai, les encours du marché français de la gestion collective avaient en effet touché un sommet à 1 039 milliards d'euros, mais les actifs gérés dans les OPCVM de droit français sont finalement retombés en fin d'année à 922 milliards d'euros, sous leur niveau de décembre 2006, reflétant ainsi une diminution des encours de 1,3 % en un an. La crise des "subprimes" a fait apparaître la différence fondamentale entre les OPCVM monétaire et monétaire dynamique, une appellation aujourd'hui rejetée pour avoir entretenu un sentiment de sécurité illusoire. Les principaux établissements de réseau français, qui se partageaient habituellement les premières places du classement de la collecte sur les fonds ouverts de droit français, se sont retrouvés pour beaucoup d'entre eux parmi les grands perdants de l'année 2007. BNP Paribas et AXA ont payé au prix fort les problèmes de leurs fonds monétaires dynamiques investis dans des titrisations de crédits hypothécaires américains. De même, Oddo a dû liquider trois de ses fonds monétaires dynamiques. Aux côtés des fonds monétaires dynamiques, les produits de performance absolue ont également subi la défiance des investisseurs.
En 2008, la crise financière s'est muée en crise économique. La chute de Bear Stearns et surtout la faillite de Lehman Brothers en septembre ont fait vaciller le système financier dont la réputation a par ailleurs été sévèrement entachée par les affaires Kerviel et Madoff. Selon les chiffres de l'AFG, les actifs gérés pour compte de tiers sur le marché français étaient estimés fin 2008 à 2 360 milliards d'euros, en recul sur un an d'un peu plus de 11 %. "Cette évolution, qui tranche sur celles de la dernière décennie, est essentiellement due aux conditions de marché très défavorables", estime l'Association qui précise que, si les actifs des OPCVM ont reculé d'environ 15 % à 1 245 milliards d'euros, les rachats ont été limités (3,7 % des actifs gérés). Ils se sont concentrés sur certaines classes d'actifs ayant subi plus fortement l'impact de la crise. Selon les informations de l'AFG, les mandats, pour leur part, auraient diminué d'environ 6 % à 1 115 milliards, soutenus notamment par l'apport stable de l'assurance vie et par la bonne résistance de la gestion financière en France d'OPC étrangers, qui représentent 165 milliards d'euros. Si l'on se concentre sur les fonds ouverts de droit français, l'encours est tombé à 766 milliards d'euros fin 2008 contre 922 milliards un an plus tôt, soit une baisse de 17 %, selon les statistiques d'EuroPerformance. Cette baisse d'encours a ainsi ramené la gestion française à son niveau de mi-2005. La baisse des marchés a réduit de plus de 104 milliards l'encours géré tandis que les rachats nets de la part des investisseurs ont pesé à hauteur de 39 milliards d'euros, soit un peu plus de 4 % des encours. Ce sont les produits de performance absolue, les produits de trésorerie dynamique et les fonds alternatifs qui ont été en première ligne des rachats, mais la dégradation du climat économique a également touché les fonds actions qui ont vu fondre leurs encours de plus de 40 % sous l'effet conjugué de la chute des marchés et des retraits.
Alors que les fonds de trésorerie dynamiques souffrent toujours de rachats, la catégorie des OPCVM de trésorerie a rassemblé plus de 34 milliards d'euros sur le premier semestre 2009. Le phénomène a été particulièrement massif au premier trimestre où la collecte nette sur les fonds de trésorerie régulière a dépassé les 40 milliards d'euros. Et la performance n'y est pour rien puisque l'indice EuroPerformance du compartiment Trésorerie régulière a délivré ses plus mauvais rendements mensuels depuis une dizaine d'années, tombant même à moins de 0,06 % en juillet (tout juste au-dessus de l'Eonia). Au-delà de la recherche de sécurité et de liquidité, quelques nouvelles tendances se dessinent ces derniers mois. La demande pour les OPCVM Obligations s'affirme et se concentre sur les fonds aux maturités inférieures à cinq ans, les investisseurs profitant d'une rémunération élevée du risque crédit. Par ailleurs, la collecte reprend timidement sur les fonds actions, dynamisée par l'embellie sur les marchés. Les investisseurs privilégient les fonds d'actions internationales (notamment les pays émergents), les fonds d'actions Asie et les fonds d'actions européennes, délaissant les fonds d'actions françaises. Les fonds diversifiés, de leur côté, ont mis fin en avril à une série de 20 mois consécutifs de décollecte. Les opérations d'investissement sur les diverses allocations des fonds diversifiés euro et internationaux sont toutefois modérées et particulièrement ciblées, tandis que les chiffres de la collecte sur les fonds d'obligations convertibles et les fonds absolute return sont en constante amélioration, confirmant la tendance des investisseurs à de nouveau se positionner sur ce type de produits. Enfin, EuroPerformance perçoit progressivement, un inversement de tendance au courant vendeur amorcé en août 2007 sur la gestion alternative. Au total, le marché français a clôturé le premier semestre 2009 à un niveau d'encours estimé de 827 milliards d'euros, soutenu par une collecte de 39 milliards d'euros, tandis que l'effet marché aura apporté un peu plus de 22 milliards d'euros sur six mois à la faveur du rebond des actions à partir du mois de mars. La croissance du marché depuis le début de l'année est ainsi estimée par EuroPerformance à + 7 %, contre un repli de - 8 % au cours du premier semestre 2008.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
Souscription en ligne
Plus besoin de remplir à la main tous les bulletins de souscription grâce à la pré-saisie ! Gagner en rapidité et en efficacité.
Des frais réduits
Nos équipes négocient avec les sociétés de gestion des frais réduits.
Des professionnels
à votre écoute
Nos experts sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches du lundi au vendredi : 0 805 09 09 09 (appel gratuit)