La dernière lettre de Conjoncture Immobilière des Notaires de Paris/Ile-de-France en apporte une nouvelle et éclatante démonstration : les prix de l'immobilier parisien sont de plus en plus prohibitifs. Selon les notaires, le prix du m2 (mètre carré) dans l'ancien a progressé de 3,1 % sur le seul 2e trimestre 2010 et de 9,8 % sur un an. Dans 13 arrondissements des 20 que compte Paris affichent des prix à des plus hauts historiques et un acquéreur doit désormais être prêt à payer le prix record de 6.680 euros le m2, s'il souhaite acheter à Paris dans l'ancien.
Les prix n'augmentent pas qu'à Paris. La banlieue parisienne connait le même phénomène mais à une échelle moindre. En petite couronne, le m2 s'est apprécié de 2,5 % au 2e trimestre. En grande couronne, la hausse est plus modérée (+1,5 %). Sur l'ensemble de l'Ile-de-France, les prix à l'achat d'un appartement dans l'ancien ont progressé de 2,6 %. L'écart de valorisation de l'immobilier entre Paris et banlieue s'accentue, puisqu'il ne faut débourser « que » 3860 euros du m2 pour acheter en petite couronne, et encore moins pour acquérir en grande couronne (2 900 euros du m2, soit 2,3 fois moins qu'à Paris).
Dans Paris intra-muros, on relève toujours une grande amplitude de prix entre les différents quartiers : celui du Pont de Flandres dans le 19e arrondissement offre aux acquéreurs le prix médian le moins onéreux de la ville lumière (4840 euros le m2), quand Saint-Germain exige 12440 euros le m2. Avec un prix médian de 9990 euros par m2 dans l'ancien, le 6e arrondissement reste le plus prisé des arrondissements parisiens. Viennent ensuite le 7e (9730 euros/ m2) et le 4e (9560 euros/ m2). Le 1er arrondissement (8690 euros/ m2), le 5e (8530 euros) et le 3e (8230 euros) sont juste un cran en dessous. A l'autre bout de l'échelle des prix, le 19e (5350 euros/ m2), le 20e (5450 euros/ m2), et le 18e (5900 euros/ m2) restent les arrondissements les plus abordables de la capitale.
Les prix ne sont pas les seuls à augmenter. Les volumes de transactions le font aussi. En Ile-de-France, tous logements confondus, les ventes ont bondi de 38 %. Celles d'appartements anciens enregistrent une avancée de 41 %, tandis que dans le neuf elles ne progressent que de 8 %. A Paris, les ventes d'appartements dans l'ancien sont également en redressement (+ 33 % sur un an). Toutefois, cette sensible amélioration ne permet pas de revenir dans la capitale au niveau moyen des transactions qui avait cours entre 1999 et 2007 : 8180 appartements anciens ont été en effet vendus au 2e trimestre 2010 à Paris, c'est 19 % de moins que le niveau moyen d'activité enregistré lors des 2emes trimestres de la période 1999/2007. Dans le neuf, seuls 110 appartements ont été vendus au cours des mois d'avril, mai et juin. A l'origine des tensions sur les prix, encore et toujours la pénurie d'offre. Les notaires relèvent que la construction neuve « reste globalement en panne » et que « le nombre de logements neufs à vendre est (...) très faible. » Dans l'ancien, bien que les prix soient élevés, les propriétaires paraissent réticents à mettre leurs biens en vente sur le marché. Mais à quoi bon vendre si trouver un autre logement s'apparente à un chemin de croix ? En tout état de cause, l'inertie de l'offre contraste avec le dynamisme de la demande. La baisse des taux d'intérêt ainsi que des dispositifs fiscaux et financiers plutôt incitatifs ont encouragé la demande d'achat, sous toutes ses formes. Les notaires constatent que « les acquéreurs sont autant des investisseurs pour les biens neufs ou anciens que des secundo-propriétaires qui revendent leur bien pour en acquérir un nouveau, ou encore des primo-accédants. » Ces derniers sont d'autant plus incités à passer à l'achat que les loyers flambent en raison de la faiblesse de l'offre locative.
Si les chiffres du mois de juillet ne semblent pas présager une inversion de tendance, les notaires franciliens estiment que les prix de l'immobilier en Ile-de-France pourraient bien finir par se stabiliser car « la situation économique, financière et sociale en France reste marquée par une vive incertitude quant à l'avenir.» En outre, la hausse actuelle des prix ne repose que sur un déséquilibre de l'offre et de la demande, et son rythme est tel que la solvabilité des acquéreurs sera très vite compromise.
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