(AOF / Funds) - Sans nul doute, la question des monnaies figurera en tête de l'ordre du jour du prochain G20 des 11 et 12 novembre. La Chine semble prête à accepter une appréciation du yuan de 3 % à 5 % par an. Mais un mouvement de cette ampleur sera loin d'assurer le nécessaire rééquilibrage. Pour donner un ordre d'idées, une appréciation de 10 % du taux de change effectif chinois réduirait de 0,4 point de PIB l'excédent externe chinois au bout d'un an. Toutes choses égales par ailleurs, une appréciation de 5 % d'yuan diminuerait ainsi le solde du compte courant chinois de 5 % du PIB (son niveau actuel) à 4,8 %. Par ailleurs, il faut avoir à l'esprit que les ajustements de taux de change n'apportent aucune garantie sur le rééquilibrage mondial des balances courantes. En la matière, l'accord du Plaza en 1985 devrait servir de leçon. Le yen, bête noire des Américains à l'époque, s'était nettement apprécié après l'accord. Mais l'appréciation de la devise nippone a également contribué à alimenter une bulle, dont l'éclatement au début des années 1990 a marqué le début des "décennies perdues" au Japon. Et force est de constater que depuis cette date l'excédent courant du Japon ne s'est guère réduit ! La proposition récente du secrétaire d'Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, de fixer des objectifs en termes de solde extérieur pour les pays du G20 marque sans doute une certaine prise de conscience outre-Atlantique des dangers liés à une politique économique extérieure basée uniquement sur les taux de change. Dans un monde où le danger du protectionnisme ne doit pas être ignoré, tout progrès réalisé au G20 serait encourageant. Le véritable rééquilibrage de l'économie mondiale se passe cependant loin du G20. Il réside dans la capacité de la Chine à assurer la transformation de son économie d'un modèle initialement basé sur les exportations et l'investissement vers un modèle de croissance tiré par la consommation des ménages. A Pékin, les autorités ont clairement pris conscience de la nécessité de faire émerger un nouveau consommateur chinois pour compenser l'affaiblissement du consommateur américain. Le gouvernement chinois arrête actuellement son nouveau plan quinquennal (2011-2015) et des changements majeurs seront à l'ordre de jour, avec pour objectif de favoriser la consommation interne et de réduire les inégalités. A l'heure actuelle, les autorités pékinoises cherchent à assurer un meilleur partage entre ménages et entreprises d'Etat. Tout d'abord, elles poussent les 1 754 entreprises d'Etat à verser plus de dividendes. Avec une hausse des dividendes prévue entre 5 et 30 % des profits, les sommes en jeu sont importantes. Par ailleurs, les autorités souhaitent également mettre fin à certains monopoles et oligopoles aujourd'hui détenus par les entreprises d'Etat et réduire leur nombre. Celles-ci sont aujourd'hui présentes dans 380 des 396 secteurs officiellement reconnus dans l'économie chinoise. Dans les deux cas, ces mesures favoriseront in fine les ménages chinois et devraient conduire à une forte progression de leurs revenus, qui ont accumulé un retard significatif au cours des dernières années par rapport aux profits. Ces mesures, clairement en faveur des ménages chinois, serviront également à réduire l'excès d'épargne dans l'économie chinoise. Les ménages sont certes de grands épargnants, mais ce sont plutôt les entreprises qui sont la source de la surabondance de l'épargne nationale chinoise. Plusieurs autres mesures sont également prévues dans le plan quinquennal : un meilleur accès au crédit pour les PME, la réduction des freins à la mobilité au sein du territoire chinois, la réforme en faveur de la population rurale et une augmentation des dépenses publiques de santé et d'éducation. Le plan quinquennal sera finalisé au Congrès national en mars prochain. Selon nous, l'appréciation du yuan s'inscrit évidemment dans la logique du rééquilibrage de l'économie chinoise, mais c'est la vitesse des réformes en Chine qui en déterminera le succès ou non. Dit autrement, le véritable moteur du rééquilibrage mondial réside dans la capacité du consommateur chinois à adopter un comportement un peu plus américain ! Michala Marcussen, responsable de la recherche économique, SG CIB AUT/CHR
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
Souscription en ligne
Plus besoin de remplir à la main tous les bulletins de souscription grâce à la pré-saisie ! Gagner en rapidité et en efficacité.
Des frais réduits
Nos équipes négocient avec les sociétés de gestion des frais réduits.
Des professionnels
à votre écoute
Nos experts sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches du lundi au vendredi : 0 805 09 09 09 (appel gratuit)