(AOF / Funds) - "La révolte en Tunisie et les émeutes d'Egypte ont dominé l'actualité de ces dernières semaines. La quête de la démocratie en est certainement à l'origine. Mais il faut voir aussi dans ces mouvements une illustration de l'inquiétude des populations des pays émergents face à la hausse des prix des produits alimentaires. D'une manière générale, le sujet de l'inflation a repris de l'importance en janvier", estime Vincent Guenzi, responsable de la stratégie d'investissement de Cholet Dupont. "Dans son dernier rapport sur l'économie mondiale, le Fonds monétaire international souligne que la reprise mondiale se poursuit (+5% en 2010, +4,4% en 2011) à un rythme supérieur à ses prévisions, de manière inégale selon les zones et qu'elle demeure timide dans les pays développés." "Les dernières nouvelles sur l'activité aux Etats-Unis et en Europe ont été satisfaisantes. De même, les refinancements réussis du Portugal ou de l'Espagne auprès les marchés financiers internationaux ont rassuré. C'est la preuve que les négociations européennes en cours, portant sur un mécanisme durable de soutien après 2013, vont dans le bon sens. Les pays endettés doivent encore convaincre les préteurs de leur engagement à réduire progressivement mais durablement leurs dépenses publiques, leurs déficits budgétaires et ultimement leurs niveaux d'endettement." "Deux pays doivent maintenant s'atteler à cette tâche : les Etats-Unis et le Japon. Pour l'instant, les autorités américaines continuent à privilégier le soutien à la reprise économique ce qui semble légitime, au vu de la situation de l'immobilier et de l'emploi. Au Japon, la dégradation supplémentaire de la note des emprunts d'Etat n'a pas eu de répercussion sur les taux. Pourtant, avec un endettement proche de 200% du PIB, la situation est très sérieuse et mérite plus d'attention du gouvernement." "Jusqu'à ces derniers jours, les marchés ont réagi plutôt positivement à ces développements, à l'exception des pays émergents dont les Bourses se sont globalement repliées et qui ont vu leurs devises se déprécier par apport à l'euro. En fait, la baisse du risque financier en Europe du sud a rassuré les investisseurs qui se sont précipités sur les actions des pays et des secteurs qui avaient le plus baissé en 2010. En contrepartie, ils ont pris leurs bénéfices, encore plus rapidement que nous ne l'estimions, sur les valeurs qui avaient été portées par le thème de la croissance mondiale." "Nous restons confiants et positifs sur les marchés actions pour 2011. Cependant, les marchés américains nous semblent arriver à un niveau où beaucoup de bonnes nouvelles ont été intégrées dans les cours. Les premières publications de résultats n'ont d'ailleurs pas eu d'effet d'entraînement à la hausse. En Europe, la hausse des taux d'intérêt des obligations n'a pas empêché la brusque remontée des Bourses d'Europe du sud et la bonne tenue de celles du nord." "Ceci confirme a posteriori la faible valorisation des actions en début d'année. Mais le potentiel de hausse a été bien entamé et le risque de déception ou de rechute sur fond d'inquiétude est aujourd'hui plus important, d'autant que les marchés américains paraissent mûrs techniquement pour une consolidation. Outre l'inflation dans les pays émergents, les sujets d'interrogation pourraient concerner les changements de politique monétaire en Europe ou aux Etats-Unis." "Par prudence, nous réduisons notre position sur les actions à neutre à court terme. Nous conseillons d'alléger les portefeuilles. Le poids des actions des pays émergents, des pays nordiques ou de l'Allemagne peut être encore réduit. Certes les valeurs à forte progression en 2010 (luxe, chimie, produits de base, automobile) ont parfois déjà baissé de 10% mais elles pourraient être encore attaquées à court terme tant que les incertitudes sur les pays émergents subsisteront." "Nous conseillons d'attendre de meilleures opportunités pour s'y intéresser. Faut-il acheter les valeurs en retard qui viennent de rebondir ? Concernant celles du secteur financier, nous préférerions les acheter sur repli. D'autres secteurs (pétrole et gaz, télécoms, concessions, services aux collectivités) nous semblent moins vulnérables aux rechutes." "Nous avons fait de nombreuses modifications dans nos choix sectoriels. Outre les secteurs indiqués ci-dessus, nous restons favorables à la technologie et aux médias. Nous surpondérons toujours les actions américaines et européennes et sous-pondérons dorénavant les pays émergents, à l'exception de la Russie." "Parmi les produits défensifs, très peu performants depuis le début de l'année, seules les obligations privées convertibles ou à haut rendement retiennent encore notre intérêt. Le compartiment des matières premières devrait progressivement souffrir des craintes de ralentissement dans les pays émergents ou des risques de normalisation monétaire dans les pays développés. Le pétrole pourrait faire exception dans un contexte de tensions géopolitiques." AUT/ALO
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