(AOF / Funds) - "Thème absent des dernières discussions du G20 en novembre dernier, la hausse du prix international des matières premières pose pourtant des défis majeurs à un grand nombre d'économies émergentes. Entamée au début de l'année 2009, cette hausse s'est accélérée à partir de mi-2010, les indices de prix de matières (cf différentes composantes de l'indice CRB Spot Index) atteignant le mois dernier un plus haut historique (dépassant les niveaux de l'été 2008), initialement sous l'effet de tensions sur l'offre résultant d'événements climatiques extrêmes répétés", rappelle Natixis. "La montée des incertitudes face à ce choc d'offre entretenues par une forte demande émanant des pays d'Afrique du Nord et Proche-Orient craignant une propagation des tensions sociales ont alimenté ces dernières semaines la hausse des cours internationaux de matières premières, en particulier alimentaires." "La poursuite de cette hausse des prix durant les prochains mois (notre scénario compte-tenu des incertitudes entourant les prochaines récoltes et des craintes croissantes sur la sécurité alimentaire, un contexte de liquidité mondiale accrue, malgré le ralentissement de l'activité qu'elle implique) exposent les économies émergentes à des risques hétérogènes, à la fois en termes de transmission à l'inflation globale domestique (induisant un degré plus ou moins élevé de prélèvement sur le revenu) mais également en termes d'équilibres extérieurs, contraignant enfin à différents degrés la conduite de la politique monétaire." "Tout d'abord, de manière générale, la hausse des prix internationaux des matières premières tend à avoir des effets particulièrement négatifs dès lors que le poids de l'alimentation et de l'énergie dans le panier de consommation est élevé (c'est le cas des économies d'Asie, d'Amérique Latine et d'Afrique, dans une moindre mesure des pays d'Europe de l'est), d'autant plus que la hausse concerne les produits comme le blé, le maïs ou le sucre, qui sont caractérisés par un degré de substituabilité faible dans le panier de consommation. Ce poids représente en moyenne 32% en Asie, 26,5% en Amérique latine, 36,5% en Afrique et 22% dans les PECO." "Toutefois, afin de limiter le degré de transmission aux prix domestiques qui pénaliserait la consommation du fait d'un prélèvement sur le revenu, plusieurs pays ont eu recours à la mise en place de subventions (Chine, en particulier concernant les coûts de transport des produits alimentaires, Inde), de contrôles de prix (Corée du Sud, Chine), de diminution des taxes à l'importation (Corée du Sud, Bolivie, Pérou), ou d'autorisation d'importations (Colombie, concernant les importations de riz en particulier)." "La politique de change constitue également un élément qui tendrait à limiter la transmission de la hausse du prix international aux prix domestiques. En particulier les économies qui ont vu leurs monnaies s'apprécier récemment contre dollar ont eu tendance à être moins impactées par la hausse des prix internationaux (libellés en dollars), en partie absorbée par le renchérissement de la monnaie domestique (Thaïlande, Malaisie, Taïwan, Singapour, Brésil, Chili, Mexique). A l'inverse, le Vietnam et le Venezuela qui ont opéré une dévaluation de leurs monnaies contre dollar subissent une hausse des prix alimentaires supérieure en raison des effets de change négatifs." "Du point de vue des équilibres extérieurs, l'amélioration des termes de l'échange résultant de la hausse des prix de matières premières réduit, pour les économies exportatrices nettes, les besoins de financement extérieurs, facteur de vulnérabilité financière pour les pays importateurs nets d'aliments. En outre, les pays exportateurs de matières premières qui dégagent un excédent commercial liés à ces échanges bénéficient en théorie de marges de manoeuvre supplémentaires (d'autant plus que l'excédent commercial dégagé est une fraction élevée du PIB) pour limiter la perte de pouvoir d'achat des consommateurs, en utilisant ce surplus de revenu pour financer des politiques de redistribution (subventions par exemple)." "L'intensification des pressions inflationnistes, particulièrement en Asie et en Amérique latine (mais également en Russie, Pologne et République tchèque) s'est accompagnée de manière générale d'un processus de resserrement monétaire qui pourrait sembler toutefois insuffisant, les taux d'intérêt réels se situant en terrain négatifs (par exemple Inde, Corée, Thaïlande, Indonésie, République tchèque, Colombie)." "Dans ce contexte, caractérisé également par une abondance de liquidité externe amplifiant les mouvements de capitaux, un défi majeur se pose aux autorités monétaires consistant en un arbitrage entre la poursuite de sortie des politiques monétaires accommodantes, et la volonté de contrôler le rythme d'appréciation du change de manière à lier étroitement son évolution avec celle des fondamentaux." "Certaines économies ont alors opté pour des solutions hétérodoxes en imposant par exemple une taxe sur les gains en capital et intérêts sur les obligations souveraines (Corée du Sud, Brésil) afin de dissuader l'entrée massive de capitaux spéculatifs. D'autres ont diminué drastiquement le taux de politique monétaire afin de réduire l'écart de rendement des actifs financiers tout en augmentant le taux de réserves obligatoires de manière à contraindre l'offre de crédit domestique (Turquie)." "L'environnement macroéconomique global laisse par conséquent planer de nombreuses incertitudes sur les économies émergentes. La poursuite de la hausse de l'inflation pourrait faire peser des risques de plus en plus grands sur la croissance des économies émergentes si le resserrement monétaire nécessaire à contenir ces pressions inflationnistes tardait à être mis en place, les mouvements d'appréciation des devises contraignant d'autant plus la gestion de la politique monétaire." "En outre, les politiques de hausses du salaire nominal (Thaïlande, Corée du Sud, Malaisie) visant à maintenir le pouvoir d'achat des agents pourraient également entraîner des effets de second tour qui nécessiteraient par la suite un ajustement plus brutal. L'ampleur du resserrement monétaire pourrait toutefois être conditionnelle aux marges de manoeuvre budgétaires des gouvernements qui leur permettraient d'atténuer la transmission de la hausse des prix des matières premières aux prix domestiques (subventions, suppression de taxes, etc)." "Les actifs boursiers émergents ont été affectés depuis le début de l'année par les incertitudes sur les conditions monétaires liées aux pressions inflationnistes et par les anticipations des marchés d'une réduction de l'écart de croissance entre économies émergentes et industrialisées. Toutefois, notre scénario repose sur l'hypothèse d'une hausse du prix international des matières premières qui serait transitoire et d'un écart de croissance en faveur des économies émergentes qui devrait rester marqué, incitant de manière générale à rester optimiste quant aux perspectives attendues sur les marchés émergents." "Un scénario de risque à court terme n'est toutefois pas à exclure (hausse des prix des matières premières persistante se transmettant à l'inflation globale). Dans ce cas, les investisseurs devraient privilégier une stratégie de différenciation favorisant les actifs de pays exportateurs de matières premières ainsi que ceux des pays dont le poids des aliments dans le panier de consommation est faible." AUT/ALO
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