Le Japon n'est pas un producteur pétrole. Il en est au contraire l'un des plus gros consommateurs. Le troisième au monde, pour être exact. Et sa consommation d'or noir s'apprête sans doute à augmenter car le 11 mars 2011 marquera sans doute, a posteriori, un tournant majeur dans sa politique énergétique : suite au fatal enchaînement de cataclysmes naturels et de pannes du système de refroidissement de la centrale de Fukushima, l'archipel nippon est devenu ce jour-là pour le nucléaire, qui représentait environ 25 % de sa production électrique, le pays du soleil couchant.
« Il apparait clair qu'à terme le Japon va se désengager au moins partiellement du nucléaire, » juge Didier Borowski, responsable de la stratégie taux et changes chez Amundi pour qui cette évolution entraînera « un accroissement structurel de la demande nippone d'énergies fossiles et en particulier de pétrole. » Et même si le Japon ne sort pas tout de suite de l'atome, « [il] risque de ne plus pouvoir s'appuyer sur ses capacités de production d'énergie nucléaire pendant un temps relativement long , » notent les analystes d'AlphaValue qui soulignent que la troisième économie mondiale aura de toutes les façons « des besoins énergétiques considérables pour rebâtir son Nord-Est. » Bref, la demande de pétrole devrait être soutenue, d'autant que « le possible sinon probable désengagement japonais du nucléaire risque d'avoir des effets d'entrainement », de l'avis de Didier Borowski. Le stratégiste d'Amundi n'exclut pas que d'autres nations se joignent au mouvement. Du reste, l'Allemagne a mis à l'arrêt sept de ses plus anciens réacteurs nucléaires ; la Chine, jusqu'alors résolument engagée dans le développement de l'énergie atomique avec 28 réacteurs en construction, a décidé suite aux événements de Fukushima de geler l'approbation de ses projets de centrales nucléaires. Les conséquences d'un tel mouvement, s'il se confirmait, paraissent limpides. « On risque de voir apparaitre dans les années qui viennent de nouveaux segments de demande des énergies fossiles, ce qui est susceptible de générer de fortes tensions sur les prix des matières premières, » note le responsable de la stratégie taux et changes d'Amundi.
Ces perspectives n'ont cependant guère été prises en compte par les marchés pétroliers. Les cours du brut ont même eu tendance à légèrement reculer lors des quatre jours ayant suivi la survenue de la catastrophe ayant mis à sac le nord du Japon. Pour AlphaValue, cette énigme n'en est pas une. Le bureau d'analyse relève « que la demande spot est déprimée » pour la simple raison que les raffineurs japonais se sont trouvés dans la foulée des tragiques événements du 11 mars contraints de cesser de faire tourner leurs raffineries, avec pour corollaire un effondrement de la demande d'énergie de l'archipel nippon. Mais cette situation n'aura qu'un temps, le Japon, aujourd'hui assommé, allant peu à peu se réorganiser et remettre son activité en marche. «Les cours du pétrole se sont d'autant moins emballés que les investisseurs en premier lieu redoutent un ralentissement de la demande. Preuve en est d'ailleurs que les cours des métaux ont même eu tendance à légèrement refluer, » précise-t-on du côté d'Amundi.
Mais le phénomène ne devrait être que transitoire : le changement de paradigme énergétique au Japon et ailleurs augure à terme un renchérissement significatif des énergies fossiles. La matérialisation de ce risque devrait selon Didier Borowski ne s'opérer que plus tard mais elle aura pour conséquence une montée de l'inflation dans les pays émergents, dont le développement est extrêmement énergivore. Cette inflation, les pays développés l'importeront au travers des biens acheminés de Chine ou de n'importe quel autre pays-usine. Toute la question est bien sûr celle du rythme auquel cette poussée inflationniste due aux énergies fossiles se ferait. « Si cette hausse s'effectue de manière graduelle, nos économies pourront l'encaisser. Dans le cas contraire, la croissance mondiale s'en trouverait beaucoup plus affectée, » estime le responsable de la stratégie taux et changes d'Amundi. Aujourd'hui la menace n'est pas tangible. « Et il faudra un certain temps pour qu'elle le soit. Mais elle plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. », conclut Didier Borowski. Et comme pour refléter que, du côté des prix du pétrole, les risques étaient effectivement plus à la hausse qu'à la baisse, les cours du brent qui avaient décroché à 108 dollars le 16 mars remontaient deux jours pus tard à 114 dollars, renouant quasiment avec leur niveau d'avant crise.
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