Le monde des matières premières agricoles est assez hétérogène et les situations y sont diverses. Le blé est ainsi la céréale qui a le plus souffert en 2010, les événements climatiques ayant sérieusement affecté le niveau des récoltes des gros producteurs que sont la Russie, le Canada et l'Australie. Par conséquent, les stocks de blé ont été pas mal entamés l'an passé, mais ils ne sont pas tombés au niveau inquiétant du maïs. A moins que 2011 soit aussi mauvais que 2010, il n'y a pas de raison de croire au scénario catastrophe. Le soja est un peu entre deux eaux. La récolte brésilienne de soja a été exceptionnelle et les prix du soja ont un peu reflué, ce qui a incité les agriculteurs américains à planter moins de soja et plus de maïs dont les prix sont orientés à la hausse. Il est donc vraisemblable que la production de soja recule. Si aucun incident climatique ne survient, ce ne sera pas un problème. Mais il faut que tout se déroule correctement. Le sucre se trouvait pour sa part il y a deux ans dans la situation du maïs aujourd'hui. Mais l'Inde, le premier consommateur mondial et l'un des premiers producteurs, vient d'enregistrer deux bonnes récoltes de suite et s'est remise à exporter. Hors alimentaire, le coton se trouve dans une phase critique de pénurie qui oblige pas mal de fabricants de vêtements à se tourner vers les fibres synthétiques. Les prix du coton ont dans ce contexte plus que doublé en un an. De toutes les matières premières agricoles, c'est celle qui rencontre les problèmes d'approvisionnement les plus aigus, mais dans la mesure où il ne s'agit pas d'une denrée alimentaire et où il existe une solution de substitution, c'est moins inquiétant. Au-delà de ces disparités entre ces différentes matières premières agricoles, la grande nouveauté pour l'ensemble du secteur, est que désormais quelle que soit la qualité de la récolte, il est impossible d'effacer une mauvaise année avec seulement une bonne.
Dans un cycle normal, nous serions normalement en train d'arriver au moment où la production de matières premières agricoles s'améliore et, avec elle, l'état des stocks, ce qui devrait logiquement entraîner une correction des prix. Dans un cycle normal, nous serions donc en train d'entrer dans la période de prise de bénéfices. Dans un cycle normal... Mais nous ne sommes pas dans un cycle normal. Dans le cycle où nous nous trouvons, compte tenu de l'équilibre de l'offre et de la demande internationale de matières premières agricoles, on se situe plutôt en milieu de cycle qu'en fin de cycle. Et donc selon nous, il faudra encore patienter pour assister à un recul de ce marché.
Absolument. Nous sommes dans le secteur des matières premières agricoles face à un bouleversement des équilibres traditionnels. L'explosion de la demande en provenance des émergents fait que les marges de sécurité que nous avions l'habitude d'avoir grâce aux stocks se sont considérablement réduites. Pour retrouver des marges de sécurité conformes à ce que nous avons connu au vingtième siècle, il faudra sans doute 15 à 20 ans d'investissement, notamment dans les pays émergents. Durant ce laps de temps, nous sommes à la merci de tout événement climatique ou politique de nature à perturber l'offre et celle-ci risque fort de courir durablement après la demande. Propos recueillis par Vincent Bezault
© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
Souscription en ligne
Plus besoin de remplir à la main tous les bulletins de souscription grâce à la pré-saisie ! Gagner en rapidité et en efficacité.
Des frais réduits
Nos équipes négocient avec les sociétés de gestion des frais réduits.
Des professionnels
à votre écoute
Nos experts sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches du lundi au vendredi : 0 805 09 09 09 (appel gratuit)