Du point de vue de certains stock pickers, autrement dit des gérants qui abordent l'investissement boursier par la sélection de sociétés cotées, l'inflation permettrait aux entreprises avec du pricing power (les entreprises ayant une capacité à relever leurs prix) d'améliorer leurs marges. Je serai pour ma part plus nuancé. La hausse actuelle de l'inflation dans les pays développés découle de l'envolée des prix des matières premières et elle constitue en premier lieu un choc négatif pour les consommateurs dont les salaires ne suivent pas la hausse des prix - une situation qu'entretient la faiblesse de l'offre sur le marché du travail. Hors matières premières, l'inflation de base reste ainsi modérée. Elle est comprise entre 1 % et 1,5 % dans les économies matures. Tout l'inverse de ce qui se passe dans les économies émergentes, qui sont en surchauffe et confrontées à un réel emballement inflationniste d'autant que les salaires augmentent eux aussi. En Europe et aux Etats-Unis, la hausse des prix des matières premières, en ponctionnant sévèrement le pouvoir d'achat des ménages, est donc de nature plutôt déflationniste ; et, parce qu'elle fragilise la consommation, l'inflation par les matières premières que nous subissons aujourd'hui constitue avant tout un risque majeur pour la croissance et dans un deuxième temps pour les marchés actions.
Du point de vue de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, la BCE se trompe. Mais, n'oublions pas que la BCE n'a qu'un mandat sur l'inflation, alors que la Réserve Fédérale a également un mandat sur la croissance. Toutefois, la Fed est un peu plus pragmatique. Son président Ben Bernanke a déclaré que ce n'était pas en levant les taux qu'il allait faire baisser les prix du pétrole. On peut lui donner raison sur ce point. Mais encore une fois, la BCE accomplit sa mission.
A la décharge de la BCE, la croissance d'un point de vue général est de retour en zone euro, l'inflation repart un peu et les taux d'intérêt réels sont négatifs, si l'on se réfère aux indices de prix globaux. Cependant, je pense qu'il n'y a pas d'urgence à relever les taux.
Lorsque l'on compare la situation présente à 2008, année où les cours du pétrole ont atteint 148 dollars le baril, j'estime que nous ne sommes pas encore face à un choc car pour l'instant, on ne constate pas d'impact majeur sur la consommation ou de forte baisse du moral des ménages. Il est vrai que bien que limité, le redressement du marché du travail soutient la consommation, et qu'en outre l'appréciation de l'euro joue le rôle d'amortisseur. La hausse des matières premières s'avère donc pour le moment un facteur de freinage de l'activité ; elle n'a pas encore produit de choc vraiment négatif.
Les marges vont être un peu rognées. Néanmoins, du point de vue macroéconomique les consommateurs sont davantage le maillon faible que les entreprises. Il me semble ainsi que le risque pour le marché actions réside davantage dans le comportement des consommateurs et l'affaiblissement de la demande finale sous la pression de l'envolée des matières premières que dans l'érosion des marges par la hausse des coûts des matériaux de base. Mais ce risque ne se matérialisera pas immédiatement. Donc pour l'instant, l'inflation n'est qu'un vent contraire, pas trop pénalisant, et nous continuons à surpondérer sensiblement les actions.
© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
Souscription en ligne
Plus besoin de remplir à la main tous les bulletins de souscription grâce à la pré-saisie ! Gagner en rapidité et en efficacité.
Des frais réduits
Nos équipes négocient avec les sociétés de gestion des frais réduits.
Des professionnels
à votre écoute
Nos experts sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches du lundi au vendredi : 0 805 09 09 09 (appel gratuit)