L'enveniment de la crise de la zone euro ne constitue pas une surprise. Quelques trop rares gestionnaires comme Emeric Challier d'AFIM OFP tiraient depuis un certain temps la sonnette d'alarme, annonçant que l'Italie pourrait bien se retrouver sous le feu des investisseurs et qu'elle constituerait une proie facile en raison de son niveau d'endettement (120 % du PIB), de sa sensibilité aux taux d'intérêt et des doutes que suscitent sa faible croissance.
Pourtant, l'Italie ne saurait être comparée à la Grèce. Certes, le poids de la dette italienne est préoccupant mais selon Alexandra Estiot, senior économiste chez BNP Paribas, il s'agit bien de son « seul et unique problème. L'Italie dégage un excédent primaire (NDLR : solde primaire = différence entre les recettes de l'Etat et ses dépenses, hors service de la dette.) et n'a pas creusé, contrairement à la plus grande partie des pays développés, ses déficits pendant la crise. Si l'Italie se retrouve avec un déficit budgétaire, c'est parce que les intérêts de sa dette lui coûtent cher. » En tout état de cause, l'Etat italien, n'a pas été le moins vertueux ces dernières années. « Il a notamment, cas assez unique parmi les pays développés, mis en place une réforme des retraites intégrant une diminution des dépenses liées au vieillissement de la population », rappelle Alexandra Estiot.
L'Italie, placée fin mai sous surveillance négative par les agences de notation Standard & Poor's et Moody's, n'a d'ailleurs pas dérogé à ses bonnes pratiques budgétaires en lançant un nouveau plan d'austérité de 40 Mds d'euros, dont le montant aurait dû rassurer. Las ! L'application de ce programme de consolidation budgétaire qui doit encore être adopté par le parlement italien et prévoit entre autres le gel des salaires et des embauches dans la fonction publique, le report de certains départs en retraite , une baisse des transferts vers les collectivités locales, une diminution de 10% des budgets ministériels ainsi qu'une hausse de la TVA, est sujette à caution, le gouvernement de Silvio Berlusconi ne comptant mettre en œuvre une bonne part des mesures annoncées qu'en 2013. Les tensions apparues entre Silvio Berlusconi et son ministre des Finances Giulio Tremonti, respecté pour son travail mais impliqué dans une affaire de corruption, ne font qu'ajouter à la confusion et à l'incertitude. Une incertitude qu'Angela Merkel a tenté de lever, en passant lundi 11 juillet un coup de fil à Silvio Berlusconi, afin de l'exhorter à faire voter au plus vite par le parlement italien le plan annoncé. Aux yeux de certains, la chancelière allemande a sans doute, encore une fois, mis de l'huile sur le feu, en mettant indirectement en exergue le caractère d'urgence de la situation.
L'attitude des agences de notation est également stigmatisée. Critiquées pour leur incapacité à anticiper la crise financière, elles s'évertuent aujourd'hui à ne pas être prises en défaut. Quitte à exagérer les risques qu'elles mettent en avant. « Standard & Poor's a dégradé deux fois en dix jours la dette à long terme du Portugal », souligne l'économiste de BNP Paribas Alexandra Estiot. « Je ne crois pas qu'en dix jours les fondamentaux du Portugal aient pu changer au point de justifier une telle mesure. »
Tout a commencé avec la Grèce. Et tout doit finir avec elle. Le plan de sauvetage entré en vigueur après l'adoption par le parlement grec de nouvelles mesures d'austérité n'est de l'avis de beaucoup qu'une manœuvre dilatoire visant à repousser le traitement des problèmes à plus tard, la Grèce restant pour l'heure fondamentalement insolvable. Cette incapacité des Européens à donner des gages quant à une réelle sortie de crise de la Grèce, fut-ce à moyen terme, entache la crédibilité de l'Europe aux yeux des marchés. Une crédibilité qu'elle ne peut reconquérir que d'une manière, à en croire les experts d'Aurel BGC. Pour qu'un terme soit mis à la crise « les Européens doivent proposer un plan ne débouchant pas sur une situation de défaut », écrivent ils dans leur note du 12 juillet. Autrement dit, pour calmer les marchés, il faut garantir que les opérateurs privés (les banques) ne subiront pas de pertes. Alexandra Estiot ne dit pas autre chose : «Le problème est celui de la contagion. Il faut donc arrêter en premier lieu la crise grecque. Il faut rapidement mettre en place un plan pour la Grèce, étalé dans le temps, une décennie sans doute, et sans implication du secteur privé car le risque systémique est trop grand. L'unique solution consiste à faire passer la dette grecque dans des mains publiques. Si l'on souhaite que la zone euro continue à exister, il n'y a pas d'autre issue. Les politiques doivent avoir le courage de dire aux contribuables qu'ils doivent payer. » Décidément, la partie n'est pas gagnée.
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