Les experts de CM-CIC Securities ne se voilent pas la face : « La situation de la Grèce ne cesse de se détériorer ainsi que la patience de ses partenaires. » Au point que Berlin ne passe plus sous silence la possibilité d'un défaut de paiement de son partenaire hellène. Le ministre de l'économie allemand, Philipp Rösler dans une tribune parue lundi dans le quotidien Die Welt , tout en exprimant son souhait de voir la Grèce demeurer dans la zone euro, n'a plus écarté le scénario d'un défaut. Le tabou de la faillite grecque est donc brisé, et cela tient au fait qu'il est pour tous désormais acquis que les objectifs de réduction du déficit public en Grèce ne seront pas atteints, à moins que celle-ci ne lève 2 Mds d'euros d'ici la fin de l'année.
Deux milliards d'euros, c'est ce que le Premier Ministre grec Papandreou espère récupérer dès cette année grâce à une nouvelle taxe sur l'immobilier. En l'occurrence, la collecte de cet impôt se fera en utilisant les relevés d'électricité. « Cette précision est particulièrement importante, »note-t-on chez CM CIC Securities « puisque (...) le problème de la Grèce reste la collecte des impôts et non leur création.» Cette taxe sur l'immobilier devrait suffire à amener la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) à donner son feu vert au déblocage de la dernière tranche d'aide à la Grèce, et ainsi permettre d'éviter, pour un temps, la faillite de la Grèce. Une faillite qui s'avérerait immédiate au cas où la Troïka mettrait son veto au versement des fonds promis : Filippos Sachinidis, le vice-ministre des finances grec a avoué sur les antennes de la chaîne de télévision Mega que l'Etat grec disposait des liquidités nécessaires à son fonctionnement jusqu'en... octobre prochain.
La Grèce ne parvient pas à stabiliser ses déficits publics. Ceux-ci ont augmenté de plus de 20 % sur les huit premiers mois de 2011 par rapport à ce qu'ils étaient à la même période en 2010. L'étendue des privatisations, qui devaient rapporter 5 milliards d'euros dès cette année a été revue à la baisse. Athènes n'escompte plus en réaliser que pour 3 milliards, et son manque d'entrain à lancer de telles réformes est plus que flagrant. Certaines privatisations devraient finalement avoir lieu d'ici la fin de l'année... si Athènes trouve des acquéreurs au prix juste, autrement dit à un prix non décoté. La réorganisation des services publics qui doit normalement être doublée de baisses de salaires importantes et de réduction d'effectifs n'est toujours pas mise en œuvre... Quant à la libéralisation de la centaine de professions jusqu'alors protégées de toute concurrence, elle se fait aussi attendre, quand elle n'est pas dans certains cas (notaires, avocats), purement et simplement repoussée.
Les marchés actions ne se font plus vraiment d'illusion sur l'issue de l'histoire. La Grèce ne peut plus, selon eux, échapper à son destin. Subséquemment, les bancaires, qui portent la dette grecque, se sont une nouvelle fois retrouvées dans la tourmente : BNP Paribas s'est écroulé de 12,35 % à 26,12 euros. Crédit Agricole s'est affaissé de 10,64 % à 4,828 euros. Société Générale a pour sa part chuté de 10,75 % à 15,57 euros. Les trois poids lourds bancaires ont emporté dans leur sillage l'ensemble du marché, le CAC 40 dévissant de 4,03 % à 2854,81 points.
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