Pourquoi les épargnants se détournent de l'assurance-vie

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Les contrats d'assurance-vie ne séduisent plus les épargnants français. Depuis début 2011, les sommes versées sur les contrats d'assurance-vie ne cessent de se replier (- 12 %) alors qu'à l'inverse les montants retirés augmentent (+ 21 %). Du coup, sur les 10 premiers mois de l'année 2011, la collecte nette n'atteint plus que 17,7 MdsE (107 - 89,3) soit - 63 % par rapport à la même période de l'année précédente.

Plus de retraits que de versements sur deux mois d'affilée : une situation inédite

Et le pire semble à venir puisque depuis deux mois ce mouvement s'accélère. En effet, au cours des mois de septembre et d'octobre, les dépôts sont inférieurs aux retraits. La décollecte amorcée en septembre se confirme sur le mois d'octobre et la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) chiffre ce solde négatif à 1,8 MdE en septembre et à 1,4 MdE en octobre. Deux mois consécutifs de décollecte, du jamais vu depuis 2001 pour l'assurance-vie. Cette date sert de référence puisqu'elle marque le début des publications mensuelles de la FFSA sur les rentrées et les sorties des contrats d'assurance-vie. Même au plus fort de la crise économique entamée en 2008, l'assurance-vie n'avait connu pareil revers. Pourquoi l'assurance-vie, l'un des placements préférés des Français, connaît-elle ce déclin ?

L'assurance-vie victime de la crise de la dette et du faible rendement des fonds en euros

De nombreux facteurs conjoncturels mais aussi structurels sont à l'origine de la désaffection des épargnants pour les contrats d'assurance-vie. Tout d'abord, les si prisés fonds et contrats en euros, plébiscités tant pour leur rendement que pour leur sécurité, séduisent moins les épargnants. Non sans raison. Depuis plusieurs années leur rentabilité s'effrite, avec en moyenne 3 % de rendement hors inflation, le placement est beaucoup moins attrayant qu'auparavant mais aussi moins fiable, surtout si on le compare aux livrets. En effet, les contrats d'assurance-vie et les fonds en euros ont pendant longtemps été synonymes de sécurité et de liquidité. Pourtant, aujourd'hui les épargnants craignent pour leurs économies. Ce placement majoritairement investi en obligations, dont environ un tiers en obligation d'Etat, ne semble plus aussi infaillible qu'auparavant. Même si Philippe Crevel Secrétaire général du cercle des épargnants pense le contraire « Le débat sur les dettes souveraines a donné l'impression à tort que l'assurance-vie n'était pas à l'abri de quelques problèmes, or les fonds euros bénéficient d'une garantie sur le capital accumulé, les compagnies d'assurance devant mobilisées en contrepartie des fonds propres adaptés à la taille de leurs fonds euros. » De la même façon, les répercussions de la crise de la dette sur les marchés financiers n'incitent pas les épargnants à investir sur les unités de compte des contrats d'assurance-vie. Au contraire, ils préfèrent retirer leurs fonds pour les réinvestir sur d'autres types d'actifs qu'ils considèrent plus sûrs tels que l'immobilier ou encore les livrets. Plus généralement, la conjoncture économique et financière actuelle ne joue pas en faveur de l'épargne longue et les banques ont d'ailleurs tendance à pousser leurs clients vers des placements liquides au détriment de l'assurance-vie pour assurer le respect de leur ratio de liquidités. A cette conjugaison de facteurs temporaires viennent s'ajouter une raison plus structurelle à la décollecte que subissent actuellement les contrats d'assurance-vie. « Le départ à la retraite des baby-boomers qui sont détenteurs de contrats bien dotés n'est qu'à son début ; or ce n'est qu'après 70 ans que les retraités puisent dans leur épargne. Jusqu'à cet âge, ils sont épargnants nets. L'impact des retraites pourrait se faire sentir d'ici une dizaine d'années avec la montée en puissance de la dépendance et la baisse du taux de remplacement (ratio pension/dernier salaire). » explique le représentant du cercle des épargnants.

Une baisse de régime temporaire à nuancer

Il semble toutefois prématuré d'affirmer que l'assurance-vie connaîtra une crise durable. Les unités de compte offrent une réelle opportunité de performance compte tenu du niveau très bas du marché « actions » dans un cadre fiscal toujours aussi intéressant pour les particuliers. En outre, malgré cette baisse de régime, l'encours des contrats d'assurance-vie continue de progresser de 4 % sur un an et atteint la somme de 1.375 milliards d'euros. L'assurance-vie garde donc la tête du hit parade des placements financiers.

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