Le marché actions chinois est-il encore un eldorado pour les investisseurs ? Non, selon Frédéric Buzaré, responsable de l'investissement en actions chez Dexia AM, il faut désormais se montrer prudent et attendre de voir comment les autorités chinoises vont gérer la bulle immobilière et les risques attachés au système de financement parallèle.
La Chine a beau être devenue la deuxième puissance économique mondiale, son marché actions sous-performe notablement depuis mars 2009. L'énigme n'en est pas une, selon Frédéric Buzaré, responsable de l'investissement en actions chez Dexia AM. Il y eut certes les craintes liées à un dérapage inflationniste mais elles n'expliquent pas tout. Les investisseurs se focalisent actuellement sur le risque de ralentissement prononcé de l'économie chinoise. Frédéric Buzaré note d'ailleurs que l'indice des directeurs d'achats chinois est passé sous le seuil fatidique des 50 points (tombant à son plus bas niveau depuis 36 mois), ce qui dénote une contraction de l'activité.
Cependant, pour le patron de l'investissement en action chez Dexia AM, le principal risque réside ailleurs. L'émergence d'un système de financement informel pose problème. « Les autorités chinoises ont mis beaucoup de contraintes sur les distributions de crédit depuis deux ans et ont monté les taux d'intérêts. Des petites entreprises n'avaient plus vraiment accès au marché bancaire et donc s'est développé un système financier informel qui par définition contient beaucoup de risques et est potentiellement explosif, » juge Frédéric pour qui dans ce contexte il est impossible d'évaluer sérieusement le stock de dette de la Chine. L'autre problème est celui de la bulle immobilière et de son possible éclatement, une situation à laquelle la Chine n'a jamais été confrontée. Frédéric Buzaré estime que nul ne sait donc si les autorités chinoises seront à même de gérer une telle crise. Tant que les investisseurs n'y verront pas plus clair la prime de risque est susceptible d'augmenter sur le marché boursier chinois. Mais au-delà de ces menaces, le patron de l'investissement en actions de Dexia Asset Management s'interroge aussi sur la nécessité d'un changement de modèle économique en Chine. La forte croissance de l'empire du milieu a été alimentée par l'utilisation d'une main-d'œuvre à bas coût. « La Chine doit s'interroger sur la productivité du travail, » estime Frédéric Buzaré.
« L'époque est révolue où l'on disait que la Chine était un investissement miracle qu'on pouvait acheter les yeux fermés. » L'expert de Dexia AM préconise même à très court terme de s'abstenir d'aller sur le marché actions chinois. « Il y aura peut-être un bon point d'entrée sur le marché chinois dans les prochains mois, si l'on voit que l'inflation reste vraiment sous contrôle et que les autorités prennent des mesures proactives en ce qui concerne le système bancaire parallèle et l'immobilier. »
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