Au-delà des menus règlements de compte que comporte « Quand la zone euro explosera », épigrammes qui raviront les amateurs d'anecdotes et qui n'étonneront que ceux qui feignent de croire que le monde des économistes est un salon feutré où les égos sont moins hypertrophiés qu'ailleurs, Marc Touati en profite pour rappeler quelques principes d'économie avec la simplicité de ton qui en fait un chouchou des médias. Et c'est sans doute l'intérêt premier de son dernier livre : une manière de bilan sans concession ni langue de bois des politiques économiques menées ces dernières décennies en France, « le dernier pays de la zone euro qui refuse de moderniser ses structures économiques. »
Avec cet art consommé de ne ménager ni chèvre ni chou, une fois encore, Marc Touati ne va pas se faire que des amis, car du tableau qu'il dresse de l'action économique des dirigeants de gauche et de droite sourd le constat d'une tradition de navigation à la godille qui conduit immanquablement l'économie française dans un triangle des Bermudes où elle risque bel et bien de s'abîmer. La politique du gouvernement Jospin - « Le gouvernent Jospin s'est appliqué à transformer des recettes conjoncturelles en dépenses publiques structurelles » - ni celle de la présidence Chirac --«[Jacques Chirac] a poursuivi une stratégie d'immobilisme et s'est contenté d'une réformette des retraites qui moins de cinq ans plus tard s'est révélée insuffisante » - ne trouvent ainsi nulle grâce à ses yeux.
Mais le présent ne le réjouit pas plus dans un pays où la dépense publique représente 57 % du PIB. Car à en croire Marc Touati la France souffre depuis trop longtemps du « syndrome du pouf. » « Il faut reconnaître, » note-t-il « que grâce à ses protections et perfusions publiques en tous genres, l'économie française est protégée contre une chute trop violente. Ainsi lorsqu'elle tombe, elle s'affale sur un pouf qui lui permet d'amortir le choc et d'assurer une certaine paix sociale à court terme. En revanche, une fois bien installé dans le pouf il est très difficile de se relever. C'est là tout le problème des aides et autres stabilisateurs qui permettent certes de limiter les dégâts lors de la chute, mais empêchent ensuite l'économie de se redresser rapidement et fortement, en particulier à cause de son coût exorbitant qui impose une pression fiscale extrêmement forte. »
Mais ce modèle français dont Marc Touati esquisse une définition peu amène - « beaucoup d'impôts et de dépenses publiques associées à une croissance molle » - et qui perdure depuis 35 ans ne peut-il pas encore poursuivre son petit bonhomme de chemin ? Non, répond sans ambages le fondateur de l'ACDEFI, qui souligne qu'avec un endettement représentant 90 % de son PIB et une croissance structurelle aujourd'hui de 1,3 % par an, la France ne crée plus assez de richesses pour assurer « le simple paiement annuel des intérêts de la dette publique. » Autant le dire, la TVA sociale, « une fausse bonne idée » ou la taxe Tobin sur les transactions financières relèvent selon lui de l'erreur économique, la première notamment parce qu'elle affaiblit davantage une consommation sans laquelle la croissance n'est plus en guenilles mais nue. Et le débat de la campagne présidentielle ne le rassure en rien : « après les élections, et, quelle que soit leur issue, l'économie française va continuer de souffrir. »
Pire. Marc Touati pressent une implosion de la zone euro si la France et l'Europe ne se remettent pas en question. Afin que le pire soit évité, il faut en priorité restaurer une croissance plus forte au sein de l'UEM, principalement grâce à un euro plus faible et à une politique budgétaire efficace. Dans l'Hexagone, cela devra notamment passer par une baisse de la pression fiscale tout en diminuant les dépenses publiques, en particulier de fonctionnement. Il faudra également permettre à la BCE de soutenir davantage « l'activité et les pays en difficulté ». Marc Touati en appelle de surcroît à la création d'une zone monétaire optimale, où fiscalités, marchés du travail seraient harmonisés. Beaucoup de choses que l'on ne voit pas pour le moment se dessiner.Or, l'optimiste qu'il est se fait pour une fois Cassandre, prédisant, que si nos dirigeants ne parviennent pas à atteindre ces objectifs, la zone euro explosera. Décidément pour Marc Touati, la crise n'est décidément pas achevée. Et il se pourrait qu'il n'ait pas tort.
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