La rigueur. Seule la ministre de la fonction publique, Marylise Lebranchu, s'est risquée à prononcer le mot honni. Pourtant, c'est bien elle qui inspire les travaux du gouvernement et le collectif budgétaire 2012 et non pas les discours incantatoires tenus sur la route de l'Elysée, qui faisaient du combat pour la croissance le socle de tout, et surtout l'alpha et l'omega d'un changement immédiat. Oui, mais les temps sont durs et les marchés, qui pour l'heure n'exercent aucune pression sur la dette française, bien au contraire (cf. Pourquoi la dette française est-elle plébiscitée par les investisseurs ?), demeurent une sourde menace que nul dirigeant européen, pas même français, ne prend aujourd'hui à la légère. La finance a beau être (parfois) l'ennemi, il est bien ardu de la mettre au pas.
Partant, l'heure est aux coupes dans les dépenses (ou à tout le moins à leur gel) et à la hausse des prélèvements. L'effort sera de 7,2 Milliards d'euros en 2012 et de 33 milliards en 2013. La France n'est pas la Grèce et le savoir-faire du Trésor public dans l'art de collecter dûment l'impôt n'est plus à démontrer. Le contribuable, quelle que soit la tranche marginale d'imposition à laquelle il est soumis, sera tondu comme il se doit. Mais à trop ponctionner le portefeuille des uns, les autres, par un de ces curieux effets pervers de l'économie, se privent, en affaiblissant la croissance (Cf. la fameuse courbe de Laffer), des recettes qu'ils avaient budgétées. Et c'est bien le danger que court la nouvelle équipe gouvernementale. Un danger exacerbé par le fait que la situation n'est d'ores et déjà pas mirobolante. Tant du côté des ménages que des entreprises.
La consommation qui constitue la clef de voûte de la croissance hexagonale pourrait répondre aux abonnés absents. « L'INSEE a publié l'évolution du pouvoir d'achat par unité de consommation, la mesure la plus fine de l'évolution du pouvoir d'achat. Elle est en inflexion. C'est rare. Et depuis 2008, nous sommes sur un plateau. On ne note aucune accélération. Compte tenu de ce que l'on observe sur le marché du travail, cette dynamique sera complexe à inverser,» analyse Philippe Waechter, le Directeur des Etudes Economiques de Natixis AM.
Le pouvoir d'achat des ménages est en berne et du côté des entreprises, la situation n'est pas plus florissante. « Quand on prend les entreprises non financières, incluant les PME, les petites entreprises, les entreprises individuelles, on s'aperçoit que leur taux de marge a spectaculairement chuté, » poursuit Philippe Waechter.
Philippe Waechter ne cache pas son inquiétude : « Le gouvernement nous suggère très clairement que les Français vont prendre le même pas que d'autres, notamment les Italiens, en réduisant très vite les déficits. Cela aura forcément un impact sur l'activité, parce que les périodes d'austérité en faible croissance mènent souvent à la récession. » Mais dans le même temps, comme le rappelle Bruno Cavalier « le respect des objectifs budgétaires est nécessaire pour assurer la crédibilité vis-à-vis des partenaires européens et des créanciers. » Et l'économiste d'Oddo Securities de dénoncer une tranquillité en trompe l'œil sur la dette française, car « si les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas », il est bon de garder à l'esprit que « l'impôt sur le revenu ne couvre plus le service de la dette publique. »
A n'en pas douter, les prochains mois seront décisifs pour l'économie française et subséquemment pour la zone euro. Une récession prononcée en France (même en postulant qu'elle ne remette pas immédiatement en cause la relative bienveillance dont jouit la dette française sur les marchés obligataires) pourrait à tout le moins aggraver le marasme de nos voisins et replonger la zone euro dans les affres de la crise. Un scénario dont, on s'en doute, les investisseurs se passeraient bien.
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