Philippe Taboret : L'annonce de la FED fait partie des secousses qui se répercutent sur les marchés. La dégradation de la note de la France par l'agence Fitch en est une autre. Certaines banques ont légèrement remonté leurs taux d'emprunt immobiliers. Il s'agissait des mieux-disantes qui n'ont fait que rejoindre la concurrence. Une remontée brutale des taux n'est pas à craindre, mais ce qui est sûr, c'est que la courbe des taux de crédit immobilier s'est inversée. Après plus d'un an de baisse ininterrompue, les taux des prêts immobiliers remontent.
Quand on connaît la rapidité des banques à ajuster leurs taux d'intérêt d'emprunt immobilier et la lenteur des vendeurs à ajuster leurs prix, le marché immobilier passerait un mauvais moment. Mais compte tenu que le seuil de solvabilité des ménages moyens est atteint, l'offre doit s'adapter à la demande, donc les prix immobiliers doivent s'ajuster à l'évolution des taux d'emprunts. Si les taux montent, les prix immobiliers devront tôt ou tard baisser.
Si les taux des prêts immobiliers prenaient 100 points de base (passant de 2,95 % à 3,95 %), il faudrait que les prix diminuent de - 8,49 % pour que l'acquéreur puisse acheter le même bien avec un remboursement de 1000 €/mois sur 20 ans.
Si on prend une hausse légère des taux, de l'ordre de 0,25 %, pour que les acquéreurs puissent réaliser leurs projets, il faudrait une baisse des prix de 2,22 %, toujours pour 1000 €/mois sur 20 ans.
On est à un moment charnière, les taux n'ont pas encore remonté et les prix immobiliers baissent. Mais comme dit précédemment, cette situation pour les taux n'est pas figée dans le marbre. La moindre tension peut les faire repartir à la hausse. Aujourd'hui, pour un achat immobilier, l'attentisme risque d'avoir un prix. Si les acquéreurs ne profitent pas de cette situation, c'est parce qu'ils n'ont pas confiance en l'avenir : crise économique, perte de pouvoir d'achat, chômage... ont ruiné leur moral. De plus, les décisions prises par le gouvernement n'incitent pas à retrouver l'optimisme, la multiplication des annonces fait perdre beaucoup de visibilité et d'efficacité aux réformes.
Un des maillons de la chaîne du logement se casse et c'est toute la machine qui coince. Les primo-accédants qui étaient aidés jusqu'en 2011 ont presque totalement disparu du marché. Vous retirez 150.000 opérations dans l'année, passant de 800.000 à 650.000, et c'est tout le marché de l'immobilier qui est en berne. Les professionnels du neuf et de l'ancien réduisent la voilure voire licencient et l'état souffre d'une diminution des recettes fiscales. Il faut impérativement et rapidement remettre en place une aide aux primo-accédants les plus fragiles pour fluidifier le marché immobilier.
Depuis le début de l'année, Cafpi enregistre un nombre record de demandes pour le financement de l'accession à la propriété : + 40 % par rapport au 1er semestre 2012. Étant donné qu'il faut 3 à 6 mois pour que les opérations se signent, nous sommes déjà certains que le deuxième semestre sera bon en volume de signatures et que 2013 sera meilleur que 2012. Il faut maintenant espérer qu'un nouveau problème économique ou social ne vienne pas freiner ce retour relatif de la demande au 2e semestre.
Il est sûr que si les transactions reprennent, grâce à un retour de la demande, la correction des prix immobiliers sera moins forte dans les zones tendues, les grandes villes et surtout Paris, mais partout ailleurs les prix continueront de baisser pour s'ajuster à la solvabilité des acheteurs.
Il nous manque les conditions exactes d'application de cette réforme pour en connaître l'impact. Mais il est évident que cela remettra sur le marché des biens, agrandissant l'offre, et incitera le retour des investisseurs, élargissant la demande. Cela devrait donc donner un nouveau souffle aux transactions...
La France est déjà la championne des prélèvements sur l'achat immobilier, cette mesure va bloquer un marché déjà atone. Les départements perçoivent moins de droits du fait d'un nombre peu important de transactions. Plus d'impôts entraineront forcément encore moins de transactions ! Dans ce cas, pas sûr que les départements s'y retrouvent financièrement. C'est à l'Etat de faire des économies pour financer les aides...
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