Le PEA-PME plutôt une bonne nouvelle
Le PEA-PME est dans les tuyaux comme l'a confié début juillet le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici. A quoi peuvent s'attendre épargnants et entreprises ? Damien Rahier, Directeur Général de Portzamparc, nous répond.
Damien Rahier : Il faut bien sûr attendre les détails définitifs du dispositif PEA-PME pour pouvoir répondre précisément à cette question. Mais clairement cette nouvelle source de financement serait destinée a minima aux entreprises cotées, dont la capitalisation boursière est inférieure à 1 Md d'euros. Cette barrière correspond précisément à celle retenue par Enternext (la nouvelle plate forme d'Euronext dédiée aux PME/ETI), et aux allègements de certaines contraintes réglementaires pour les PME et ETI cotées. Nous sommes pour notre part très demandeurs à ce que les obligations pour les PME et ETI soient également éligibles à ce PEA, car c'est également le moyen pour des PME ETI qui ne souhaitent pas aller en Bourse (et elles constituent la majorité) de trouver un moyen de financement alternatif.
Avec ce montant, plusieurs études estiment que l'impact global sur l'économie serait compris entre 2 et 4 Md Euros. C'est déjà un chiffre suffisamment significatif pour constituer une première étape concrète.
Oui bien sûr. Nous avons pu constater au travers des réactions de nos clients privés, à quel point la fiscalité devient un sujet critique. Avec de la pédagogie, des outils et du conseil, on peut prouver à nos clients que la rémunération de leur épargne peut être dopée dans des produits présentant un niveau de risque légèrement supérieurs dans un cadre fiscal incitatif. Et ces produits sont simples : financer les entreprises de nos régions, qui créeront les emplois de demain, et permettront ainsi une meilleure santé économique de notre pays.
Beaucoup d'entreprises déjà cotées déplorent le manque d'investisseurs, qu'ils soient institutionnels ou particuliers. La collecte de nouveaux fonds donnera un appel d'air indéniable. Je ne suis pas sûr pour autant que ce sera le seul critère retenu par une entreprise pour aller en Bourse, mais il fera partie de la réflexion.
Le financement des PME et ETI est une question perpétuelle. Elle est rendue encore plus importante par la directive européenne Bâle 3 qui impacte les banques et rend plus contraignantes les conditions d'accès au crédit bancaire pour les entreprises, notamment de petite taille. Plusieurs fonds, abondés par la CDC, des compagnies d'assurance, et de mutuelles retraite ont vu le jour ces derniers mois. Ces fonds permettent aux entreprises de diversifier leurs sources de financement. Il est logique que les particuliers aient également accès à cette possibilité de doper les conditions de rémunération de leur épargne. C'est tout l'intérêt de ce PEA-PME : permettre aux particuliers de financer les PME/ETI, donc les emplois de demain, dont notre économie a particulièrement besoin. Autrement dit, ce PEA-PME permettra aux particuliers de faire une sorte «d'éco-geste citoyen », en investissant dans les entreprises et les emplois de proximité, plutôt que dans des produits financiers complexes, aux conséquences hasardeuses (on a pu en voir les dérives maximales durant ces dernières années). Ainsi la création de ce PEA-PME permettra à la fois de soutenir l'économie française, grâce à la création d'emploi dont tout le monde s'accorde (enfin) à dire qu'ils viendront du monde de l'entreprise et doper la rémunération de l'épargne des particuliers
Ce n'est peut-être pas suffisant, mais c'est nécessaire ! Prendre du risque doit être rémunéré à sa juste valeur. Et lorsqu'il s'agit du financement des PME/ETI qui sont quasiment les seules entreprises à créer des emplois en France, c'est presque faire œuvre d'utilité publique !
Il est certain que le livret A, dont la rémunération reste anormalement élevée (au regard du risque pris), n'aide pas les Français à prendre des risques. C'est presque une révolution culturelle qui doit s'opérer dans la tête des Français, qui doivent se réconcilier avec le terme « finance » qui a été si souvent décrié, honni à tort. Certes, des dérives et des excès insupportables ont mené l'économie mondiale en mauvaise posture. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Cela passe par une meilleure formation économique dans les lycées, les écoles, les facultés, et mieux encore dans les médias généralistes, qui ont aussi leur rôle à jouer auprès du grand public.
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