Les géants de la gestion : Julien Lepage (Amiral Gestion)

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Tous les mois Vincent Bezault, le rédacteur en chef de Sicavonline brosse le portrait d'un gérant star. Il a 44 ans. Son nom : Julien Le page, il gère Sextant PEA chez Amiral Gestion.
Et a priori, rien ne prédisposait ce dernier à devenir un financier et un des tout bons de la place de Paris.

En tout cas pas son milieu familial. Ses parents se déclaraient tous les deux communistes et ont vendu l'humanité dans les années 1970. Donc, ce n'est pas à la maison que le petit Julien s'est initié aux joies de la bourse.

Tout a commencé en fait lorsque son prof de maths de première a fait participer sa classe à un concours boursier sur minitel.
Il s'est trouvé que la classe de Julien Lepage a remporté le concours, et ce dernier qui avait déjà le goût du jeu - il est un excellent joueur de bridge - s'est dit que c'était une façon assez séduisante de gagner de l'argent.

Au grand dam de sa famille donc, il a continué à lire religieusement la presse financière.

Et en 1987, il décide de se lancer pour de vrai et d'investir en bourse les émoluments de son premier job d'étu-diant avec des idées de fortune plein la tête.

Et ce fut une success story ?

Vous connaissez le dicton : les vieux boursiers gagnent de l'argent avec leur expérience, les jeunes de l'expérience avec leur argent. Un proverbe qui a en la circonstance prouvé une fois de plus sa justesse.

Notre ami Julien décide non pas d'élaborer un semblant de portefeuille afin de diversifier ses risques, ça aurait été superflu, mais de tout de miser sur le rouge comme au casino, et en l'espèce il investit la totalité des fruits de son labeur estival, soit 4500 francs, dans Michelin.

Et c'est là bien sûr que survient le krach de 1987. Julien Lepage est évidemment complètement ratiboisé mais il est fasciné par la brutalité de l'événement et le frisson qu'il lui a procuré. C'est dit, la bourse sera son métier.

Et donc il va tout faire pour devenir gérant...

Il voulait travailler en tout cas dans le domaine des Actions.

Après un IUT de gestion à Paris, il intègre l'ESC Bordeaux où il monte le club d'investissement et le club de bridge.

Et puis pour payer ses études, il décroche un poste de pigiste sur un site Minitel de l'Expansion où il répond aux questions des investisseurs particuliers qui s'interrogent sur l'opportunité d'investir dans telle ou telle valeur.

Comme il ne connait finalement que peu la cote, il s'appuie sur les articles de la presse financière. Mais cela ne suffisant pas, il se met à l'Analyse technique, un moyen bien pratique d'avoir toujours quelque chose à dire.

Le temps passe. Tout en continuant à conseiller les particuliers, il achève ses études, devient analyste taux et change au Crédit du Nord puis intègre le bureau d'analyse Gilbert Dupont spécialisé dans les petites et moyennes valeurs, et en 1997 il rejoint Exane en qualité de Vendeur Actions sur les grandes capitalisations.

Il n'est toujours pas gérant ?

Non mais c'est à cette époque qu'il arrête son hobby de pigiste et l'analyse technique, parce que selon, Julien Lepage « s'il y avait une martingale avec l'analyse technique, ça se saurait. »

En tout cas, sous la tutelle de son patron et mentor François Badelon il se forme vraiment à l'analyse fonda-mentale.

Il va devenir gérant quand François Badelon quitte Exane, fonde Amiral Gestion et l'invite à le rejoindre en 2004.

Il a enfin l'impression d'atteindre le graal car si le bon côté du métier de vendeur Actions était de dénicher des idées d'investissement, les vendre aux clients se rapprochait à ses yeux davantage du marketing qu'autre chose, puisque la finalité était de développer coûte que coûte le courtage de la maison qui l'employait. Il avait envie de goûter sa propre cuisine et de retourner sur les petites et moyennes valeurs.

Et il s'est révélé un bon gérant ?

Un très, très bon. Certes, la gestion chez Amiral est une affaire collective, mais Julien Lepage est depuis quelques années le leader de l'équipe de gestion de Sextant PEA et les résultats de ce fonds sont éloquents.

Entre sa date de création en 2002 et le 31 décembre 2014, Sextant PEA totalise plus de 500 % de gains contre seulement 61 % de gains pour son indice de référence.

Au cours des trois dernières années, il a généré une performance cumulée de 84,6 %, soit une performance annualisée de 22,7 % ! Excusez du peu.

La recette, c'est quoi ?

Une excellente connaissance de sociétés qui ne sont pas toujours très suivies, et une approche aussi business que financière, d'ailleurs Julien Lepage le dit «  on achète davantage des entreprises que des Actions .» Une philosophie payante.

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