Pour Rachid Medjaoui, directeur adjoint de la gestion de LBPGP, les investisseurs doivent garder à l'œil trois risques majeurs.
On entend beaucoup dire en ce moment que 2015 sera l'année des Actions européennes. Cependant n'est-ce pas aller trop vite en besogne. On a certes un alignement des planètes plutôt favorable : QE de la BCE, baisse très sensible des cours du pétrole qui redonne du pouvoir d'achat aux consommateurs et enfin baisse de l'euro (grâce tout d'abord à la perspective du QE et désormais avec sa matérialisation) qui redonne de la compétitivité aux entreprises européennes. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes ; oui, mais quand on fait un QE, on crée des déséquilibres sur des marchés extérieurs notamment aux Etats-Unis où l'appréciation du dollar est plutôt mal vécue – la direction de Procter & Gamble a déclaré que c'était le choc de devise le plus important que le groupe ait expérimenté. Du coup peut-on redouter que la FED réplique à la BCE et annihile les effets attendus de son QE ?
Rachid Medjaoui, directeur adjoint de la gestion de La Banque Postale Gestion Privée : Oui. Le marché des changes sera le marché leader. Il donnera le ton et fera caisse de résonance de tous les facteurs qui vont influencer les marchés financiers en 2015.
Cela étant dit, je pense que les Américains ont compris qu'il était nécessaire d'avoir ce rééquilibrage.
Entre voir une zone euro partir définitivement en déflation ou accepter une revalorisation du dollar afin de redonner un peu d'oxygène à cette économie qui était en train de sombrer, ils ont clairement choisi de laisser faire [sur les devises].
Les Américains sont prêts au compromis. D'ordinaire, ils ont tendance à dire pour reprendre la célèbre phrase, « le dollar c'est notre devise, votre problème. » En la circonstance, ils ont compris qu'ils n'avaient pas intérêt à laisser la zone euro sombrer.
Ils acceptent donc cette évolution pour le moment, même si cela fait mal à certaines entreprises.
N'oublions pas que l'économie américaine semble un peu plus robuste et que 70 % de la cote américaine sont plutôt sensibles à des facteurs domestiques, or ces facteurs domestiques sont aujourd'hui éminemment positifs, comme vous l'avez souligné : baisse du baril en tête.
Je vais être un peu provocateur, j'espère que nous aurons une remontée des taux. Nous avons passé toute l'année 2014 à débattre entre experts sur la possibilité que la FED remonte les taux trop fortement, provoquant de la sorte un krach obligataire et faisant baisser par ricochets les marchés Actions.
Aujourd'hui le débat est en train de se déplacer. On se demande si la FED finalement ne va pas renoncer à augmenter ses taux d'intérêt. J'espère pour ma part qu'elle le fera, car ce serait un bon signe.
Bien entendu, je me range à l'idée qu'elle doit le faire de manière graduelle, ce qui est mon scénario depuis très longtemps, parce que si elle ne le fait pas et si, comme on l'entend, elle part dans un QE 4 [Quantitative Easing 4], cela signifierait que l'économie américaine est en risque. Or, n'oublions pas que la zone euro n'a aucune chance de se redresser si la première économie du monde a un raté.
Effectivement, c'est le changement par rapport à 2014. Il ne faut plus craindre le fait que les Etats-Unis remontent leur taux mais qu'ils ne remontent pas leur taux.
Absolument et c'est au demeurant le sens de l'histoire. Les Chinois nous ont effectivement annoncé depuis pratiquement cinq ans maintenant qu'ils souhaitaient passer à un modèle de croissance plus faible, mais de meilleure qualité et surtout plus rentable, fondé non plus une politique mercantiliste consistant à inonder le monde de produits manufacturés à un modèle de croissance plus tourné vers la consommation.
Ils doivent changer de modèle mais sans casser le joujou. N'oublions pas qu'ils ont quelques millions de jobs à créer chaque année, même si la pression est moindre puisque la démographie est moins galopante.
Leur ralentissement est piloté car, comme vous l'avez dit, à chaque fois, ils remettent du carburant sous forme de mini-relances budgétaires, d'assouplissement monétaire (d'ailleurs les Chinois vont certainement le faire).
Le risque chinois deviendra important et potentiellement déstabilisateur pour les marchés financiers, si les Chinois craquaient et dépréciaient leur devise.
Si je devais résumer de façon un peu réductrice à un seul indicateur la jauge du risque, ce serait effectivement la devise chinoise : tant qu'elle est stable ou s'apprécie, je pense qu'il faudra être assez positif quant à la maîtrise du ralentissement et à l'idée d'un changement de modèle de croissance qui se passe bien ; en revanche, si la devise chinoise devait déraper en se dépréciant, il s'agirait d'un signal plutôt négatif.
C'est tout à fait juste et la question se pose d'autant plus que ce QE – et c'est l'une des raisons pour lesquelles il se fait – s'effectue dans un contexte désinflationniste voire déflationniste mais en tout cas dans un contexte mondialement désinflationniste. Ce QE est encore plus problématique que le quantitative easing de la Réserve Fédérale ou de la Banque d'Angleterre.
Mais il faut aussi considérer que ce QE de la BCE intervient après un double choc très positif : baisse de l'euro et chute des cours du baril, s'accompagnant de soutiens macro-économiques extrêmement forts
Mais leur impact ne se fera sentir que dans quelques mois…
Le risque est là. Dans la plupart des modèles macro-économiques, on a une sorte d'impact en « J » : la baisse du baril est d'abord un facteur perturbateur pour les marchés financiers – voyez ce qui se passe sur les secteurs liés à l'énergie – ; les bienfaits viennent en général quelques mois ou semestres après.
Néanmoins, on a quelques indications tout de même, auxquelles on ne doit pas forcément ajouter foi à 100 %, mais des indications qui existent cependant, selon lesquelles le QE devrait irriguer l'économie. Je pense notamment aux indications afférentes au crédit –parce que si l'on ne doit retenir qu'un seul indicateur de l'irrigation de l'économie par le QE, ce serait cette variable qu'il faut observer. En l'espèce, si l'on en croit la dernière enquête de la BCE sur le sujet, les conditions du côté de l'offre se desserrent, mais surtout on a des indications d'un redémarrage de la demande notamment dans le Sud de la zone euro.
Absolument.
Continuer à remonter la dose d'investissement en Actions. Profiter de chaque correction – on peut en avoir notamment avec ce nouvel épisode grec pour le dénouement duquel nous ne sommes pas négatifs mais qui peut créer un stress non négligeable.
En somme tirer parti de toute baisse de la bourse pour revenir sur les marchés Actions, en particulier européens. C'est l'année de l'Europe. Toutefois, il demeure beaucoup d'incertitudes, et par conséquent, il faut rester diversifié et, partant, ne pas quitter complètement le marché américain
Ce n'est pas celui où la performance devrait être la plus forte mais il y a l'effet change. Il faut voir les Etats-Unis comme un marché défensif.
C'est un peu trop tôt pour investir dans les émergents. Les matières premières ne sont pas stabilisées. Leur baisse a été une bonne nouvelle mais si leur chute devait se poursuivre, elle deviendrait une mauvaise nouvelle, voilà pourquoi il faut attendre une stabilisation du cours des matières premières pour peut-être revenir sur les émergents.
Donc mon allocation serait : Europe, Etats-Unis et ensuite éventuellement augmenter la part des Emergents si la situation s'y prête.
Au sein de l'Europe, force est de constater que ce sont les secteurs plutôt défensifs qui ont profité de la hausse contrairement aux attentes, car encore une fois, si on nous avait dit qu'on allait avoir un QE aussi fort, on se serait attendu plutôt à des secteurs cycliques. Ce n'est pas le cas, notamment en ce qui concerne le secteur bancaire qui est un peu à la traîne. Mais pour le moment nous continuons à croire que ce sont in fine ces secteurs-là qui vont en bénéficier. Donc à mon sens, il ne faut pas hésiter à augmenter la part accordé à ces secteurs, qui sont des secteurs cycliques, bancaires, à chaque fois que nous aurons des corrections de marché.
Tout dépend du besoin de performance du client, mais mettre entre 55 % et 60 % d'actions me paraît raisonnable. En tout cas, attention à ne pas quitter totalement les obligations. Les obligations souveraines des pays du Sud, de même que les obligations privées, vont profiter de ces achats d'actifs de la BCE. Il n'est donc pas encore temps de basculer complètement vers les Actions.
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