Dans leur dernière étude, Carlos Casanova, Le Xia et Romina Ferreira* analysent l’impact des fluctuations de la demande chinoise sur les économies d’Amérique latine.
Le volume d'échanges commerciaux bilatéraux entre la Chine et l'Amérique latine a progressé assez rapidement au cours de la dernière décennie. Dans cette étude, nous avons développé un « indice de dépendance aux exportations » afin d'identifier les secteurs et les pays d'Amérique latine les plus sensibles aux fluctuations de la demande chinoise.
Selon nos estimations, la dépendance à la Chine a significativement augmenté pour tous les pays et secteurs d'Amérique latine entre 2008 et 2014. Mais les niveaux de dépendance absolue les plus élevés ont été relevés au Costa Rica, en Colombie, en Uruguay, au Venezuela, au Brésil, au Panama, au Pérou, en Guyane et en Argentine. Parmi les pays d'Amérique latine, les exportateurs vers la Chine les plus importants sont le Brésil, l'Argentine, le Chili, le Pérou, la Colombie et le Venezuela, avec une concentration sectorielle autour de la production de seulement quatre types de matières premières : le soja, sous forme de graines et d'huile ; le pétrole brut ; le cuivre sous forme de minerai et de cathodes ; le minerai de fer. Ces quatre matières premières représentent 80% du total des exportations vers la Chine.
La croissance de l'économie chinoise a connu un rythme de 8,8% par an entre 2008 et 2014, soutenu par la croissance de l'investissement et un taux d'urbanisation élevé. L'intensification des relations économiques entre la Chine et l'Amérique latine s'explique par la demande en ressources de plus en plus forte de la Chine, qui pousse le pays à explorer de nouveaux territoires. Ainsi, le commerce bilatéral entre la Chine et l'Amérique latine a cru au rythme de 23% pendant cette période et il représente aujourd'hui 260 milliards de dollars US. En détail et dans leur nature, les flux commerciaux reste déséquilibrés (voir graphes 1 à 5).
Premièrement, l'Amérique latine présente une balance commerciale déficitaire vis-à-vis de la Chine, de l'ordre de 8 milliards de dollars US, soit 1% de son PIB. De plus, les flux commerciaux restent déséquilibrés dans la mesure où la région exporte des matières premières vers la Chine et importe en retour des produits manufacturés. Cet aspect s'explique naturellement par les avantages comparatifs distincts des deux zones économiques : les pays d'Amérique latine bénéficient de sols riches en ressources naturelles, réunissant 45% du total mondial des réserves de cuivre, 44,3% du total des réserves d'argent, 21% du total des réserves de fer, 19,8% des réserves de pétrole brut et 17,8% des réserves d'or. De plus, l'Amérique latine possède 46% des ressources renouvelables en eau, 25% des terres arables et les plus grandes réserves forestières au monde. Cette importante dotation lui offre un avantage comparatif en matière d'exportations agricoles. Sans surprise, l'Amérique latine assure 56% de la production mondiale des graines de soja et 30% de la production mondiale de poulet (Manzano, 2015).
La région bat donc la Chine sur de nombreux fronts des ressources naturelles. En revanche, la Chine bénéficie d'une main d'œuvre abondante, dopant une population active quatre fois plus importante qu'en Amérique latine, et donc de coûts du travail plus faibles. Les salaires réels minimums en Amérique latine s'établissent à 262,2 dollars US par mois selon les données de l'Organisation mondiale du travail (Marinakis, 2014), soit plus du double de ceux en Chine, qui s'élèvent à seulement 116,3 dollars US par mois (Zito, Yao and Chen, 2013).
Le déséquilibre des flux commerciaux entre l'Amérique latine et la Chine a pu jouer un rôle central dans le soutien aux pays latino-américains pendant la crise financière. Ces derniers ont été relativement épargnés, grâce à leurs exportations et à l'amélioration des termes des échanges commerciaux (Garcia-Herrero and Fung, 2012). Toutefois, ces facteurs de soutien sont certainement en train de se retourner contre les pays d'Amérique latine : l'économie chinoise a commencé à montrer des signes de ralentissement, qui touche fortement les secteurs traditionnellement liés aux investissements dans les actifs immobilisés. Le ralentissement de la demande chinoise en ressources naturelles met sous pression les prix des matières premières à l'échelle globale, en conséquence les économies d'Amérique latine sont assez exposées aux chocs exogènes (Gallagher & Porzecanski, 2010; Farooki & Kaplinsky, 2012). Dans cette étude, nous tentons de quantifier le degré d'exposition des principaux secteurs d'activité latino-américains à l'évolution de la demande chinoise.
*Carlos Casanova, Le Xia et Romina Ferreira sont membres du Département de Recherche Economique chez BBVA Research
L'intégralité de l'étude via le lien suivant :
https://www.bbvaresearch.com/en/publicaciones/measuring-latin-americas-export-dependency-on-china/
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