De la propriété intellectuelle aux déchets dangereux

Suivre @sicavonline

Publier sur Twitter

Partager sur Facebook

Imprimer cet article

Envoyer cet article

Des ordinateurs aux équipements de télécommunication en passant par les semi-conducteurs, le secteur de la technologie est varié. Dans son ensemble, il est pourtant exposé aux mêmes évolutions. Le secteur, à l'instar du secteur informatique entier, a en effet été fortement secoué au cours des cinq dernières années. La période sombre du début des années 2000 a laissé place à une reprise de la croissance en 2003, certes à un rythme plus lent. Cette reprise n'aurait pas été possible sans la restructuration généralisée et la consolidation complète au sein du secteur. Dès lors, le secteur de la technologie offre une image différente de ce qu'elle était à la fin des années 90, à la fois dans ses structures, dans son mode de fonctionnement et a fortiori au niveau des moteurs de sa croissance à long terme.

Des restructurations qui changent la donne

Les restructurations de grande envergure ont résolument séparé les entreprises en plusieurs catégories : les sociétés brandissant leur marque (ex. Nokia, Hewlett & Packard) qui sont responsables de l'ingénierie et du design des produits, et les entreprises offrant leurs services dans le processus de production et de distribution (ex. Flextronics, Solectron). Ces spécialisations ont désintégré la chaîne de valeur, jadis cantonnée à une seule société, et ont engendré des relations complexes entre les différents acteurs du secteur. Dans ce contexte de restructuration, quelques thèmes de RSE sont devenus plus importants :

• La réactivité au changement et la gestion du personnel : ces enjeux de la responsabilité sociale des entreprises sont d'autant plus importants que les entreprises du secteur s'adaptent continuellement aux avancées technologiques.
• La gestion de la relation avec les sous-traitants : l'interdépendance des activités des sociétés exige de bonnes relations opérationnelles entre les différentes parties d'un contrat de sous-traitance. Ces relations présentent d'autant plus de défis que les sous-traitants peuvent être concentrés dans des zones géographiques à moindre coût de la main d'oeuvre, comme en Asie où les législations environnementales et sociales sont plus faibles.

Un marché très concurrentiel

Même si le secteur commercialise des produits très différents, les entreprises n'en restent pas moins constamment en concurrence les unes par rapport aux autres, en termes de produits, de processus de production, de prix, etc. Dans ce contexte, les pratiques anti-concurrentielles sont fréquentes et ne sont pas sans conséquences. Nous en avons un exemple retentissant en ce moment : l'industrie des semi-conducteurs est actuellement secouée par un délit de fixation illégale des prix. A ce jour, les actions légales ont entraîné un montant global de plus de $ 700 millions d'amendes à l'égard des sociétés en cause. Par ailleurs, de nombreuses allégations en matière de propriété intellectuelle caractérisent le secteur. Ces conflits légaux sont d'autant plus stratégiques qu'ils concernent des produits souvent innovants et conditionnent de nouveaux standards technologiques. Ainsi, le thème des pratiques anti-concurrentielles a également été retenu comme important dans l'analyse RSE des entreprises du secteur, dans la mesure où la fréquence des incidents et l'impact financier sont significatifs.

Des préoccupations environnementales et de santé contraignantes

Relativement peu réglementé, le secteur de la technologie fait depuis quelques années l'objet d'une attention particulière de la part des régulateurs sur les questions de l'environnement et de santé publique. Trois constats simultanés sont à l'origine de ce mouvement. Tout d'abord, force est de reconnaître la croissance effrénée du marché des équipements électriques et électroniques amorcée il y a une quarantaine d'années. Ensuite, la durée de vie de la plupart des produits est courte d'où un taux de remplacement important. Pour preuve, le nombre d'ordinateurs obsolètes a été estimé à 254 millions de 1997 à 2003 aux Etats-Unis. Les projections révèlent que 250 millions supplémentaires seront obsolètes entre 2004 et 2007. Le troisième constat fait état des risques pour la santé de certaines substances communément contenues dans un produit électronique standard. Au total, il est actuellement estimé que le taux de déchets de produits électroniques comprenant des substances toxiques augmente trois fois plus rapidement que les déchets ménagers traditionnels. Dès 2003, deux directives ont été adoptées par l'Union Européenne. La première concerne la gestion des déchets d'équipements électriques et électroniques (WEEE) et la seconde concerne la limitation de substances toxiques dans les équipements électriques et électroniques (RoHS). L'entrée en vigueur de ces directives est imminente en Europe : concernant la gestion des déchets et le recyclage des équipements, tous les pays membres devraient être aux normes en 2007. Et concernant les substances toxiques, la directive RoHS prévoit d'interdire, avec des exceptions limitées, l'utilisation du plomb, mercure, cadmium, chrome hexavalent, polybromobiphényles, polybromodiphényléthers dans les équipements électriques et électroniques dès le 1er juillet 2006. Mais ce débat ne s'arrête pas aux frontières de l'Europe : des projets de lois similaires se discutent également en Asie et aux Etats-Unis. L'enjeu commercial est de taille puisque certains Etude de secteur distributeurs, chinois notamment, risquent d'être exclus du marché européen si leurs produits ne satisfont pas aux nouvelles normes. Les implications de ces décisions sont bien évidemment significatives pour les entreprises, d'où l'importance des thèmes suivants dans l'analyse RSE des sociétés du secteur :

• le traitement des déchets et le recyclage des produits
• les matières premières et leurs déchets
• les pratiques environnementales des fournisseurs

Une autre préoccupation environnementale touche à la réduction de la consommation d'énergie des équipements électroniques et électriques. Cette préoccupation n'est pas nouvelle, mais reste importante pour les clients, la société civile et les entreprises elle-mêmes. En effet, il est aujourd'hui estimé que le coût de la consommation d'énergie rajoute en moyenne 50 % au prix de vente d'un équipement électronique après trois ans d'utilisation. C'est dire que cet enjeu n'est pas seulement celui des pouvoirs publics soucieux de réduire la facture énergétique, mais il se traduit aussi en un véritable avantage concurrentiel sur le marché. Par exemple, le succès récent de la société AMD face à son puissant concurrent Intel s'explique en grande partie par son avance technologique en matière de microprocesseurs « dual-core », lesquels consomment moins d'énergie tout en étant plus performants. Pour refléter la pertinence de cet enjeu, le thème de l'impact environnemental de l'utilisation des produits est également fortement pondéré dans l'analyse RSE des entreprises du secteur. Le coût de la consommation d'énergie rajoute en moyenne 50 % au prix de vente d'un équipement électronique après trois ans d'utilisation.

Un secteur diversifié mais des enjeux communs de croissance

Au cours de l'analyse RSE de Dexia AM, les différents enjeux sont ponderés en fonction de leur pertinence. Dans le secteur de la technologie, cette analyse valorise particulièrement des enjeux dans le domaine de l'environnement, des relations avec les clients et dans le domaine des salariés, en plus des enjeux liés aux investisseurs dont l'importance est constante d'un secteur à l'autre concernant la question de gouvernance d'entreprise. L'analyse RSE du secteur de la technologie par Dexia AM révèle qu'une quinzaine de thèmes représente environ 80 % de la pertinence en termes de risques et opportunités d'investissement.

Pondérations par domaine d'analyse RSE et enjeux prépondérants

Quelques sociétés européennes du secteur éligibles à la gestion durable de Dexia AM

Concrètement, Nokia est en tête de liste au sein du secteur de la technologie à l'issue de la sélection RSE de Dexia AM. D'un point de vue environnemental, la société publie tous les ans un rapport environnemental témoignant d'une politique efficace et globale des enjeux pertinents dans ce domaine. En particulier, Nokia déclare, pour tous ses produits, la consommation d'énergie, les matériaux utilisés, les mesures de recyclage et de désassemblage. Par ailleurs, Nokia est pleinement consciente des impacts de RSE au niveau de ses fournisseurs. De ce fait, un système complet de suivi est en place, afin notamment de contrôler l'utilisation de certaines substances dans les produits. Ce système couvre également les pratiques sociales chez les fournisseurs (temps de travail, rémunération, travail des enfants...). En cas de mauvaise pratique, des actions correctrices sont mises en oeuvre. En matière de politique sociale, l'entreprise est une référence internationale, en particulier concernant la promotion de la diversité et de la syndicalisation. Egalement classée « leader » dans ce secteur d'un point de vue de la RSE, ST Microelectronics a été l'une des premières sociétés à limiter l'utilisation de substances dangereuses dans ses produits et bénéficie de ce fait d'un avantage concurrentiel. Autres points forts : des produits innovants, en particulier concernant la consommation d'énergie ; une gestion des ressources humaines répondant aux enjeux du secteur. Parmi les sociétés classées « best-in-class » par les analystes RSE, ASML se distingue par sa gestion minutieuse de la performance environnementale de ses fournisseurs. Sur les questions sociales, la société offre un cursus de formations et une gestion des carrières développés à l'attention de tous ses salariés. Par ailleurs, ASML a mis en place un système innovant de gestion du temps de travail visant à obtenir une meilleure adéquation de la production en fonction de la demande du marché.

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.