Le marché de la photographie est au beau fixe, selon une étude récente d'Art Market Insight, agence d'Artprice.com. Ainsi, les prix grimpent encore de 30% sur les douze derniers mois (+207% en dix ans) et les records se multiplient, à la fois pour les clichés modernes et actuels, selon l'agence.
Le marché de la photographie moderne est essentiellement anglo-saxon, les oeuvres majeures étant dispersées chez Sotheby's et Christie's à Londres et à New-York. Les Etats-Unis concentrent 79% du produit des ventes de photo modernes et les plus belles enchères sont atteintes par des artistes américains de naissance ou ayant émigré aux Etats-Unis, explique Art Market Insight.
Lors des dernières vacations de Sotheby's New York le 14 février 2006, le secteur de la photo moderne a atteint des sommets. L'artiste le mieux coté de cette période est Edward Steichen (1879-1973), dont les oeuvres dispersées en 2005 avaient généré un chiffre d'affaire de plus de 900.000 euros, rappelle l'agence. En 2006, sa cote explose, établissant un record hors norme le 14 février chez Sotheby's New York, lors d'une importante vente de photos provenant du Metropolitan Museum of art de New York. Son cliché "The Pond, Moonlight" de 1904, estimé entre 700.000 et 1.000.000$, a atteint 2.600.000$. En une décennie, la valeur d'investissement de Steichen a largement quintuplé : 100 euros investis en 1997 dans l'une des ses oeuvres valent aujourd'hui 540 euros en moyenne, estime l'agence.
Illustrant le dynamisme du marché anglo-saxon, cette même vente signa deux autres records pour deux épreuves d'Alfred Stieglitz. Datées de 1919, elles explosèrent leur estimation : annoncées chacune entre 300.000 et 500.000$, "Georgia O'Keeffe (hands)" et "Georgia O'Keffe (nude)" furent respectivement adjugées 1,3 M$ et 1,2 M$. Les experts de l'artiste estiment que la série d'épreuves de Georgia, qui sera l'épouse de Stieglitz, est la plus aboutie de sa carrière, à l'instar de la série intitulée "Equivalents (prises de vue de ciels nuageux)", explique Art Market Insight.
Le troisième photographe moderne a avoir signé un récent record est l'américain Edward Weston (1886-1958). L'adjudication à 720.000$ remonte a octobre 2005, toujours chez Sotheby's New York (la maison de vente a enregistré 8 des 10 meilleures adjudications 2005-2006 pour des photographies). Le cliché, titré "The Breast" et daté de 1923, représente des jeux ondulants de lumière sur un buste de femme, détaille l'agence d'Artprice.
Le marché français n'a pas bénéficié ces derniers mois du prestige d'une provenance telle que celle du Metropolitan Museum of Art, déplore l'agence. Les prix français, chez Piasa, Cornette de Saint-Cyr ou Le Mouel, ne sont pas aussi hauts qu'outre-Atlantique. Les acheteurs français "sont très sélectifs et de nombreux clichés vintages portant de belles signatures telles que celle de Brassaï sont fréquemment ravalés", ajoute Art Market Insight. Le 24 mai dernier, Le Mouel dispersait à Paris une demi-douzaine de clichés de Brassaï.
Les enchères les plus enthousiastes de la création actuelle ont lieu sur le sol américain, où les auctionneers collectionnent les records tels que celui d'Andreas Gursky, artiste contemporain le mieux coté, dont le format monumental (207 x 336 cm) titré "99 Cent" doublait son estimation basse et trouvait preneur pour 2 Millions$ en mai 2006 chez Sotheby's New York. Jusqu'alors le record était détenu par Richard Prince qui signait "Cow-Boy", un immense ektachrome de 1989 (127 x 177,9 cm). Le marteau tomba à 1,1 M$ le 05 novembre 2005 chez Christie's New York, rappelle Artprice.
En France, les clichés phares sont rares, les investisseurs sont plus frileux et aucune enchère millionnaire n'a été signée lors des dernières vacations, contre quatre sur le sol américain, compare Art Market Insight. Les maisons de ventes françaises proposent cependant des artistes qui sont déjà des valeurs sûres, tels que Nan Goldin, Cindy Sherman, Robert Mapplethorpe, Vanessa Beecroft ou Vik Muniz, estime l'agence.
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